7 minutes. A Mänedorf, à Meilen, à Ruschikon, à Horgen, ce même
lac y a été jeté, à plusieurs fois, loin de ses bords.
« Le lac de Constance, près de la ville de Stein, parut aussi s’élever
de plusieurs pieds, et le Rhin, qui en sort près de ee lieu, s’accrut
pour quelques instants.
« Le lac de Wahlstat (Walenstadt), dans le comté de Sargans, fut
aussi élevé pour quelques moments ; le lac parut.agité du sud au nord.
« Les lacs de la Suisse n’ont pas été les seuls à se ressentir de
l’émotion des eaux intérieures par le tremblement de terre du
1er novembre 1755. Près de Salzungen en Thuringe, est un petit lac;
son eau se perdit entièrement par une ouverture qui lui apporte ordinairement
ses eaux. Quelques moments après, elle -revint avec impétuosité,
elle se perdit de nouveau et reparut alternativement à plusieurs
reprises, la violence diminuant chaque fois. On a observé les mômes
agitations dans les eaux de plusieurs lacs des environs de Berlin,
aussi bien que dans celles de divers lacs dans les pays du nord. »
Je trouve ailleurs que, lors du tremblement du 1er novembre 1755,
les lacs de Templin, Netzo, Mahlgau, Roddelin, Lobbe dans le Brandebourg,
le lac de Malchow dans le Mecklembourg et le lac de Stechlin, à
l’ouest de Furstemberg, montrèrent des mouvements inaccoutumés. Q)
Nous venons de voir que l’eau des mers et des lacs peut entrer en
mouvement ; que son niveau s’élève et s’abaisse subitement au
moment du tremblement de terre ; que, pour employer une terminologie
plus précise, il y a dénivellation locale, brusque et subite. Il y a
plus : des observations très authentiques montrent que, sous l’action
du tremblement de terre, l’eau peut entrer en état d’oscillation ; que la
vague la transmet sous la forme d’une ondulation, à travers l’Océan.
Je n’ai qu’à rappeler, pour démontrer ce dire,- les vagues du tremblement
de terre d’Arica (août 1868), qui ont traversé le Pacifique et
sont venues battre les côtes de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, à
110 degrés de distance du Pérou. (2)
Je citerai encore la vague de transmission du tremblement de terre
du 9 mai 1877 qui, partie d’Iquique, au Pérou, est allée ravager les îles
Sandwich (3). Je citerai la phrase suivante d’un rapport de M. Russell,
P) Klüden, Beiträge zur meteorologischen Kentniss der Mark Brandenburg, 1837.
(2) Figuier, Année scientifique, XIV, 353, Paris, 1870.
(3) Nature, XVI, 112,132,174, 567. London, 1877.
de l’observatoire de Sydney : « Les plus petits chocs de tremblement
de terre ressentis en Nouvelle-Zélande sont presque toujours
figurés automatiquement sur les tracés des marégraphes
enregistreurs de Sydney et de Newcastle ('). Jè citerai, enfin, la
vague de Krakatoa qui, après avoir ravagé les côtes du détroit de
la Sondé, a parcouru le Pacifique, l’Océan Indien, et môme l’Atlan-
tique. (2)
Les mêmes mouvements d’oscillation sous l’influence de la secousse
du tremblement de terre ont aussi, parfois, été observés, dans les lacs.
Je renvoie à la description que j’ai citée, d’après Bertrand, du tremblement
de terre du 1er novembre 1755, et de ses effets sur le lac
Léman, à Vevey, sur le lac de Bienne, à Nidau, sur le lac de Zurich et
sur le lac de Salzungen.
Puisque l’eau peut être mise en mouvement subit par le choc du
tremblement de terre, puisque ce mouvement peut se propager à distance
sous la forme d’une vague de transmission, notas avons là, semble
t-il, toutes les conditions voulues pour la production de véritables
seiches dans des bassins fermés. Et, en fait, il me semble, en
relisant les diverses observations que je viens de citer, y découvrir
quelque chose de tout à fait analogue à nos seiches. La description en
est confuse, cela est vrai, mais elle n’est pas plus confuse que ne
l’était l’observation des seiches avant la construction des limnimètres
enregistreurs.
La théorie nous montre donc, comme possible et probable, la production
de seiches par les tremblements de terre, et l’expérience du
passé semble confirmer cette idée.
Mais l’observation directe, si elle n’a pu infirmer cette conclusion,
n’en a pas encore confirmé la justesse. Je suis arrivé à ce résultat
négatif de deux manières :
1° En recherchant si les grandes seiches historiques du Léman, celles
qui ont étonné les riverains par leur grandeur, ont coïncidé avec
des secousses de tremblements de terre connus. Le résultat a été abso-
0 Journal astr. soc. N. S. W. 1876, p. 37, cité dans Nature, XVI, 567,
London, 1877..
0 The- éruption of Krakatoa. Report to the R. Society of London, pa rt III,
p. 89. London, 181®.