nieurs, a vu l’eau d’un petit étang entrer en oscillation de -balancement,,
montrer de véritables seiches dont l’amplitude a atteint jusqu’à 10™ ;
ces seiches ont été visibles pendant un quart d’heure environ (f).
Jusqu’à nouvel avis, nous avons donc pour les extrêmes de durée-
de l’oscillation du sol pendant les secousses sismiques 0.2 à 7sec. Or,
si nous nous reportons à ce que nous avons vu plus haut, c’est là une-,
vitesse d’un tout autre ordre que celle des seiches uninodales ou bino-
dales des grands lacs; cela représente une impulsion beaucoup plus
rapide que celle qui pourrait mettre l’eau des lacs en mouvement de
balancement. Par conséquent, la secousse du tremblement de terre ne-
doit pas être cause des seiches proprement dites des grands lacs.
Ce n’est pas à dire cependant qu’elle n’en puisse produire dans de-
petits bassins. A l’exemple des seiches de l’étang du professeur West,
dans le tremblement de terre de Tokio du 18 avril 1889, je puis ajouter
une observation analogue que m’a racontée mon ami, feu L. Guex,
pasteur à Apples. Il était, avec sa famille, dans une villa près de
Genève, lorsque la secousse du tremblement de terre de Viôge, le
25 juillet 1855, les surprit ; ils sortirent dans le jardin et trouvèrent,
l’eau du bassin circulaire d’un jet-d’eau en oscillation de balancement ;
elle se déversait par-dessus les bords du bassin, alternativement de
chaque côté d’un même diamètre, et montrait dans ce lac en miniature
de véritables seiches uninodales. Ces faits, et le cas plus fréquent,
de mise en balancement de l’eau d’une cuvette pendant une secousse-
ci e tremblement de terre (2), montrent que l’oscillation sismique du-
sol peut déterminer des vagues d’oscillation fixe dans l’eau, mais seulement
lorsque le rythme de ces seiches est isochrone (ou à peu près),
avec celui de l’oscillation. Cela ne peut avoir lieu que dans de très,
petits bassins.
Il y aurait encore une autre possibilité de seiches causées par la.
secousse sismique; ce serait la production de seiches plurinodales
dont le rythme serait assez rapide pour coïncider avec celui de l’oscillation
sismique. C’est ce qui a peut-être lieu dans les tremblements de
terre marins, dans ôes vagues de transmission qui traversent l’Océan
à la suite d’une secousse de tremblement de terre (v. p. 204) ou d’un
(') Nature XL, 162. Londqn 1889.
(2) Le sismographe de Palmieri, bassin rempli de mercure dont le liquide se ■
déverse à chaque oscillation pa r les échancrures du vase, met en évidence les seiches
en miniature, causées p a rle tremblement de terre.
effondrement du sol (vague de Krakatoa). Toutefois je ne puis m’empêcher
de remarquer que, dans ce que nous allons appeler les vibrations
du lac, que nous assimilerons par hypothèse à des seiches
multinodales, la durée deiïoscillation est encore de V2 ou 2 minutes,
c’est-à-dire beaucoup plus grande que celle des oscillations sismiques ;
que dans lès vagues de transmission de l’Océan, la durée de la vague
est de plusieurs minutes, ou de fractions d’heure, c’est-à-dire d’un tout
autre rythme que celui des éléments de la secousse du tremblement
de terre.
Mais je ne veux pas me perdre ici dans-une discussion qui nous
entraînerait trop loin de notre sujet, et je conclurai simplement : Nous
ne possédons pas encore d’observations limnographiques de seiches
produites par des secousses sismiques. Ou autrement : les seiches
ordinaires ne sont pas causées par des tremblements de terré.
CONCLUSIONS
Je me suis étendu longuement sur la question des seiches. Cela m’a
paru nécessaire pour justifier une théorie nouvelle sur un phénomène
d’observation difficile, et compliqué dans ses apparitions. L’observation
en est difficile, car sauf quelques circonstances exceptionnelles,
les seiches ne se manifestent pas directement aux sens de
l’homme ; et cependant, pour la compréhension du phénomène, il faut
tenir compte aussi bien des petites seiches de quelques millimètres
de hauteur que des grandes seiches historiques des Genevois. Le phénomène
est compliqué, c a rie s types des seiches sont divers, divers
d’un jour à l’autre, divers d’une station à l’autre, divers d’un lac à
l’autre; et cependant, dans cette diversité, nous avons reconnu des
lois générales, des faits généraux qui nous ont permis de constater
l’ordre admirable qui règne au milieu de cette apparence de
désordre.
Nous avons démontré la nature oscillatoire du mouvement des seiches
; nous avons constaté leur développement en séries ; nous avons
reconnu l’analogie évidente avec les mouvements pendulaires. Tous
les faits observés (’) s’expliquent et s’enchaînent facilement si nous
(*) S'il y en a encore quelques-uns en souffrance, p a r suite certainement d’insuffisance
des observations, j ’ai l’assurance qu ’ils s’expliqueront aussi facilement
et aussi bien qué tous ceux qui. nous ont successivement arrêtés.