la ligne supérieure ou avec la ligne inférieure de la zone striée
Suivant que l’une ou l’autre réponse sera donnée à la question, le
problème changera de face. Si la Fata-morgana est au-dessus du plan
de l’horizon, nous devrons en chercher la cause dans une exagération
locale des réfractions qui soulèvent les objets éloignés par une trajectoire
à concavité inférieure. Si la Fata-morgana est au-dessous du
plan de l’horizon, l’horizon d’eau étant moins soulevé en ce point que
dans le reste du pourtour du lac, la cause du phénomène sera dans
une disparition locale des réfractions sur eau froide. La question est
donc capitale, et l’observation seule peut lui donner réponse. Cette
observation est difficile. Pendant bien (les années, je l’ai poursuivie en
vain, sans arriver à trouver de faits démonstratifs. Je suis enfin parvenu
à me faire une conviction dans l’observation du cas suivant qui
m’a paru parfaitement clair.
Le 7 avril 4889, à 15 Vs>h, une belle Fata-morgana était visible de
Morges, dans la direction. Ouchy-Lutry. Elle présentait l’aspect de la
figure 148. droite, le lac montrait les réfractions sur eau froide, le
(Fig. 148.) Fata-morgana. Abaissement du plan de l’horizon sous la zone striée.
plan du lac semblait concave et la ligne de l’horizon était fortement
soulevée. Cette ligne de l’horizon se continuait à gauche en formant
la limite supérieure de la zone striée de la Fata-morgana. La limite
inférieure de cette zone était constituée par l’horizon du lac non soulevé,
qui se rejoignait par une ligne oblique ascendante avec l’horizon
soulevé de la partie droite du tableau. Sur cette ligne du lac non soulevé,
on voyait, dans un premier plan, se dessiner la pointe de la
Venoge, avec ses arbres (à 3km de distance), et un bateau à vapeur
partant de St-Sulpice, l’un et l’autre dans leur figure naturelle, et ne
paraissant aucunement déformés par les réfractions.
J’interpréterai l’observation comme suit :
a. Amdessus de l ’horizon, sur l’ensemble du lac, il régnait les conditions
des réfractions sur eau froide.
b. Ces mêmes conditions~règnaient sur la nappe du lac, en dedans
du cercle de l’horizon, à droite de la Fata-morgana; la nappe du lac
était soulevée et concave.
c. Elles régnaient au-dessus de l’horizon dans la direction de la
Fata-morgana; la côte opposée était soulevée et déprimée.
d. Dans la direction de la Fata-morgana, sur la nappe du lac, en
dedans du cercle de l’horizon, il régnait, au contraire, les conditions de
la réfraction sur eau chaude; la surface du lac était affaissée.(je n’ai
pas noté si elle-avait sa convexité exagérée, et si les dentelures des
vagues apparaissaient à l’horizon).
e. Quant à la zone striée de la Fata-morgana, c’était' un espace sans
plan postérieur en vue; la nappe du lac apparaissait au-dessous; au-
dessus, c’était la partie visible et: en vue de la côte opposée. Cette
zone striée représentait, si l’on -veut, un trou dans le ehamp visuel,
une partie sans objets faisant image..
Si cette interprétation est exacte, il y aurait eu en ce cas,, dans la.
légion de la Fata-morgana, pour les parties élevées au-dessus de l’horizon,
réfractions à concavité inférieure, qui les soulevaient ; pour les
parties en dedans , du cercle de l’horizon, ou réfraction plus faible,
ou absence de réfractions, ou réfractions :à concavité supérieure, qui
leur..donnaient un abaissement relatif ou absolu:
Je m is confirmé dans cette opinion par des observations qui me
paraissent fort importantes; je les ai faites à 4 ou 5 reprises, et toujours
dans la direction de La Vaux et de Vevey (c’est la partie du panorama
de Morges qui est le mieux éclairée aux heures où le phénomène
se montre). Dans ces observations, la zone striée de la Fata-morgana
(Kg, 149.) Zone striée de la Fata-morgana, apparaissant sur les flancs de. La Vaux
Morges, 14 mai 1879.
apparaissait, non pas en contact avec la nappe du lac, mais à une certaine
hauteur. Sur les flancs de La Vaux, à mi-hauteur, une large zone
striée verticalement coupait le paysage; les lignes obliques dessinées
par les chemins et les murs de Vignes, les surfaces- éclairées des différentes
vignes étaient interrompues comme par une falaise gigantesque