Toujours est-il que, dans les deux expériences qui ont le mieux
réussi, j’ai commencé à voir des vibrations notées par mon limnogra-
phe de Morges, le 19 juin 1878, à 5h20,nln ; le 13 septembre, à 5h25min,
c’est-à-dire 10 ou 15 minutes après le départ du premier bateau d’Ou-
chy ; dans l’un et l’autre cas, les vibrations augmentèrent sensiblement
de hauteur à 5h40 et 5h50min, soit 10 à 20 minutes après le
départ du premier bateau d’Èvian.
Sans donc que je puisse donner des chiffres exacts pour la vitesse
de la transmission des vibrations des bateaux à vapeur à travers les
10 à 14km de la largeur du lac, je puis affirmer que cette vitesse est
fort grande, et en tout cas très supérieure à celle de la propagation
des vagues d’oscillation progressive (vague de refoulement des bateaux
à vapeur). Cette vitesse semble être du même ordre de grandeur que
celle de l’oscillation des seiches dans le diamètre transverse du lac.
Quelle est la nature du phénomène1? Je dois avouer ma parfaite
ignorance à ce sujet. Je sais que ces vibrations ne sont pas des vagues-
d’oscillation progressive ; qu’elles n’ont rien à faire avec la vague que
le bateau refoule de chaque côté de son corps en s’avançant dans le
lac ; ces vagues ont de tout autres allures. Mais la nature même du
mouvement, je l’ignore. — Seraient-ce des vagues d’oscillation fixe
multinodales, des seiches à un grand nombre de noeuds?
2° Vibrations causées par le vent.
Pour étudier ce second ordre de vibrations, je dois, en raison de ce
qui vient d’être dit, m’adresser aux heures de la nuit, alors qu’aucun
bateau à vapeur ne vient troubler par ses vibrations le jeu normal des
mouvements intimes du lac. Dans ces conditions, je constate très
fréquemment sur les tracés limnographiques l’existence d’ondulations
plus ou moins accusée^, qui, ne pouvant être rapportées à l’action des
bateaux à vapeur, doivent être attribuées à d’autres causes.
Les vibrations, que je rapporte à l’action du vent, se voient sur les
tracés de tout limnographè de sensibilité moyenne; en sensibilisant
extraordinairement mon appareil, comme je l’ai dit plus haut
(page 214), je leur trouve les caractères suivants :
a Au point de. vue de la hauteur, les vibrations sont parfois si faibles,
qu’elles n’atteignent pas un millimètre ; par le calme plat, elles
peuvent être nulles (fig. 87) ; parfois elles sont énormes et dépassent
¿*30 -13 Septembre if/S A -iû
(Fig. 87.) — Calme plat au point de vue des vibrations. Limnographè sensibilisé,
6mm par minute.
5 et 10 centimètres.
b Au point de vue de la durée, elles varient de 20 à 60 secondes
pour l’oscillation entière; j’en ai même vu de 2 minutes de durée
(fig- 81).
c Au point de vue des allures, elles sont parfois aussi régulières
que les plus belles seiches, oü que les rides qu’une faible brise
dessine à la surface de l’eau ; d’autres fois, elles sont irrégulières,
pressées, heurtées, entrechoquées.
d Au point de vue de la forme, sur les tracés tantôt les courbes
sont arrondies en séries de sinusoïdes (fig. 88), tantôt ce sont des
(Fig. 88;) ■ — Vibrations du vent en courbes sinusoïdes. Limnographè sensibilisé,
Qmm par minute.
dentelures aiguës, à sommets pointus et à bords droits (fig. 89). Ce
(Fig..89.)';-^- Vibrations du vent. C.ourbes à sommets aigus. Limnographè sensibilisé,
6mm par minute.
dernier cas a lieu lorsque la hauteur des oscillations dépasse le degré
de sensibilité de l’appareil limnographique.
Je pourrais facilement caractériser ces vibrations en les comparant
aux seiches, avec lesquelles elles ont en commun la plupart de leurs
qualités. Ce seraient des seiches très rapides si, au point de vue de la
durée, je pouvais y reconnaître un rythme. Le rythme des vibrations