heure. Pendant ce temps l’eau s’âbaissait à Morges, mais de 36mm seulement,
un peu moins de 2mm par heure. La dénivellation est ainsi
beaucoup plus intense, de plus du double, au fond du golfe long et
étroit de Genève, qu’à Morges, où le lac a sa plus grande largeur.
DATE
Heure
Hauteur
du lac
à Morges
PENTE -V- DATE
Heure
Hauteur
du lac
à Morges
PENTE V
1877 m mm m mm
19 déc. 12 1.412 H 9 jjl 20 déc. 8 1.376 — 125 R
13 11 — i l 9 77 — 120
14 08 ^ ¡ 1 9 nil 80 H 1°7
15 06 ;;-3» .23 11 87 — 94
16 04 - 31 1 12 89 — 91
17 03 ... 34 13 88 83
18 - 08 - — =--24 14 88 67
19 06 S#®|23 15 89 ,v -' 58
20 00 -— ;33 16 89 — 53 q H '
21 1.397 — 45 2 17 91 111148
22 1.403 — 46. 18 92 1^—>37
23 1.397 -2"-50 19 91 — 30
20 dée. 0 -95 — 56 3 20 91 — 25 2
1 94 ^ ■ 5 5 21 91 - - 26
2 86 — 69 22 89 — 26
3 83 - 80 23 89 — 24
4 86 — 84 21 déc. 0 89 111123
5 86 — : 87 1 89 25 1
6 83 — 100 2 88 - 26
7 81 tm 116 4 tel 3 88 ^ ■ 2 5
Au moment où la dénivellation est à son maximum, 20 décembre,
à 8 heures, la différence de niveau entre les deux stations est de 125“™.
C’est la plus forte dénivellation que j’aie constatée par des observations
de détail.
A partir du moment du maximum, la dénivellation diminue rapidement
d’intensité, pour arriver le 20 décembre à 20 h., à un état à peu
près stationnaire, où la pente est de — 25™™ seulement. A ce moment,
la bise était retombée à une intensité modérée.
En résumé, d’après toutes ces observations, je constate que les dénivellations
temporaires continues sur le lac Léman ont lieu sous l’influence
des vents; l’eau s’abaisse dans la région d’où vient le vent,
côte sur le vent; elle s’élève dans la région vers laquelle il souffle,
côte sous le vent.
Cette surélévation des eaux vers la rive sous le vent n’est-elle pas
une illusion ? N’est-elle pas une erreur d’observation due aux appareils
limnimélriques ? Cette question peut fort bien se poser. Voici en
effet une remarque qui autorise ce doute.
Lorsque les vagues viennent frapper la rive, elles rejettent sur la
grève des masses d’eau à une assez forte hauteur au-dessus du niveau
moyen du lac, et une bonne partie de cette eau pénètre dans le sable
et s’infiltre jusqu’à la nappe d’eau souterraine. Cette eau relève la
nappe souterraine jusqu’à ce que sa hauteur détermine un courant
assez fort pour rejeter au lac une quantité d’eau égale à celle qui est
rapportée par les vagues. Ce relèvement peut parfois être considérable;
je l’ai vu s’élever, dans quelques cas où j’ai pu le mesurer, jusqu’à
plusieurs centimètres.
Ce relèvement de l’eau dans le sol sableux peut être très facilement
mis en évidence par l’expérience suivante. Par un jour de vagues
venant du large frapper à la côte, creusez dans le sable, à quelques
mètres du lac, un bassin qui atteigne la nappe d’eau, joignez-le au lac
par un siphon de caoutchouc- interrompu sur une partie de son trajet
par un tube de verre; le siphon une fois amorcé montrera uii courant
continu allant de la grève au lac, aussi longtemps que dureront
les vagues. -
Chacun, du reste, a pu observer au bord du lac les petites mares
alimentées par les vagues et dont le niveau reste très supérieur à
celui du laCj tant que les vagues viennent déferler sur la côte.
;Ne pourrait-il pas en être de même dans nos limnographes ? L’eau
ne pourrait-elle pas, par l’action des vagues, être relevée, non seulement
au-dessus de la nappe générale du lac, comme le suppose la
dénivellation générale continue, mais même au-dessus de l’eau libre,
au-devant du puits où flotte le bassin du limnimètre?
Je crois qu’il peut y avoir un effet de ce genre, mais que sa
valeur doit être très faible. La nappe d’eau souterraine, relevée par
les vagues, se déverse dans le puits du limnimètre et y relève un peu
le niveau de l’eau, mais la large ouverture du canal d’alimentation
[établit bientôt l’équilibre. D’un autre côté, cependant, quand les
vagues frappent la grève perpendiculairement au canal, chacun de
leurs , coups refoule dans le puits une masse d’eau qui n’a pas le
temps de ressortir entre deux vagues; l’eau est ainsi accumulée dans
le puits et soulevée un peu au-dessus de la nappe libre à l’extérieur.