de cinquante ou de cent mètres de hauteur, les lignes et les surfaces
lumineuses se continuant au-dessous dans la direction primitive, mais
avec un d é c ro c h em e n t, suivant l’expression des géologues, très manifeste
(flg. 149, p. 549). Ici encore, il semble que les parties supérieures
soient soulevées, les parties inférieures abaissées, et que la zone striée
soit le plan limite de ces réfractions opposées, étiré en hauteur. -
Une observation plus, complète est celle que j’ai faite le 27 juin 1879,
à 16h20, dans la direction de Cully. Je la représente fig. 150. Comme
(Fig: 150.) Observation du 27 juin 1879, vue de Morges. La zone striée à mi-hauteur
de La V a u x , et les réfractions sur eau chaude avec mirage au niveau du lac.
dans les cas précédents, une zone striée de la Fata-morgana, a, travei -
sait à mi-côte les'flancs de La Vaux; mais en plus, j’ai constaté avec
sûreté et netteté l’apparition du mirage des réfractions sur eau
chaude, b, du vrai mirage du désert dans les parties en contact avec le
lac c. 11 y avait manifestement dans les parties basses les conditions.
des réfractions sur eau chaude.
Si ces notions sont éxactes et peuvent s’étendre à la généralité des
cas de Fata-morgana, de la Fata-morgana au niveau du lac, ce phénomène
serait dû à la superposition de deux ordres de réfraction ; 'en
haut, les réfractions à concavité inférieure, causées par une stratification
d’ordre direct,- en
. ______ bas, les réfractions à
j ■ concavité supérieure
c a u s é e s p a r u n e . s t r a -
\ tific a tio n d ’o r d r e in-
A . - - -V '' v e r s e ; 'd a n s le p la n li-
(Fig.151.) Superposition hypothétique des deux types. m ite e n tr e Ces d e u x
de réfraction.- . , o r d r e s d e d é v ia t io n ,
extension en hauteur des objets constituant la ligne inférieure de la
partie en vue, et form^ÎÎonde la zone striée. La figure 151 donnera
une idée de l’hypothèse que j ’énonce ici. Un point A au-dessus de l’horizon
apparent serait soulevé par la trajectoire à concavité inférieure
des rayons qu’il émet et apparaîtrait en A'. Un point B sur le cercle
de l’horizon apparent serait abaissé et paraîtrait en B' par suite de la
trajectoire à concavité supérieure des rayons qu’il renvoie. L’angle a,
entre le plan de l’horizon apparent, B1, et le plan inférieur des premières
masses visibles sur la Côte opposée, A', donnerait la hauteur
de la zone striée de la Fata-morgana.
Est-ce possible 7 Une telle superposition de stratifications opposées
est-elle admissible ? Une telle complication de réfractions différentes
peut-elle faire image simultanément dans notre oeil? C’est aux physiciens
et aux mathématiciens à-juger si cette explication très simple
des faits observés se prête aux nécessités de l’optique.
_ - Comment se fait l’extension en hauteur des objets qui remplissent
la zona striée de la Fata-morgana? Je n’ose pas essayer d’en rendre
compte; je me borne à reproduire l’explication qu’en a donnée, en
1854, M. le professeur Ch. Dufour [loc. cit. p. 545].
Après avoir montré comment, par les réfractions sur l’eau froide, les
objets situés à une certaine hauteur sont déprimés, il continue dans
ces termes : « Supposons le cas d’un objet situé plus près du rivage,
tel que certaines maisons de la Tour-de-Peilz, peu élevées au-dessus
du lac, qui de Morges se voient presque à fleur d’eau. La partie supérieure
de la maison paraît élevée par le fait de la réfraction, tandis que
la partie inférieure, déjà plongée dans la zone froide qui avoisine le
lac, ne participe pas à ce déplacement. En conséquence, pour un tel
objet, la partie supérieure est relevée, la partie inférieure ne l’est pas.
Donc l’objet est amplifié dans le sens vertical. »
J ajouterai que M. l’ingénieur Delebecque a donné une èxplication
tout autre de la Fata-morgana qu’il attribue à une superposition de 3
ou 5 mirages alternativement directs et inverses. Mais il me semble
que sa théoriè se rapporte à d’autres apparitions; je la reproduirai
quand j’arriverai à la description de ces phénomènes.
La Fata-brumosa.
Un second type d apparitions est assez fréquent pour que j’en puisse
donner une description. Qu’il me soit permis de suivre la gracieuse