Nous pouvons admettre que ces chiffres sont applicables à 1 ensemble
de la vallée. Or nous venons de voir que, dans les conditions les
plus favorables, l’ampbtude de la variation journalière de la température
pélagique du lac n’est que de 1.1», qu’elle est certainement inférieure
à 2»-et ne dépasse pas 4». Le lac représente donc une étendue considérable
à température relativement constante ; pendant le milieu de la
journée, il a une tendance à être moins chaud que l’air sus-jacent ;
pendant la nuit, il est plus chaud. Il doit donc être un modérateur des
variations thermiques de l’air, et il est en effet un modérateur puis-
' sant.
Cherchons si possible à rendre compte de l’effet delà variation journalière.
Supposons que la variation journalière soit nulle dans 1 eau du
lac ; admettons que l’atmosphère qui surmonte la région pélagique
subisse les mêmes variations journalières que E. Plantamour a constatées
à Genève (*)• Nous pourrons indiquer pendant combien d heures
de la journée moyenne de chaque mois l’air est plus chaud que la surface
du lac, pendant combien d’heures il est plus froid.
Exemple de ce calcul : La température moyenne de l’eau pélagique du
lac dans le mois de juillet est 19.9»; la température moyenne de l’air est
18.8». Mais par le fait de la variation journalière, l’air s’élève au-dessus
de 19.9» depuis 10h à 19h, soit pendant 10 heures ; il reste en dessous
de la température du lac pendant 14 hèures. Je répète ce calcul poui
les autres mois.
D’après les moyennes générales, la température de l’air est plus
élevée que celle du lac
en mars de l l h à 18h soit pendant 8
avril 10 ' 23 14
mai 9 22 14
juin 9 20 12
juillet 10 19 10
août 11 18 8
septembre 11 17 7
dans les mois d’octobre à février le lac reste toute la journée plus
chaud que l’air.
Ainsi donc, en nous adressant aux moyennes générales des temperatures
aériennes et lacustres, nous voyons que, pendant les sept mois
de la saison chaude, malgré les différences considérables entre la
moyenne atmosphérique et la moyenne lacustre, l’air est plus chaud
que le lac pendant quelques heures de la phase diurne.
Mais si ces relations présentent déjà une telle complication dans les
moyennes générales, il est évident que le phénomène est en réalité
beaucoup plus compliqué encore ; les températures moyennes que
nous avons utilisées représentent un état général intermédiaire entre
les cas extrêmes, accidentels, qui d’un jour à l’autre varient dans des
proportions considérables ; les chiffres donnés par les moyennes ne
s’observent que très rarement, pour ainsi dire jamais. Tantôt c’est l’air
qui est plus chaud, tantôt c’est l’eau qui dépasse la température normale
; l’air se réchauffant, se refroidissant plus vite que l’eau. Les cas
accidentels qui sortent des conditions moyennes sont très fréquents
et ne doivent pas surprendre celui qui demande à la loi l’explication
des faits qu’il observe.
TEMPÉRATURE PÉLAGIQUE E T HUMIDITÉ ATMOSPHÉRIQUE
Une nappe d’eau évapore tant que sa température est plus élevée
que celle du point de saturation de l’air ; quand elle est plus basse,
l’eau condense à sa surface la vapeur d’eau contenue dans l’air.
Nous avons vu, 1 .1, p. 281, quel est l’état moyen de la tension de la
vapeur d’eau dans l’atmosphère de Genève. Admettant que cet état
soit celui de l’air qui surmonte l’ensemble du lac, je cherche les
conditions hydrométriques de la nappe du Léman par le calcul suivant
:
Au mois de janvier, la tension de la vapeur d’eau dans l’air est
(à Genève) de A.lbrma de mercure. Cette tension correspond à celle
de la saturation de l’air à M 1.4». Dans le mois de janvier, la température
pélagique de l’eau est - f 5.9». Il y a donc un excès de 7.3» de
la température pélagique du lac sur la température de saturation de
l’air ; l’eau du lac est donc dans les conditions de l’évaporation et doit
émettre des vapeurs dans l’atmosphère. 11 est inutile de donner les
valeurs analogues pour chaque mois ; je me borne aux valeurs saisonnières
et annuelles :