Moyenne des sondages y y o i r e
du 18 août 18-septembre
dans le Haut-lac..
N“ 30à-32 N°34
30m 11.6° 9.8°
40 8.3 7.3
50 6.9 6.1
60 6.4 I 5.9
loi encore il y a inclinaison évidente des plans isothermes qui descendent
notablement plus bas dans le Haut-lac qü’à Yvoire. (*)
Ces trois séries d’observations sont assez conformes pour que nous
soyons autorisés à énoncer comme probable une loi d’après laquelle
les plans isothermes pourraient être inclinés dans le lac ; ils seraient
plus profonds à l’extrémité orientale qu’à l’extrémité occidentale du
Grand-lac, ou mieux dit près des bouches du Rhône que loin de l’entrée
de l’affluent principal du Léman.
Voici comment j’essaie d’expliquer le phénomène (2). Le lac de l’été
est constitué par des couches stratifiées thermiquement, les plus chaudes
surmontant les plus froides.. Si l’eaifétait partout de même nature,
pour qu’il y ait équilibre hydrostatique, la stratification devrait être
uniforme, et les plans isothermes seraient parallèles à la surface du
lac. Mais l’extrémité orientale du Léman reçoit l’apport des eaux glaciaires
du Rhône, eaux chargées d’alluvion, par conséquent relativement
lourdes; une partie des eaux de l’affluent descend dans les
grands fonds du lac, une partie aussi se mélange avec les. eaux lacustres
voisines. Les eaux du Haut-lac sont donc moins pures que celles
des régions du Léman plus distantes du Rhône; elles sont par.conséquent
plus lourdes et l’équilibre hydrostatique serait, de ce fait, détruit,
s’il n’y avait compensation d’autre part. Cette compensation est fournie
par la différence de densité résultant de la température des eaux. Les
eaux chaudes s’accumulent en plus grande épaisseur dans le Haut-
lac ; les couches isothermes y sont plus épaisses, et par conséquent
(!) SiTon m’objectait qu’il s'est écoulé un mois entre les deux sondages d’août
et septembre 1885 et que pendant ce temps le lac a pu se réchauffer, je. répondrai
que la différence étant dans le sens que nous donnent les expériences, si Ton supprimait
ce réchauffement probable, les' différences en seraient accrues d’autant,
(2) Inclinaison des couches isothermes dans les eaux profondes du Léman.
C. R. Acad. Sc. Paris, GII, 712,1886.
une colonne d’eau de même hauteur, indépendamment de sa surcharge
d’alluvion, y . est plus légère qu’à l’autre extrémité du lac. L’eau du
Haut-lac^ plus lourde par le fait de l’alluvion qu’elle porte, plus légère
pat le fait d une température plus élevée, fait équilibre aux eaux plus
pures, mais plus froides du détroit de Promenthoux. L’équilibre hydrostatique
est ainsi rétabli. •
Si des recherches ultérieures confirmaient la réalité des faits que j ’ai
cru constater en 1885, ce serait dans un tel ordre de considérations
qu’il faudrait en chercher l’explication.
IL VARIATION CYCLIQUE
Les variations cycliques du climat par lesquelles, pendant une série
d’années, la région de la terre que nous considérons reçoit plus ou
moins de chaleur que la normale, jçes variations cycliques, qui sont si
difficiles à mettre en évidence dans l’atmosphère où elles sont voilées
par la complication extrême des diverses périodicités et des cas accidentels,
apparaissent beaucoup plus simplement dans la thermique des
lacs où les effets s’additionnent et s’emmagasinent à longue échéance.
Nous les constaterons plus loin, quand nous étudierons le bilan thermique
du lac. Pour le moment, nous ne voulons parler que d’une variation
cyclique très curieuse, très importante, qui se manifeste dans la
région profonde des lacs et qui nous a été révélée par les sondages thermométriques.
Nous venons d’établir que les variations périodiques annuelles ne se
font pas sentir à plus de 80 ou 100m au-dessous de la surface, et cependant
nous constatons des variations de la température abyssale du
lac d’assez grande amplitude. Voici les chiffres que nous possédons
sur la température des couches profondes du lac. Les unes ont été
mesurées directement dans le fond, les autres résultent de la température
pélagique constatée dans les mois d’hiver; les premières ne réclament
pas d ’autres corrections que celles qui doivent être apportées pour
des erreurs d’observation ; les autres peuvent être trop élevées si la
stratification thermique se continuait dans des couches plus basses que
celles où s’est fait le sondage thèrmométrique, mais ce sont certainement
des valeurs maximales, la température profonde ne pouvant pas
être plus chaude.