Voici les quantités qu’il a reconnues, exprimées en centimètres
cubes de gaz par litre d’eau :
Profondeur Température Oxygène Azote ' Acide
carbonique
SOMMES
o-f-x o | n j r
0 m 9.1» 6 .8 5 1 4 .9 6 2 .8 5 2 1 .8 2 4 .7
6 0 7.7 7 .4 6 1 5 .7 4 2 .9 0 2 3 .2 26.1
1 0 0 5 .5 6 .7 8 1 5 .0 3 6 .6 4 2 1 .8 2 8 .4
1 5 0 4 .9 6 .9 8 1 4 .6 1 6 ,2 2 2 1 .6 2 7 .8
2 0 0 4 .8 7 .6 2 1 5 .8 8 5 .5 5 2 3 .5 2 9 .0
3 0 0 4 .6 7 .0 8 1 5 .9 4 5 .2 8 2 3 .0 I 2 8 .3
Ces chiffres venant du môme chimiste, obtenus par la même
méthode, sont parfaitement comparables. Ils nous serviront de base
pour notre discussion.
Je dois cependant avant tout faire,des réserves sur la possibilité de
variations saisonnières et annuelles, ou encore accidentelles. Ce n’est
que lorsque la même série d’analyses aura été répétée plusieurs fois
que nous saurons si les variations indiquées sont constantes, ou si
elles ne sont que fortuites ou locales.
1°-L’eau des profondeurs du Léman contient les mêmes gaz que
l’eau de surface ; c’est de l’eau aérée.
2e Elle ne contient pas, en quantité appréciable, de gaz étrangers*
des gaz méphytiques ou anormaux, hydrogène sulfuré, hydrogène carburé,
etc.
3° Les quantités de gaz atmosphériques des eaux profondes sont à
peu près les mêmes ou, si l’on veut, dans le même ordre de grandeur
que celles des eaux de surface ; les eaux profondes seraient saturées
de gaz à la pression atmosphérique ordinaire ; mais elles ne sont pas
saturées à la pression qui règne dans les couches d’où ellês proviennent.
Ce point est intéressant et mérite d’être expliqué.
Les liquides ont, règle générale, un pouvoir de dissolution des gaz
proportionnel à la pression. Si l’eau pure est capable de dissoudre
6cmS d’oxygène par litre à la pression de une atmosphère, elle en dissoudra
60 à 10 atmosphères, 180cm3 à 30 atmosphères. Les eaux de la
couche de 300m dans les profondeurs du Léman étant sous 30 atmosphères
de pression, par suite de la charge de la colonne liquide qui
les surmonte, elles sont capables de dissoudre 30 fois plus de gaz que
les eaux de surface.
Et cependant elles n’en contiennent pas ces quantités considérables ;
elles ne font point ébullition lorsque, puisées dans les profondeurs,
elles sont amenées par la bouteille à la surface, où elles sont soumises
à une pression de une atmosphère seulement, ou lorsque les courants
verticaux ascendants des grands vents les ramènent à la surface, à la
côte sur le vent ; tandis que les eaux de surface, dans les analyses
Walter, ne contiennent que 21 à 23e™3 de gaz oxygène et azote dissous
par litre, les eaux profondes en renferment de même 21 à 23, et non
pas 630 à 690e™3. Les eaux profondes sont légèrement sursaturées
quand on les ramène à la pression de la surface, mais elles sont loin
d’être saturées à la pression qu’elles subissent dans les grands fonds.
Voici la raison de cette anomalie apparente :
Les couches profondes, soumises à une pression considérable, sont
capables de dissoudre une plus grande quantité de gaz, mais elle ne se
trouvent pas en situation d’en recevoir plus que les couches superficielles.
En effet, elles ne peuvent recevoir cet excès que de l’atmosphère,
et cela de deux manières :
a. Ou bien directement lorsque ces couches ont été en rapport avec
la surface (1 eau des affluents avant qu’elle fût descendue dans les
grands fonds par le mécanisme que nous avons étudié; l’eau de la
surface qui se refroidit en hiver et descend jusqu’à la couche correspondant
à sa nouvelle densité ; l’eau de la surface qui est charriée
dans la profondeur par la révolution des courants du vent), mais alors
ces eaux étaient sous la pression normale, et en se saturant, elles ne
pouvaient pas gagner plus d’air dissous que les eaux de surface dont
elles faisaient partie.
b. Ou bien indirectement, par diffusion, les couches de surface livrant
aux couches intermédiaires, qui livrent elles-mêmes aux couches profondes,
les gaz qu’elles prennent à l’atmosphère. La couche de surface
peut se Saturer au contact de l’air et obtenir ainsi ses 21 à 23em3
d’air par litre; la couche suivante, si elle contient moins de gaz que
cette quantité, peut en recevoir par diffusion de la couche de surface.
Mais si la seconde couche est déjà aussi riche en air dissous que la
première, la diffusion ne peut plus avoir lieu, et quelque capable qu’elle
soit de dissoudre plus de gaz, cette couche sous pression plus forte
ne pourra pas recevoir plus de gaz que n’en contient la couche de
surface, n’étant pas en rapport avec une couche plus riche qu’elle en
gaz. La diffusion ne peut se faire qu’aux dépens d’une couche con