au-dessus de la plaine centrale du lac. Elle ne diffère pas trop des
résultats des autres auteurs. Mais une comparaison utile n’est possible
qu’entre les diverses analyses du même auteur; nous devons donc
attendre que ce travail soit repris par nos amis qui étudient actuellement
avec ardeur les problèmes intéressants de la chimie du lac.
Dans cèt ordre de faits, M. A. Delebecque vient de publier (•) les
résultats très intéressants d’analyses comparatives qu’il a exécutées
sur des lacs français appartenant à des régions fort diverses : lacs
d’Annecy, d’Aiguebelette et de la Girotte (Savoie), lacs de Nantua, de
St-Point et de Remoray (Jura français), lac du Crozet (Isère). Contrairement
à ce qui était admis jusqu’à présent, et conformément à ce
que je viens d’exposer, il a trouvé une variation importante entre les
eaux de la surface et celles des couches profondes. Voici quelqués-
uns des chiffres qu’il a obtenus pour le résidu fixe de ces eaux : (2)
Profondeur!: Eau de surface. Eau profonde. Différence
Annecy 6 5 “ 138 “ ï 157 “ s 19 me
Aiguebelette 71 11/4 160 46
Nantua 43 154 190 36
St-Point 40 152 182 30
Remoray 27 160 2Ó5 45
Crozet 37 37 .27 10
La Girotte (3) 90 68 520 452
Dans tous ces lacs, lés eaux de surface sont moins chargées de
matières dissoutes que les eaux profondes. La différence est au maximum
dans le lac de la Girotte, où M. Delebecque avait déjà auparavant
indiqué la probabilité d’une alimentation profonde du lac par des
sources thermales, fortement minéralisées. Pour les autres lacs, il
pense, avec M. Duparc, que la différence provient d’une « absorption
de matière, et principalement de carbonate de chaux, par la vie organique,
plus intense à la surface que dans les profondeurs. » Dans sa
note de décembre 1893, M. Delebecque étend sa proposition au
Léman: «D’après les recherchés toutes récentes que j’ai faites, dit-il, l’eau
(9 C. R. Acad. des sciences de Paris, 20 novembre 1893.
(?) Les prises d’eau ont été faites pour les lacs d’Annecy, d’Aiguébelette et du
Crozet, en juillet et en août; celles des lacs de Nantua, de. St-Point et de Remoray,
en octobre 1893; celle du lac de la.Girotte, en septembre 1892.
0 C. R. Acad. sc. Paris, 27 mars 1893,
du Léman,n’a pas une composition uniforme. Cette composition varie
suivant la profondeur, et probablement aussi suivant la saison. » Nous
attendons, avec impatience, les recherches que nous promet le savant
ingénieur, recherches qui compléteront et expliqueront sa découverte.
Nous ne savons absolument rien sur les m a tiè r e s o rg a n iq u e s
contenues dans l’eau des profondeurs. Aucun de nos chimistes ne
s ’en est encore occupé.
•Les gaz d is s o u s par l’eau des diverses couchés superposées
dans le lac doivent nous occuper très sérieusement. En effet, tandis
que la dissolution des sels et substances fixes n’est pas sensiblement
influencée par la pression-, celle-ci joue un rôle considérable dans la
dissolution des gaz. La teneur en substances fixes peut être uniforme
dans toute l’épaisseur du lac ; celle des gaz dissous peut être fort
variable suivant la profondeur considérée, en raison des variations de
la pression.
Au sujet des gaz dissous dans l’eau des profondeurs, nous avons
d abord les résultats obtenus par M. Brandenburg que nous venons
d indiquef dans l’analyse N° 12 faite sur de l’eau puisée, par moi-
même, à 200“ de profondeur devant Morges, le 1er avril 1876, température
de l’eau 5.6°. Il a trouvé les quantités de gaz, réduites à 0° et à
7601»“ de mercure, en centimètres cubes par litres : (!)
Oxygène 2.3 cn>3
Azote 7.7
Acide carbonique 20.6
Ces résultats diffèrent trop, soit des chiffres précédemment donnés,
soit de ceux que nous allons indiquer, pour que nous les acceptions
sans confirmation, M. Brandenburg lui-même a réclamé ce contrôle.
Nous devons à M. le D1 J. YYalter, chimiste cantonal, à Soleure, une
série très intéressante d’analyses des gaz contenus dans l’ëau du lac,
à différentes profondeurs (2). Il l’a extraite, en ma. faveur, d’un travail
d’ensemble sur la composition chimique des eaux du lac Léman, tra vail
dont la publication se fait trop longtemps attendre. Cette série se
rapporte à de l’eau que nous avons puisée, le 30 novembre 1880,
devant Ouchy, à l’aide d’une bouteille (3) de l’invention de M. Walter.
([) Bull. S. V. S. N. XVI, 156, Lausanne, 1880.
(2) F.-A. Forel. Faune profonde des lacs suisses, p. 44. Bâle, 1885.
0 qui gît, hélas ! actuellement au fond du lac de Remoray.