ont acquise pendant l’été ; célles de la surface, devenues plus pesantes,
doivent donc s’enfoncer, tandis que celles du fond s’élèvent à raison
de leur légèreté. Celles-ci, parvenues à la surface, se refroidissent à
leur tour, redescendent, sont remplacées par d’autres, et ainsi, de proche
en proche, il doit s’établir dans toute la masse une température à
peu près uniforme. Quand, au contraire, la chaleur de l’air extérieur
surpasse celle de l’eau, et qu’ainsi la surface devient plus chaude que
le fond, la différence de densité favorise la différence de température
entre les eaux du fond et celles de la surface ; celles-ci, dilatées par la
chaleur, tendent à conserver la place la plus élevée, et celles du fond,
plus denses et plus pesantes, tendent aussi à demeurer en bas. »
2o Une importante série de sondages thermométriques a été faite dans
le Léman du 15 septembre au 1«' octobre 1819 par le géologue anglais
H.-Th. de la Bêche (*). Dans son voyage d’études sur le lac, il a en
même temps dressé la carte des sondages et mesuré la température
de l’eau au contact du fond. Les sondages thermométriques ont été au
nombre de 89. ■ A . -
Voici en tableau, pour chaque couche, les températures extremes
qu’il a observées, et les moyennes que j’en ai tirées :
PROFONDEUR MAXIMUM MINIMUM . MOYENNE
De 1 à 5 m 19.5“ 19.0° 19.3°
5 à 10 18.4 17.7 18.2
10 à 20 17.7 16.6 17.0
20 à 30 14.5 12.7 13.8
30 à 40 14.6 9.9 11.6
40 à 50 10.5 7.2 8.3
50 à 60 10.0 7.2 7.8
60 à 75 8.4 6.6 7.1
75 à 128 6.7 6.4 6.6
145 à 300 6.4 6.4 6.4
La Bêche employait un thermométrographe, construit par Newman
de Londres, qu’il faisait descendre dans le lac ; l’index indiquait la
température de là couche la plus froide traversée; comme le Léman
est à cette époque toujours en stratification directe, il obtenait bien
ainsi la température de la couche la plus profonde où il arrêtait son
sondage. Mais l’appareil n’était pas protégé contre la pression extérieure;
il était comprimé et déformé par cette pression, et par conséquent
les températures indiquées par l’instrument étaient entachées
d’une erreur positive ; la température réelle était plus basse que les
chiffres donnés par la Bêche.
3° Je dois citer ici, pour être complet, une série de sondages thermo-
métriques faits en juillet 1835, devant Chillón, par les physiciens français
Becquerel et Breschet, à l’aide d’un appareil thermo-électrique de
leur invention. (*)
Les auteurs disent dans leur mémoire que l’on n’obtient les fractions
de degré que jusqu’à la profondeur de vingt mètres. Voici les valeurs
qu’ils ont observées :
0“ 19.8“
20 12.3
40 9.0
60 7.6
80 ' 6.5
104 6.5
Ces chiffres sont parfaitement plausibles.
4» L’un des physiciens de Morges, le colonel F. Burnier, a construit (2)
un appareil assez compliqué, par lequel il descendait un thermomètre
dans la couche dont il voulait mesurer la tèmpérature ; il l’y laissait
six heures et le ramenait à la surface entouré par plusieurs enveloppes
protectrices d’eau qui gardaient la température profonde. Cet appareil
avait 1 inconvénient de n’être pas protégé contre la pression et de subir
par conséquent une déformation temporaire. M. Ch. Dufour n’a pas
retrouvé, dans les notes de Burnier qu’il possède, les résultats des
recherches faites avec cet instrument.
5° J ai commencé moi-même à étudier la température profonde du
lac en 1870, en plongeant un thermomètre au milieu du limon que
ramenait ma drague 0 . Ainsi que je l’ai dit plus haut, page 338, l’exactitude
de la mesure était de près de 0.1°.
(*) Becquerel et Breschet. Procédé électro-chimique pour déterminer la tempéra-
ure de la terre, et des lacs à diverses profondeurs. Comptes-rendus, Acad. Sc
Pans, 26 dec. 1836. — Bibl. univ. Sc. et Arts, VII, 173. Genève 1837.
(2) Bull. S. V. S. N., III, 244. Lausanne 1853.
s tv W ™ Matériaux pour l’étude-de la faune profonde du Léman. 1« série
i IX. Bull. S. Y. S. N. XIII, 38. Lausanne, 1874.