qu’à moi-même, cette commission a mis en oeuvre une nouvelle
méthode, que n o u s. appellerons M é th o d e de la C ommission
g e n e v o is e . Elle consiste à chercher non pas la disparition à l’oeil
d’un corps éclairé par la lumière solaire, mais à déterminer la limite
de disparition d’un corps éclairant plongé dans l’eau. Nos collègues
se sont adressés pour cela à des bougies, à des lampes modérateur,
à des lampes électriques, soit la lampe à incandescence Edison, soit la
lampe à arc voltaïque.
Sans donner tous les détails des expériences, nous analyserons ici
les résultats principaux de ces belles recherches, à quelques-unes desquelles
j’ai été obligeamment invité à assister.
1° Tout d’abord il y a dans ces expériences à distinguer divers
tem p s dans la disparition du corps éclairant. Une lumière plongée
dans l’eau ne tarde pas à s’éteindre à l’oeil comme si elle était dans un
liquide lactescent; son intensité diminue rapidement; bientôt comme
une flamme de gaz dans un brouillard, la lumière s’éntoure d’une
auréole, en devenant de moins en moins distincte. Elle n’est bientôt
plus qu’une nébuleuse de plus en plus pâle avec une étoile centrale.
Celle-ci enfin finit par disparaître et l’on note alors la limite de la
vision nette.
Mais l’eau reste encore éclairée par une lumière diffuse : le miroir
dirigé vers le corps lumineux reconnaît encore qu’il y a là de l’éclairage;
on .discerne encore les extinctions et les. illuminations de la
lampe. Cette lumière diffuse devient de moins en moins distincte, jusqu’au
moment où elle disparaît absolument et alors on note la
limite de la lumière diffuse.
2° Des expériences comparatives ont montré que ces deux valeurs
limites augmentent avec l’intensité de l’éclairage, rnais sont loin d’être
proportionnelles à cette intensité, k
Ainsi, expérience du 18 juillet 1884 :
VISION N E T T E LUMIÈRE DIF FU SE
Arc voltaïque 31.75m 78.30m
Lampe modérateur 24.30 41.30
3° 11 y a très peu de différence pour la limite de visibilité entre les
expériences où la lampe était portée horizontalement, sous la surface,
e t où la lumière était cherchée à l’aide d’un miroir incliné, et celles où
la lampe descendait verticalement et où la lumière était cherchée
directement par l’oeil. Les résultats de 36 expériences faites pour étudier
ce facteur sont tantôt dans un sens tantôt dans l’autre.
4° La distance limite de visibilité est beaucoup plus considérable
qu’avec la méthode du P. Secchi. Les chiffres maximaux obtenus par
la commission genevoise dans les diverses expériences sont :
Date Localité Lumière Verticalité Vision Lumière
ou horizontalité nette diffuse
18 juillet.1884. Rhône. Lampe modérateur. H. 24.30“ 41.30”"
15 mars 1886. Plein lac. Lampe Edison. H. 39.75 50.90
id. id. id. V. 36.71 59.85
18 juillet 1884. Rhône. Arc voltaïque. H. 38.50 82.80
8 août 1885. Plein lac. id. H. 34.56 87.98
Des expériences comparables ont été faites le même jour et dans
les mêmes conditions avec les deux méthodes. Elles ont donné, le
15 mars 1886, entre Morgès et Evian, en plein lac, comme chiffres
maximaux :
Disque du P. Secchi Limite de visibilité 18.80m
Lampe Edison, 7 bougies — vision nette 36.71
ic*- id- . — lumière diffuse 59.85
5°. Les expériences de la Commission genevoise n’ont pas été répétées
assez souvent pour qùe je puisse y trouver la vérification de la loi
de variation annuelle que j’ai constatée avec la méthode du P. Secchi.
6° Ces expériences n’ont pas amené un seul résultat contradictoire
à l’hypothèse que la cause principale de la disparition d’un objet dans
1 eau réside dans la formation d ’un écran par. les poussières aquatiques.
Dans son rapport, rédigé par M. A. Rilliet, la Commission genevoise
se prononce nettement pour cette explication.
D. Limite d obscurité absolue. Méthode photographique.
Une seconde méthode générale a servi à étudier la transparence des
eaux du Léman. Tandis que dans l’étude de la limite de visibilité, nous
cherchions à noter la distance à laquelle notre oeil discernait encore un
objet éclairé dans l’eau, dans la méthode photographique nous cherchons
la limite à laquelle une substance photo-sensible cesse d’être
-affectée par les rayons solaires.