de la grande masse d’eau du Grand-lac, cette action doit être prépondérante
et masquer l’allure propre du lac entier. »
J’avoue que je ne suis pas arrivé à me faire une opinion sur la
réponse à donner à ce problème curieux et intéressant. J’indiquerai
le jugement que porte M. Ed. Sarasin sur l’explication de M. du Boys,
quand j’aurai parlé des binodales des autres lacs suisses.
B. Ventres et noeuds des binodales. Nous en trouverons la position,
comme pour les uninodales, en consultant les tracés des limnographes.
Nous connaissons les binodales dans toutes les stations du Haut-
lac où les seiches ont été étudiées, Chillon (Sarasin et Forel), Veytaux
(Forel), Tour-de-Peilz (Sarasin), Vevey (H. Dufour). Nous avons
là le ventre terminal ; oriental des binodales. C’est bien un
ventre terminal, car lés oscillations y sont synchrones à celles de
Genève, et de môme sens qu’elles, ainsi que M. Ed. Sarasin l’a
démontré (*) en superposant ses tracés de la Tour-de-Peilz à ceux du
Sécheron (limnographe Plantamour).
Nous les connaissons de même dans les stations du Petit-lac, près
de Genève, à Genève, à Sécheron, au Rivage, à Bellevue(tracéslimnogra-
phiques Plantamour et Sarasin). C’est bien là, conformément àla théorie,
le ventre terminal occidental. ■
Quant au ventre médian, nous retrouvons les binodales très bien
dessinées sur les tracés de Thonon (limnographe des Ponts et Chaussées
français), de Eleur-d’Eau, près Rolle, (limnographe Sarasin), et
même sur quelques tracés, pris avec le limnographe portatif Forel,
à Séchex, près d’Anthy, par M. Raoul Pictet, et à Rolle par moi-même.
L’extrémité occidentale du Grand-lac est donc sur le ventre médian
des binodales, ce n’est pas à dire que ces stations soient situées sur son
sommet.
A Morges, au contraire,, je ne les ai jamais vues sur les tracés limno-
grapbiques ; nous serions donc, dans cette station, sur un noeud ou
près d’un noeud ; d’après la position du ventre médian près de Rolle,
Morges serait sur le noeud oriental.
Quand au noeud occidental, qui doit se trouver entre Rolle et
Genève, nous n’avons pas de tracé limnographiquequi nous permette
d ’en déterminer expérimentalement la situation.
Suffisamment d’accord avec ces faits d’observation, voici ce que
nous apprend la théorie. Si par le procédé de M. P. du Boys que
nous avons expliqué à propos du noeud des uninodales (p. 126), nous
cherchons la position des points où les vagues de réflexion s’annulent
par leur rencontre (noeuds), ou s’additionnent avec un effet
maximal (ventres), dans le cas des binodales du Léman, nous les
trouvons situés, voir fig. 74, p. 127 :
N oe u d o r i e n t a l , sur la ligne Pully-Tour ronde.
V e n tre m é d ia n , sur la ligne Dully-Coudrée, au même point où
est le noeud des uninodales.
N oe u d o c c id e n ta l, sur la ligne Coppet-Hermance.
Si je mesure sur l’axe courbe du lac les distances de ces trois
points aux deux extrémités du bassin, j’obtiens :
distance orientale distance occidentale
Noeud oriental 21km 51km
Ventre médian 47 1/2 24 ‘/a
Noeud occidental 60 12
Le quart de la longueur du la c 'sur l’axe courbe étant 18km, et la
moitié 36km, nous voyons que le noeud oriental est reporté à 3km,
le ventre médian à 11 7gkm, le noeud occidental à 6km à l’ouest de la
position qu’ils auraient eue si le lac avait été un bassin régulier. Ce
déplacement du côté de l’occident, dans la direction de Genève, des
points principaux du balancement binodal tient à la figure du lac,
moins profond dans -le Petit-lac que dans le Grand-lac. Nous avons
suffisamment développé ce fait à propos des uninodales.
La théorie et l’observation concordent bien encore ici dans tous les
détails sauf un. De l’absence des binodales à Morges, j’avais conclu
que cette station serait Sur la ligne nodale orientale du lac; or, l’application
du procédé du Boys nous apprend que cette ligne se trouve
devant Pully, à Î2 k™ plus loin que Morges, dans le sens du Haut-lac.
De par la théorie, les seiches binodales devraient être visibles à
Morges, faiblement dessinées, mais cependant apparentes. — Je viens
de reprendre, à ce point de vue, mes tracés limnograpbiques de
Morges ; j’y ai cherché des indices de seiches de 35min, aussi bien
dans l’ensemble des tracés que spécialement les jours où je sais, par
d’autres observations, qu’il y avait de belles binodales ; avec la meilleure
bonne volonté, je n’ai pas réussi à les reconnaître. Le plus
souvent, les tracés de Morges sont trop compliqués par des oscillations
plus courtes pour que ce résultat négatif soit bien étonnant ;