j ’ai supposé que ces seiches de 35™in seraient des seiches partielles
du lac, oscillant dans le bassin du grand lac, dé Villeneuve à Yvoire.
Nous verrons plus loin que cette interprétation était probablement
fausse, et qué ce sont des seiehes binodales du lac dans son ensemble.
(*)
Cette même année 1877, M. Ph. Plantamour, de Genève, a établi
son Homographe de Sécheron, magnifique appareil qui a donné et
donne encore des tracés du plus haut intérêt, et a complété la connaissance
des seiches du lac Léman. Il a fait voir entr’autres qu à
Genève les seiches présentent deux types principaux, les seiches de
73min) seiches uninodales, et les seiches de 35,,UI1, seiches.binodales.
Ce fait important écartait toutes les difficultés suscitées par les observations
insuffisantes de Vaucher, et rendait compte des seiches rapides
deVeytaux; celles-ci ne sont autres que les seiches longitudinales
binodales.
En 1878, j’ai donné une description des allures des seiches; j’ai
constaté qu’elles se développent subitement et forment une série d’oscillations
dont l’intensité est régulièrement décroissante. Puis j’ai re-
■ cherché les causes des seiches, qui sont multiples, et se rattachent
aux différentes perturbations atmosphériques, en particulier au coup
de vent descendant de l’orage local. Je né suis pas arrivé, en revanche,
à fournir la preuve expérimentale de l’origine des seiches
cherchée dans les tremblements de terre.' .
La même année, j’ai construit un limnographe portatif et j’ai commencé
l’étude des seiches dans diverses régions du lac.
En 1879, le grand ouragan du ‘20 février donna à M. Ph. Plantamour
l’occasion d’étudier le développement des seiches énormes causées
par cette perturbation atmosphérique.
En 1879 aussi, M. Ed. Sarasin, de Genève, fit construire un limnographe
portatif très pratique, qu’il a successivement établi à la Tour-
de-Peilz, Chillón, Rolle, et dans diverses stations des environs dé
Genève.
Ses observations de la Tour de Peilz lui ont servi à démontrer le
synchronisme, et la similitude de direction des mouvements des seiches
de 35min à Genève et à l’extrémité orientale du lac. L’eau mon-
C) Cependant cette interprétation a été en partie reprisé par M. P. du Boys, comme
nous le verrons plus loin.
tait simultanément dans les deux stations. C’était la preuve de la nature
binodaie de ces seiches de 35min.
En 1880, les ingénieurs des Ponts et Chaussées français établirent
à Thonon un limnographé qui nous a fait connaître le type des seiches
de cette station.
En 1880 aussi, J.-.L. Soret nous a donné l’explication des courbes
intéressantes données par l’interférencé sur les tracés de Genève des
seiches longitudinales uninodales et binodales, ce que j’ai appelé les
seiehes d ic ro te s .
Signalons encore les études, tout à fait indépendantes, faites en 1885
sur le lac George, province de Murray, Nouvelles Galles du Sud, par
M. H.-C. Russell, directeur de l’observatoire de Sidney. Les faits et lois
que nous étudiions depuis plusieurs années de Ce côté-ci de la tetie,
ont été découverts à nouveau par nos collègues des antipodes, et la
vérification qu’ils èn ont donnée n’a pas été sans nous offrir grand intérêt
et encouragement précieux.
Entre temps, j’étais arrivé, en 1879, à appliquer heureusement la
théorie des seiches à la solution-du p ro b lèm e de l ’E u r ip e . Mon hypothèse,
adoptée par M. le capitaine Mansell, -de la marine anglaise,
l’observateur original et sagace des courants de l’Euripe, combattue
par le capitaine A. Miaulis, de la marine grecque, a reçu, en 1888, la
confirmation très autorisée de M. 0. Krümmel, l’auteur du IIe volume
du Handbuch der Ozeanographie.
En 1886, M. Ed. Sarasin établit son limnographe à Zurich, et étudia
les seiches mal dessinées et peu accentuées de ce lac intéressant.
Le 20 août 1890, des seiches énormes ont eu lieu sur le Léman,
causées par une perturbation atmosphérique extraordinaire à l’époque
du cyclone de la Vallée de Joux. M. Philippe Plantamour et moi-même
les avons étudiées et décrites.
En 1891, je constatai la difficulté d’appliquer la formule des seiches
de Merian aux lacs compliqués; cette formule, excellente pour l’oscillation
de l’eau dans un bassin à fond horizontal, devient insuffisante
quand lé fond est incliné ou accidenté par des irrégularités de la profondeur.
Le secours que je demandais aux mathématiciens m’a été accordé
de la manière la plus excellente par un hydraulicien distingué, M. Paul
du Boys, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées français, à Annecy.
M. du Boys a repris la question ab ovo, est arrivé par d’autres voies