lument négatif (1). Les plus fortes seiches n’ont pas été causées par
des tremblements de terre.
2° En recherchant si les tremblements de terre actuels se traduisent
par des seiches sur les tracés limnographiques. Depuis le
20 mars 4876 que mon limnographë de Morges a commencé à enregistrer
les oscillations du Léman jusqu’à nos jours, décembre 1892, le
nombre des tremblements de terre sentis dans la vallée du Léman a
été grand. Je ne les énumère pas ici (2), mais j’en donne le résumé
par années, en indiquant soit le nombre des tremblements de terre,
soit celui des secousses. (3)
Tremblements de terre. Secousses. *
1876 2 2
1877 2 2
1878 3 3
4879 2 5
1880 6 7
1881 14 43
1882 10 15
1883 2 2
1884 4 ' 8
1885 6 9
1886 3 3
1887 10 18
1888 1 1
1889 0 0
4.890 2 2
1894 2 3
1892 0' 0
69 123
(*) Voyez pour cette énumération mon étude sur la Cause des seiches [loc. cit.
p. 63, n° 11], p. 22ë.
(2) Voir les rapports de la Commission sismologique suisse.
(3) Nous distinguons, en sismologie, le tremblement de terre de la secousse. 1 ¡e
t r em b l em e n t de t e r r e est le .phénomène complexe, composé souvent d’un
grand nombre de secousses qui se répètent avec une intensité et une extension
variable pendant des heures, des journées, des mois même, à p artir d’un centre
sismique toujours le même ; que la cause en soit volcanique ou orogénique, la
Depuis 1876. époque où ont commencé nos observations limnographiques
du lac Léman, jusqu’à la fin de 4892, nous avons donc connu
plus de 120 secousses sismiques qui ont ébranlé tout ou partie du
bassin de notre lac. Elles ont été les unes fortes les autres légères,
les unes rapides les autres prolongées, les unes locales les autres
générales, les unes indigènes les autres exogènes ; dans cette, longue
série, il semble que toutes les formes possibles de la secousse sismique
aient été représentées. Et cependant pas une de ces secousses ne
s’est inscrite sur les tracés de nos limnographes, pourtant très sensibles,
par des oscillations de seiches que nous puissions attribuer au
tremblement de terre. Non, pas même par un crochet subit qui indique
la plus petite dénivellation de l’eau, fût-elle ou non suivie d’oscillations
rythmiques. Quelle que soit la délicatesse de nos limnographes,
ils sont absolument inhabiles à devenir des sismographes.
Comment expliquer ces faits, en apparence contradictoires : d’une
part, les énormes raz-de-mer causés par certains tremblements de
terre ; d’une autre part, l’absence absolue d’effets sur des appareils
très sensibles qui enregistraient les dénivellations de l’eau, pendant des
secousses assez fortes pour tirer de leur sommeil tous les habitants
d’une ville endormie?
J’explique ces faits en disant que, dans les lacs comme dans l’expérience
à petite échelle d’une cuvette, tous les chocs ne se communiquent
pas nécessairement à l’eau ; il faut, pour qu’il y ait raz-de-
mer ou seiche, non-seulement une secousse de la terre, mais encore
que cette secousse ait lieu dans des conditions déterminées d’intensité,
de direction et de rythme.
Telle était la conclusion à laquelle j’étais arrivé dans une lettre
adressée à des journaux scientifiques (*) ; j’interrogeais les naturalistes
habitant les pays plus fréquemment visités que le nôtre par les
tremblements de terre,Jet je leur demandais si, d’après leurs observations,
il n’y a pas, au point de vue des raz-de-marée, des différences
cause des diverses secousses d un même tremblement de terre est localisée en un
même point de l’écorce du globe. La s e c o u s s e est l’ébranlement spécial dû à une
seule impulsion qui se propage centrifugalement autour du centre sismique. Chaque
secousse est composée elle-même d’un nombre plus ou moins grand d ’o s c i l l
a t i o ns qui font vaciller le sol.
0) P.-4. Forel, Seiches and earthquakes. Nature, XVII, 281. London, 7 febr.
1877. — Seiches et tremblements de terre. La Nature, VI, 1,239. Paris, 9 mars 1878.