On retrouve partout, dans ces observations, des oscillations de la
nappe d’eau plus ou moins régulières, de durée relativement courte,
qui n’ont aucun rapport avec la vague de marée, qui varient pour la
durée, la hauteur et les allures d’un jour à l’autre, et d’une station à
l’autre. Par ces caractères, elles ressemblent d’une manière frappante
à nos vibrations du lac. Elles sont toujours beaucoup plus longues
que ces dernières qui varient, pour leur durée, de ‘ i à 1 ou 2 minutes
; mais, la grandeur du bassin de la mer étant infiniment plus considérable,
je ne vois rien d’étonnant à ce que le même phénomène ait
une amplitude beaucoup plus grande dans la mer que dans notre lac.
Je crois devoir donner encore un exemple de ces vibrations de la
mer ; je reproduis, à la fig. 92, une partie d’un tracé du marégraphe
(JFig. 92.) — Vibrations de la mer. Marégraphe de Malte. Grandeur naturelle, 2cm par heure.
de Malte du 7 juillet 1872, qui montre d’une manière saisissante le
caractère périodique régulier de ces oscillations. L’astronome royal de
Londres, G.-B. Airv, qui me les communiquait, y voyait de véritables
seiches, ou un mouvement de balancement établi entre la côte de
Sicile et l’Afrique ('). Les dimensions ainsi limitées auraient impliqué,
si cela avait été des seiches uninodales ou binodales, Une durée beaucoup
plus considérable que les quelque 20 minutes, durée moyenne
de ces oscillations. En tous cas ce doit être des seiches multinodales,
des vagues d’oscillation fixe à un grand nombre de noeuds.
Provisoirement, et jusqu’à une étude plus complète que je me permets
de recommander aux phvsiciens-ôcéanographes, j’assimilerai les
oscillations que je viens de décrire à nos vibrations du lac, et je les
appellerai, faute de mieux, les v ib r a tio n s de la m e r.
XIII. Lies vagues.
(Vagues proprement dites, vagues d’oscillation progressive.)
Tout ébranlement rapide, porté en un point déterminé sur un liquide
dormant, amène un mouvement local des molécules qui se transforme
en une oscillation. L’oscillation qui, alternativement, relève les molécules
fluides au-dess,us et les abaisse aü-dessous de leur position
d’équilibre en repos, se traduit à la surface par l’ondulation des vagues,
arêtes allongées à crêtes parallèles, séparées par des ravins également
parallèles. Ces crêtes et ravins se déplacent par un mouvement d’ensemble,
dans une direction normale à l’arête des vagues, en s’éloignant
du lieu d’origine de l’impulsion. On les appelle v a g u e s d ’o s c
illa tio n p ro g r e s s iv e , et comme ce sont les seules vagues qui
soient manifestement visibles, les seules qui aient été reconnues par
l’observation populaire, ce sont les v a g u e s p ro p r em e n t d ite s , les
v a g u e s .
J’ai eu rarement l’occasion de m’occuper des vagues, quoiqu’elles
s’offrissent constamment à mon observation ; les problèmes souvent
difficiles qu’elles soulèvent ne se sont pas rencontrés sur ma route,
ou si l’on veut, je les ai trop négligés. Je me bornerai donc à en résumer
rapidement, à ma manière, la théorie, d’après les études les plus
modernes (’), et j’y ajouterai les faits qui concernent spécialement les
(*) Je renverrai le lecteur à la belle étude théorique que le professeur 0 . Krüm-
mel, de Kiel, a donnée dans le I I e volume de l’Oceanographie, (G. von Boguslawski
und 0. Krümmel, Ozeanographie II, 1 sq., Stuttgart 1887). On peut consulter aussi
avec avantage le mémoire intitulé : « Vagues et courants », publié' p a r M. J. Thou-
let dans la Revue maritime et coloniale CXII, 57, sq., Pa ris 1892 ; outre ses études
personnelles, l’océanographe de Nancy" y a traduit et condensé le chapitre de
Krümmel sur le même sujet.