J’ai constaté ce que j’estime être :
1° Des uninodales.
2° Des binodales.
3° Des dicrotes, interférence d’uninodales et de binodales.
1er type. Seiches uninodales.
Sur les tracés du limnographe de Morges, l’oscillation normale, très
fréquente, est une seiche de 10 minutes de durée, qui apparaît
souvent à l’état de pureté : nous en avons donné des exemples aux
flg. 55, 57, 58, 59, 60 et pl. V, tracé F, etc ; d’autres fois elle est irrégulière,
fig. 55 et 56 ; ou bien compliquée par des interférences ou des
vagues plus courtes dont nous ferons des binodales (flg. 62, 63) ; malgré
ces irrégularités et ces complications, le type général de ces seiches y
est toujours reconnaissable.
La durée de ces seiches est de 10 minutes. Pouvons-nous préciser
plus exactement cette valeur1? Voici les mesures que j’ai tirées de
quelques séries :
Date. Début. Nombre des seiches. Durée moyenne.
18 avril 1 8 7 6 1 7 h5 5min 18 10.1 min
3 0 décembre 1876 0 .3 6 39 1 0.3
6 juin 1877 0 .3 5 22 10.3
9 septembre 1 877 2 .5 0 19 1 0,4
1 4 avril 1879 1 6 .5 5 24 1 0 .4
Et ainsi de suite. La moyenne est de 10.3mh-; en nombre rond
10 minutes ; le rythme est de 6 seiches par heure.
La hauteur des seiches dé Morges est moins grande que celle des
belles seiches de ¡Genève; elle atteint cependant des valeurs fort
respectables, et avec la vitesse que nous avons donnée à l’enregistrement
de nos limnographes, ces seiches se dessinent en courbes très
bien accentuées. La hauteur des seiches varie sur mes tracés de
Morges de 0 à 17cm, et plus; sur mes tracés limnographiques qui vont
de 1876 à 1883, les plus grandes seiches authentiquement enregistrées
sont celles du 21 août 1877, à 20h, avec une hauteur de 12.4cm,
et celles du 24 août 1881, à 10h30, par un jour très orageux ; cette
dernière a atteint 17.7cm.
J’ai cependant à citer une valeur plus grande. Dans la nuit du
19 au 20 août 1881, pendant un orage, l’amplitude extrême des dénivellations
du lac s’est élevée à 20.3cm. Malheureusement, le mouvement
d'horlogerie du limnographe s’était arrêté, et le crayon revenant
sur ses traces donnait bien la hauteur - maximale des
dénivellations, mais ne dessinait pas les seiches isolées.
Je pourrais encore rapporter ici-une observation faite le 10 septembre
1869, à 19h, dans le port de Morges ; des courants d’une
violence extrême m’avaient invité à mesurer les dénivellations de
l’eau. J’ai noté une amplitude de 26cm dans les variations successives
de la hauteur de l’eau. Mais cette observation a été faite tout au
début de mes études sur les seiches; mais, et surtout, les conditions
d’observation étaient détestables. Je n’avais pas d’échelle limnimé-
trique abordable, et je mesurais la hauteur de l’eau en la rapportant à
une marche d’escalier plongeant dans l’eau ; il faisait nuit et les
lectures s’opéraient à la lumière d’allumettes-bougie que je faisais
flamber en plein air. Je ne puis donc affirmer aucunement la rigueur
de cette observation. (')
La fréquence des seiches de 10 minutes est, comme je l’ai dit, très
grande. Je n’exagère pas en disant, que la moitié du temps, ces oscillations
sont plus ou moins distinctement représentées sur les tracés
limnographiques de Morges.
La longueur des séries de ces seiches est beaucoup moins grande
que celles de Genève, où elles durent plusieurs jours de suite. Mais si,
au lieu de supputer le nombre d’heures que dure la série, on compte
le nombre d’oscillations, on voit que dans les deux stations les séries
ont à peu près la même importance. Des séries de 30, de 50 seiches
se rencontrent sur les tracés de Morges. J’en ai même une série de
76 seiches, du 19 janvier 1877.
Dans cette série, la décroissance de hauteur a été remarquablement
lente; les premières seiches mesuraient 15mm de hauteur, les
dernières 5rara ; la décroissance n’aurait été que de 0.15mm par
oscillation.
A1) ’Voiei les notes pet-sonnelles de M„ Ch. Dufour, à Morges: « 10 septembre
1869: forte baisse du baromètre. Temps calme et couvert, avec menace de pluie
jusque vers 22 V2". Alors il fait un coup de .vent du S.-W. et il pleut un peu. Fortes
seiches le soir. » — A Lausanne on note un vent assez fort du S.-W. dans la soirée
et une chute d'eau de 21mm dans la nuit du 10 au 11 septembre. Ce sont bien là les-
conditions de production de fortes seiches, mais non de seiches extraordinaires.