« La hauteur moyenne du lac, vendredi et samedi, avant l’orage, était
de 55 pouces (du pied de roi) au-dessus du zéro du limnimètre., A
6 Û h, le limnimètre marquait 90 pouces au-dessus du zéro, c’est le
point le plus haut auquel on l’ait observé; à 9 ’> 5 m:n, il marquait
21 pouces au-dessus du zéro, c'est le point le plus bas où on 1 ait vu.
En prenant la différence entre cette plus grande et cette plus petite
hauteur, on trouve 5 pieds 9 pouces (1.87™), différence qui s’est effectuée
dans l’espace de 2 lh heures. Jùsqu’à ce jour, les plus grandes
différences consignées dans les registres étaient celle du 26 juillet
1810, qui était de 26 pouces (0.71m) et celle du 11 juillet 1837, de
24 pouces (0.65ra). :.
« De 6 à 10 heures, le limnimètre n’est pas resté un seul moment
en repos ; il a passé successivement par un grand nombre de variations,
tant au-dessus qu’au-dessous de 55 pouces;.on a observé5 ma-
xima principaux, accompagnés d’autant deminima, et les différences de
niveau entre ces maximaetces minima étaient de 45 pouces environ...
« Quant à l’état de l’atmosphère, à la surface'de la terre soufflait un
vent du nord-assez faible, tandis qu’au contraire, les nuages étaient
violemment’ poussés par le vent du sud-ouest. La pluie tombait d une
manière continue, sans aucun tonnerre. (Le thermomètre marquait
-f- 13° R.) Une circonstance fort remarquable,.c’est que le baromètre
n’a subi, pendant tout le temps de ces observations, aucune variation
(il marquait 26 3/i pouces). ( 4)
« A 3 h après midi, il s’,est fait sentir un coup de vent très violent
et, au môme moment, le niveau de l’eau s’est abaissé fortement, mais
cependant beaucoup moins que le matin. ».
Dans son étude sur le Rhône et le lac de Genève (s), L.-L. Vallée
émit, en 1843, une théorie de haute fantaisie que nous ne prendrons
pas la peine de discuter ; elle a du reste déjà été exécutée par J. de
(') Le baromètre était én baisse rapide ; voici les hauteurs-données par l’Obser
vatoire-de Genève î2
octobre 9h matin 724.65mm -
midi 722.85
. 8h soir 721.25
9'1 » 722.04
3 octobre 9? matin 722.21
midi '. 722.01
3b soir 719,11
1 9h soir 717 Mx
(*) L.-L. Vallée. Du Rhône et Au lac de Genève, p. 3.1 sq; Paris 1843.
La Harpe (')■ Je la c*te> hon Pas Pour me ra’Per des écarts d’imagination
d’un homme qui, quoique trop prompt dans ses hypothèses, a
cependant rendu de bons services à l’étude de notre lac, mais comme
un exemple typique de la fascination qu’exerçait sur les esprits le
phénomène mystérieux des seiches, et des hypothèses qui surgissaient
de toutes parts pour tenter de l’expliquer.
« Concevons » dit Vallée « qu’il y ait un lac souterrain communiquant,
d’une part avec le Léman, et d’autre, part au moyen de fissures
(avec les vallées qui contiennent les glaciers ; si, par l’effet d’une pluie,
par exemple, les eaux et lés glaces se précipitent dans les fissures,
dont quelques parties soient verticales, ou à peu près verticales, elles
parcourront ces fissures avec une vitesse accélérée et elles y entraîneront
l’air comme il est entraîné dans les trompes au moyen desquelles,
avec le secours d’un petit courant d’eau on souffle' le foyer
des hauts-fourneaux ; donc l’air sera comprimé au-dessus du lac souterrain
; donc les eaux du Léman se soulèveront. Bientôt après, l’effet
compresseur cessant, les eaux soulevées réagiront ; l’air remontera
dans les fissures ; le lac souterrain s’élèvera, et le Léman s’abaissera
au-dessous de son niveau, mais d’une moindre hauteur que celle dont
il se sera élevé, parce que les fissures présenteront des courants d’eau
marchant de haut en bas, qui modéreront le mouvement de l’air marchant
de bas en haut. Une nouvelle réaction résultera ensuite de
l’exhaussement du lac souterrain, et le phénomène cessera par une
suite d’oscillations de moins en moins fortes. »
AI. Yersin a publié, en 1855 (2), une courte note sur des observations
de seiches entreprises, à Morges, dès 1854. A l’appel d’une dépêche
télégraphique lancée de Morges, divers observateurs, à Genève,
Nyon, Lausanne, Vevey, suivaient de quart d’heure en quart
d ’heure les variations du limnimètre et du baromètre. Par cette méthode
ont été: étudiées les seiches du 1er avril, 4 mai, 16 novembre,
;13 décembre 1854, 3 février, 31 mai 1855, et 12 avril 1856. Ces observations,
conçues dans un esprit scientifique excellent, n’ont malheureusement
pas été utilisées. Dans la note que j’ai citée, A. Yersin a figuré
graphiquement la courbe d’une série de seiches du 3 décembre 1854,
»observées dans le port de Morges. C’est, à ma connaissance, la pre-
| | (*) Bull. s. v . s. N. VI, 9.
I I ’ A W ÈM Note Sllr les seiches du lac Léman. Bull. ■sanne, 18o5. S. V. S. N. IV,' 411. Lau-