mière utilisation-de la méthode graphique pour l’étude du phénomène.
Malheureusement pour Yersin, l’irrégularité de ces seiches était telle
(4 seiches de 5 minutes de durée, et 1 de 10 minutes), qu’il ne sut pas y
reconnaître le rythme régulier des vagues d’oscillation fixe. Il indique
cependant parfaitement le caractère oscillatoire du mouvement des
seiches.
Histoire ancienne des seiches d’autres lacs.
Les notes anciennes que nous possédons sur les seiches des lacs
autres que le Léman sont peu nombreuses et mal ordonnées.. Des apparitions
analogues à celles de Genève ont été observées, tout au
moins sous la forme de dénivellations plus ou moins rapides et plus L
ou moins répétées ; on a pu ainsi constater que le phénomène n’est
pas spécial au Léman comme on l’avait cfu d’abord. Mais son étude
systématique n’a été entreprise nulle part, et nous ne pouvons pas tirer
grand’ chose des faits isolés dont nous allons citer quelques exemples.
'
Lacs subalpins. Une observation très curieuse de-seiches, la plus I
ancienne de celles que nous possédions sur les lacs, a été trouvée pat I
Ml L. Leiner, directeur du Rosgartenmuseum,. à Constance, dans les I
Chroniques de Christophe Schulthaiss En voici la traduction. Elle I
décrit un phénomène constaté dans le port de Constance.
« C ru e a dm ir a b le de l ’-eau. Dans ce jour, la veille de St-
Mathieu, (le 23 février 1549), pendant la matinée, le lac a cru e t |
décru successivement d’une hauteur d’une aune (environ 60<|?),
de telle manière que pendant sa crue il est entré dans la Wettei
jusqu’à l’angle de l’hôpital, puis, dans sa descente, il s ’est écoulé j
p a rla grève d’abordage au pont des Pêcheurs. Puis, avec un E
courant violent, comme si les vagues avaient été refoulées par G
le vent (le temps était cependant calme) il s’est élevé de nouveau.
Et cela s’est répété quatre ou c i n q fois dans la durée d’une I
heure, comme j’en ai moi-même été le témoin. Les mouvements I
ont continué jusqu’après midi, mais en diminuant de plus en J
plus d’intensité. Le môme phénomène a été observé sur le cours
du Rhin (entre les deux lacs) ; quelques pêcheurs voulaient j
(i) Schulthaiss Christoph, Collectanéa VI, 81.
aller lever leurs nasses dans le fleuve, mais ils ont reconnu que
le Rhin coulait dans la direction de la ville et du pont des Pêcheurs
tandis qu’ordinairement il coule en sens inverse.
Tout cela a causé un vif étonnement et une grande admiration,
car un tel phénomène n’avait jusqu’à présent, à ce que l’on dit,
été observé par personne. »
I Pendant qu’il étudiait les seiches de Genève, Vaucher faisait rechercher
des mouvements analogues de l’eau sur les autres lacs suisses.
•Ses correspondants en ont constaté et décrit dans les lacs de Zurich,
de Constance et des Quatre-Cantons ; lui-même en a vu dans les lacs
d’Annecy, de Lugano et dans le lac Majeur; en revanche, leé seiches
lui ont échappé dans le lac de Côme. G)
I En 1826, le professeur Ineichen a observé des seiches sur le lac des
Quatre-Cantons, à Lucerne. (2)
1- Lacs d’Europe. Une très belle observation de seiches est celle des
»Oscillations de Sifeau qui sont survenues à Kenmore, en Ecosse, le
12 septembre 1784 ; la hauteur de la vague a été évaluée à 1.5m, et la
durée de l’oscillation qui s’est continuée pendant plusieurs heures de
suite était d’environ 7 minutes. (s)
I Muncke cite des observations de seiches dans le lac Wetter, par
Bergmann, et dans lé lac Ochrida (Roumélie), par Ami Boué. (4)
I Lacs américains. De nombreuses observations sur les dénivellations
^accidentelles de l’eau ont été faites, et déjà fort anciennement, dans
les grands lacs de l’Amérique du Nord ; on était préoccupé d’y rechercher
une marée luni-solaire, et l’attention se dirigeait avec persistance
sur tous les faits d’oscillation de l’eau. John Le Conte, professeur
‘à l’Université de Californie, dans le paragraphe qu’il a consacré aux
feeiches dans ses recherches physiques sur le lac Tahoe (6), arrive
cependant à la conclusion que « de véritables seiches n’ont pas encore
été constatées dans les lacs américains ; les dénivellations décrite
s par les auteurs peuvent bien avoir été des seiches, mais la pério-
B l 1) Vaucher, [loc. cit. p. 43] p. 69, sq.
■ C2; R. Wolf. Notizen zur schw. Culturgeschiclite n» 352.
■ p Bibliothèque britannique; sc. et arts, VI, 184. Genève 1797.
B ( 4) Gehler. Physik. Wörterbuch, » éd. VIII, p 737. Leipzig 1836.
» 43 J°hn U Conte' P h ysical StU(lies on lake T ahoe. Overland Monthly, jan u a r 1884,