dans les deux moitiés du lac, à Morges et Vevey d’une part, à Genève
d’autre part. (*)
Nous pouvons, dans certaines circonstances favorables, étudier les
dénivellations rapides du lac, en notant la direction des courants à
l’entrée d’un étang, lagune ou port en relation avec le lac. Ayons un
bassin en communication avec le lac par un canal étroit, lorsque l’eau
s’élèvera accidentellement dans le lac, il se produira un courant d’entrée
dans le bassin accessoire, jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli
entre les deux nappes d’eau ; lorsque l’eau du lac baissera, il se produira
un courant de sortie hors du bassin accessoire.;
Ces courants d’entrée et de sortie sont très sensibles dans le port
de Morges, qui, outre sa large entrée, ouverte aux bateaux et barques,
offre à son angle nord, près du quai, un goulet de 1.5“ -de large, destiné
à l’assainissement des parties les plus reculées du port ; ce goulet,
placé dans un point fort commode pour l’observation, montre en temps
de seiches des courants alternatifs d’entrée et de sortie, parfois très
violents ; j’ai vu souvent l’eau s’y précipiter avec une vitesse d’un mètre
par seconde.' (2)
Ces mêmes courants alternatifs peuvent s’observer dans des circonstances
favorables aux petits goulets, soit g o l é r o n s , du port de Genève
: quand le barrage mobile de la machine est fermé, et que le courant
du Rhône est très faible, on voit, si les seiches sont fortes, pendant la
seiche basse, l’eau sortir hors du port de Genève, en cheminant à contre
sens, en remontant du port dans le lac. J’ai, dans deiix occasions,
été témoin de ce phénomène.
Des observations analogues ont été faites à Neuchâtel, le 10 février
1879, sur un canal servant de communication entre le lac et un
arrière-port, ou quai en construction. (3)
3° Pour observer les seiches quand les dénivellations sont très faibles,
et que le lac agité par des vagues ne permet pas la lecture de la
hauteur de l’eau au moyen de règles limnimétriques, j’ai utilisé, avec
succès, un petit appareil què j ’ai appelé p l émy r amè t r e (*) ; il est
très simple et très facile à installer.
(t) Voir Essai monographique sur les seiches du Léman (loc. cit. p. 63, n° 8), p. 63.
(?) Voir ma lr* étude sur les seiches (loc. cit. p. 62, n° 1), 221 ; voir aussi p. 53 de
ce volume.
(3) Lettre de Ph. de Rougemorit, Union libérale, 1879, n° 35.
(4) De f c f rn a a jm a r é e .
Je prends un bassin de zinc, de bois ou de terre, (fig. 51. A) de
(Fig. 51) Le plémyramètre Forel.
quelque 6 ou 8 décimètres carrés de surface, et dé 10 à 15cm de profondeur.
Je l’enterre dans la grève jusqu’à ce que son fond soit un
peu au-dessous du niveau de l’eau ¡NJ.J e le mets en communication
avec le lac par un tube de caoutchouc a, a, a, de 1em environ de diamètre,
passant par-dessus le bord du bassin et agissant comme un siphon
; l’équilibre s’établit par ce tube, et si le niveau du lac subit des
dénivellations rythmiques, l’équilibre se rétablit par des courants à direction
alternative, suivant que l’eau est plus élevée dans le lac N, ou
dans le bassin N'. Pour mettre en évidence la direction de ces courants,
je place sur le trajet du siphon un tube de verre de 30cm de long, dans
lequel je puis voir circuler les poussières en suspension dans l’eau ;
pour faciliter l’observation, je place dans ce tube une petite sphère de
cire, alourdie par du sable jusqu’à la densité de l’eau ; flottant entre
deux eaux, elle suit tous les mouvements des courants ; deux petits
arrêts en spire de laiton (S), placés aux extrémités du tube de verre,
empêchent la sphère de cire de s’aller perdre dans les tubes de caoutchouc.
Suivant la direction des courants, l’index va s’appliquer contre
l’arrêt L, du côté du lac, quand l’eau est en baisse, ou contre l’arrêt
B, du côté du bassin, quand l’eau monte. (*)
La sensibilité de cet appareil est extrême. Des dénivellations d’un
millimètre, d’un dixième de millimètre, sont mises en évidence par les
courants de l’eau. Son usage est très pratique. Il n’est pas encombrant,
car l’instrument à porter en voyage se réduit à un tube de verre et un
tube de caoutchouc, à supposer que l’on puisse se procurer un bassin
étanche. Je ne puis assez le recommander aux voyageurs qui veulent
s’occuper de l’étude des lacs.
( ) Pour les détails dé construction, du Jeu de l’appareil, et de l’interprétation
des observations, voir ma I I e étude sur les seiches (loc. cit. p. 62, n° 2), p. 50 sq.