Parfois les sons s’entendent de fort loin ; parfois l’atmosphère est
comme sourde, et l’oreille ne perçoit aucun bruit. Dans les mêmes
conditions apparentés de grand calme de l’air, nous entendons de
Morges chaque roulement d’un tambour qu’on frappe à Thonon, à
141™ de distance, nous sommes étonnés par les coups de palettes des
roues d’un pyroscaphe, qui traverse le lac d’Evian à Ouchy à 8lim
d’éloignement, ou nous sommes réjouis par le caquet des lavandières
qui s’ébattent en lavant leur linge sur la côte de Préverenges à 2500m
de nous; — ou bien nous n’entendons' rien, le bateau à vapeur
qui passe à quelque cent mètres est comme muet, et si nous sommes
à un kilomètre od deux en plein lac, les cloches qui sonnent à toute
volée sont à peine perçues.
Les conditions qui peuvent faciliter la propagation du son dans 1 air
ou y mettre obstacle sont nombreuses : agitation de l’air, brouillards
et nuages, stratification de l’air suivant son humidité ou sa chaleur,
inégale distribution-.de la chaleur et de l’humidité.
Je n’ose pas essayer de discuter les observations personnelles assez
nombreuses que je possède sur ce sujet; elles sont encore trop mal
o r d o n n é e s p o u r q u e j e p u i s s e e s p é r e r e n t i r e r - r i e n d ’ u t i l e . Q u a n t à l a t h é o r i e
de ces phénomènes de transparence et d’opacité sonore, elle se trouve
dans les manuels et traités spéciaux ; j’y renvoie le lecteur.
DIXIÈME PAR TIE
CHIMIE
Dans cette partie de notre livre nous étudierons successivement :
La composition chimique des eaux du Léman.
La densité des eaux du lac.
Les eaux lacustres considérées comme eau d’alimentation.
L’odeur des eaux du lac.
I. COMPOSITION CHIMIQUE DES EAUX DU LÉMAN
I. Documents originaux.
Nous possédons un assez grand nombre d’analyses chimiques des
eaux du lac Léman, faites à différentes époques et par différents auteurs.
Je commencerai par réunir les documents originaux qui serviront
de base à notre discussion. Q)
Toutes les valeurs et tous les résultats d’analyses, que je donnerai
dans ces chapitres, sont rapportés au poids de un kilogramme ou au
volume de un litre d’eau.
C1) Quoique les anciennes analyses ne soient guère comparables aux analyses
modernes, vu les grandes différences de méthode, nous les donnons ici à titre de
documents historiques, certainement intéressants pour plusieurs de nos lecteurs.