loi VI, p. 72, que la vague d’oscillation fixe est plus haute dans la
partie du bassin la moins profonde; c’est le cas à Genève par rapport
à Chillon, le Petit-lac étant moins profond que le Grand-lac. Nous
avons vu en second lieu, par notre loi "Vil, p. 72, que la vague d’oscillation
fixe est plus haute dans la partie du bassin qui est la plus
étroite. C’est encore le cas à Genève,, où le Petit-lac va en se rétrécissant
graduellement de 4km, près de Nyon, à quelques cents mètres à
Genève, tandis que le Haut-lac, devant Chillon, garde encore sa
largeur de 6 à 8km jusque sur le front de la plaine du Rhône. Les
deux causes qui influencent la hauteur de la vague s’additionnent ainsi,
et la différence entre ces stations est ainsi suffisamment expliquée.
Il est intéressant de voir les seiches de Chillon et celles de Thonon
présenter à peu près les mêmes proportions de hauteur, environ 1/i à
% de celles de Genève. A Thonon et Rolle, le ventre médian des
binodales doit avoir à peu près la même hauteur que le ventre
terminal oriental de Chillon; en effet, la largeur du "Grand lac est,
dans ces deux régions, assez la même, et au point d e vue de; la.
profondeur, le profil en long des deux rampes descendante et ascendante
du lac est assez symétrique. En revanche, la grande différence
de largeur et de profondeur, entre le lieu du ventre médian et celui
du ventre occidental des binodales, doit amener une grande exagération
de hauteur des mêmes seiches binodales à Genève par rapport
à Thonon et h Rolle. C’est bien -conforme aux faits d’observation.
4° Hauteur maximale des seiches longitudinales. D’après ce que
nous venons d’exposer, les seiches du Léman ont leur maximum de
hauteur à Genève. Elles y atteignent des dimensions qui ont attiré
depuis longtemps l’attention des observateurs. Voici les plus grandes
seiches connues dans cette station ; la hauteur maximale de la dénivellation
constatée a été :
16 septembre 1600, seiches dites de Fatio de Duillier (*) 1.62m
3 août 1763, —- de H.-B. de Saussure (?) 1.47
3 octobre 1841, • JJS?: ïv . de Veinié' (*) 1.87
D’après ces chiffres, la hauteur maximale des seiches de. Genève
atteindrait près de 2“ .
Mais nous avons une réserve importante à présenter. Il est.
(<) P. 41.
(2) P. 43. î
i P. 47.
probable que ces • observations ont été faites non dans le lac, mais
dans le port, dans le Rhône ou à la machine hydraulique. Cela est
certain pour les seiches de Veinié ; pour les seiches de Fatio et de
Saussure, cela est probable. Or nous avons vu que les seiches
étudiées par M. Sarasin à la machine hydraulique étaient notablement
plus hautes que celles de Sécheron, qui représentent pour nous les
seiches.du lac ; et nous en avons donné la raison (,). Nous avons donc
une correction à apporter aux chiffres ci-dessus ; nous devons les
diminuer pour avoir la hauteur réelle des seiches du lac. Mais comme
nous n’avons pas d’observations comparatives faites à cette époque,
comme nous ne savons pas, au point de vue des' seiches, quelles
étaient les conditions d’écoulement d.u Rhône qui existaient alors,
conditions certainement différentes de celles du port de Genève
actuel, nous ne pouvons évaluer quelle doit être la valeur de cette
correction.
Un fait tout récent prouve la nécessité d’une telle correction.
Depuis que M. Ph. Plantamour a établi son limnographe de Sécheron,
les plus fortes seiches qu’il a enregistrées sont celles du 20 août 1890;
elles ont atteint sur les tracés à 10>> une hauteur de 63rm. Or, le même
jour, un observateur signalait dans le Journal de Genève des seiches
de 1.43“ , qu’il avait mesurées dans le Rhône. (2)
Cette divergence énorme dans les observations du 20 août faites à
Sécheron, ou dans le Rhône, montre la prudence qu’il faut apporter
dans l’appréciation des anciennes observations et ma conclusion sera :
De 1877 à 1893, soit en 17 années, le limnographe de Sécheron a
enregistré une hauteur maximale des seiches de 63cm ; il est probable
que les seiches de Veinié, 1841, qui ont dépassé 1.87“ à la machine,
avaient dans le lac une hauteur inférieure à 1“ .
<•} P: 187 .
(2) « Déjà mardi 19 août, on avait remarqué dans le b ra s gauche du Rhône plusieurs
seiches considérables allant jusqu’à 70cm..Dans la nuit du 19 au 20, le
phénomène s’est un peu calmé pour reprendre le 20, au matin, avec une intensité
extraordinaire. Il p a rait avoir atteint son maximum entre 16 et 17h. On a en ce
moment observé dans le bras gauche du Rhône, en amont du bâtiment des tu rbines,
des variations du niveau d é l ’eau, qui en un quart d’heure ont atteint 1.43m.
En dehors des jetées, à Sécheron, on a observé, à la même heure,' une variation
yde 53™. Pendant ces seiches, le régime des eaux du port a été complètement
troublé ; par moments lès eaux remontaient vers le lac, pour se précipiter ensuite
avec un courant extrordinaire vers le Rhône, creusant le fond du port dont la
vase troublait les eaux. »
Journal de Genève, 22 août 1890.