un temps de calme ou de brises légères, rebat, morget ou vent sudois
très faible. Je ne l’ai jamais noté par des temps de grande bise, de
grand sudois, ou de grande vaudaire
E. La grandeur du mirage sur eau froide peut être assez forte. Sans
que j’aie fait des mesures d’angles, je puis cependant dire que je lui ai
vu toutes les grandeurs que l’on observe dans .le mirage normal
d’hiver.
Une seule fois, le 9 juillet 1894 à midi, j’ai essayé d’apprécier l’intensité
de ce mirage sur eau froide (voyez p. 530) : température de l’air
26.5°, température du lac 21°, airs de rebat. Je visais la pointe de la
Venoge, distante de 2300m du quai de Morges où j’étais en observation.
La tangente h partie de la Venoge aurait passé, s’il n’y avait pas eu de
réfraction, à 43e“ au-dessus de l’eau à Morges. Or en réalité je n’arrivai
à trouver la hauteur h', où le point visé était sur la ligne de l’horizon,
qu’en plaçant mon oeil à 2.25“ .
Ce jour-là h'
h ¡ ¡ I B ce qui est évidemment un rapport assez élevé.
F. Quant aux caractères accessoires qui accompagnent le mirage
sur eau chaude, rapprochement du cercle de l’horizon, abaissement
de l’horizon apparent, exagération de la courbure apparente de la
nappe d’eau et dentelures des vagues à l’horizon, je les ai reconnus au
mirage sur eau froide. Le 3 juillet 1894 à 121', par une température de~
l’air de 27.5°, le lac étant à environ 22°, les mirages sur eau froide
étaient très nets ; il soufflait un petit rebat et j’ai vu très clairement les'
dentelures des vagues ; j’ai même aperçu des deux côtés du bateau à
vapeur qui venait de St-Sulpice à Morges les vagues soulevées, suspendues
en l’air comme celles que j’ai dessinées flg. 138, p. 522. Le lendemain,
dans des conditions analogues, j’ai reconnu le raccourcissement
évident du cercle de l’horizon. Le cercle de l’horizon passait à 2300“
quand j’avais l’oeil à 2.25“ au-dessus de l’eau. Or à 2“ de hauteur 4®
l’oeil, la ligne de l’horizon, sans réfraction, passerait à plus de 5k“ . Le 10
juillet, par des conditions assez semblables, j’ai noté que la courbure
apparente du lac était évidemment très aggravée;® soufflait un petit
sudois.
G. Dans les mirages sur eau froide, j’ai constaté souvent une forte
asymétrie de l’image réfléchie; celle-ci est fortement réduite en hauteur
et j’ai plusieurs fois dessiné Sur mes notes l’aspect d’objets dont le
mirage n’avait que le ’/s ou le 1/y de la hauteur dé l’image vraie. La
figure 142 représente comme exemple une barque du Léman avec ses
. voiles en oreilles dont le mirage n’est point du tout
égal à l’image vraie.
Ce qui vérifie bien cette réduction de l’image
réfléchie du mirage, c’est son plus grand éclat;
elle apparaît plus brillamment éclairée que l’image
vraie ; la même somme de lumière se répartissant
sur une surface plus petite, cette apparence de plus
grande illumination confirme l’impression, très
nette en certains cas, de compression de l’image réfléchie. Cette observation
(Fig. 142.) Mirage sur .
eau froide. Asymétrie
de l’image du mirage.
a été répétée par MM. Ch. Dufour et Delebecque.
La réduction en hauteur de l’image réfléchie s’observe quelquefois
dans le mirage Sur eau chaude. Woltmann, Biot, Hubbart, Bravais l’ont
déjà.noté; mais dans ce cas, la réduction m’a semblé beaucoup moins
forte et moins fréquente que dans le mirage sur eau froide. Cette différence
dans.la hauteur de l’image réfléchie est le seul caractère qui me
paraisse différenfeier ces deux ordres de mirages.
H. Cette réduction considérable de l’image réfléchie dans le cas du
mirage sur eau froide pourrait faire confondre le phénomène avec,celui
que nous avons décrit sous le nom d’im a g e s de Ch. D u fo u r, soit la
déformation d’un objet à l’horizon qui se réfléchit sur la surface sphé-
roïdalé dé la nappe lacustre (p. 509).
Il est cependant facile de les séparer, et je suis sûr de ne pas faire
e rreu r en les décrivant comme deux choses bien distinctes. J’ai en
effet observé ce mirage sur eau froide par des temps de brises assez
fraîches pour agiter très nettement la surface de l’eau.
D une autre part j’ai constaté, et M. A. Delebecque a vérifié ce détail,
que tandis que le mirage était fort bien visible lorsque l’oejl était près
de la surface de l’eau .à 1 ou 2“ au-dessus du lac, il disparaissait lorsque
l’on s’élevait à 5“ , 10“ , 20“ au-dessus de cette nappe. Cette image
est donc bien un mirage et non pas un phénomène de réflexion.
Comment expliquer ce mirage sur eau froide, cette persistance du
mirage dans le milieu des jours d’été alors que les rapports de température
entre l’air et l’eau devraient l’avoir fait cesser, et sembleraient
exiger l’apparition des réfractions sur eau froide?
Deux solutions se présentent à ce problème, l’une et l’autre avec ses
difficultés. Les voici telles que je les comprends :