5° » Dans la rubrique « état du lac » indiquer brièvement
l’état du temps et celui du lac. Par exemple : « Grand beau...i
couvert pluie brouillard bise sudois grosses
vagues vagues mortes calme, etc. »
6° » Transmettre à la fin du mois le tableau à la Direction
des bateaux à vapeur, qui l’expédiera à l’Institut fédéral de
météorologie à Zurich. »
Si cette méthode avait été suivie avec persévérance pendant quelques
années sur tous les lacs suisses, nous aurions obtenu bientôt une
collection de matériaux utiles qui nous auraient permis de donner des
valeurs approximatives de l’important facteur climatique de la température
pélagique des lacs. Malheureusement, dans cette méthode, on
est obligé de faire appel à trop de bonnes volontés, qui n’y sont pas
toujours assez directement intéressées, et les observations n’ont pas
été continuées pendant une durée suffisamment longue.
Toujours est-il que nous avons obtenu pour le Léman plusieurs
milliers d’observations qui s’étendent sur 23 mois, de mai 1889 à juin
1891, et qui nous fournissent un précieux matériel pour la connaissance
de la température pélagique du lac. Nous reviendrons plus loin
sur d’autres questions qui peuvent être étudiées à l’aide de ces observations
; pour le moment, nous voulons nous en servir pour la détermination
générale de la température pélagique du Léman.
Avant tout nous devons critiquer la méthode, et en préciser la valeur.
Les thermomètres étaient du type du thermomètre de bain, thermomètre
à mercure, divisé en degrés centigrades, enveloppé d’une chemise
en bois. Nous l’avons choisi suffisamment rustique pour résister
aux fatigues d’une campagne prolongée.' Pourquoi ne pas prendre des
instruments plus délicats, divisés, par exemple,. en cinquièmes ou en
dixièmes de degrés ? La réponse à cette question est facile. Nous
n’avons pas voulu attribuer à ces observations une exactitude qu’elles
ne sauraient avoir. Ainsi que nous allons le dire, la température de la
surface varie au même instant d’un point à l’autre, à quelques kilomètres,
souvent à quelques hectomètres de distance, de valeurs
importantes atteignant jusqu’à un ou deux degrés. Cela étant, pourquoi
donner la température à un dixième de degré près, quand l’instrument,
plongé à quelques centaines de mètres plus loin, nous indiquerait
des différences de 1 ou 2 degrés en plus ‘l On peut se demander si
l’agitation de l’eau causée par la marche du bateau ne mélange pas
assez les couches pour que nous obtenions non pas la température
superficielle, mais plutôt celle des couches sous-jacentes ? Nous avons
reconnu, par des études comparatives, que la couche supérieure,
jusqu’à */? à 1™, a sensiblement la même température, que la stratification
thermique y est très faible, que l’erreur de ce fait est sans
importance. Les erreurs d’observation, les erreurs d’instruments, les
erreurs dues à l’équation personnelle de l’opérateur, sont bien plus
fortes que le dixième de degré ; il suffit, pour des observations de ce
genre, de mesurer la température au degré, près. Plusieurs ¿le nos
collaborateurs ont noté la température de l’eau en demis, en quarts, en
dixièmes de degré ; nous en avons tenu compte dans l’établissement
des moyennes.
Grâce au nombre considérable des bateaux naviguant sur le Léman,
alors même que tous les services ne les amenassent pas en plein lac
à l’heure réglementaire de midi, nous avons le plus souvent un nombre
suffisant d’observations, surtout pour les mois d’été, pour que nous
puissions en tirer des moyennes valables.
Comment utiliser ces milliers de lectures (*), de valeur assez inégale,
il faut l’avouer ?
J’aurais pu choisir dans les séries d’observations celles qui me
paraissaient les meilleures et les plus sûres, celles dont les variations
correspondaient le mieux avec les faits météorologiques, celles qui
dénotaient le plus de soin. Mais en agissant ainsi, je n’aurais eu la température
du lac qu’en un point spécial, et j’aurais perdu le bénéfice de
la multiplicité des observations. J’ai préféré supposer que les erreurs
en plus ou en moins s’annuleraient les unes les autres ; j’ai admis pour
bonnes toutes les observations qui nous ont été remises, en n’écartant
que celles qui présentaient des signes évidents d’inexactitude, et j’en
ai pris pour chaque jour la moyenne arithmétique; puis j’ai cherché,
comme pour les séries précédentes, les différences individuelles avec
les observations journalières de Genève, et pour chaque mois j’ai tiré
la moyenne de la variation. Voici les chiffres que j’ai obtenus.
(b Cette série représente 2705 lectures individuelles.