de chanvre, ou bien par l’inclinaison de la sonde, l’appareil thermométrique
étant emporté par des courants profonds ou bien restant en
place sous un bateau chassé par un courant de surface; dans certaines
couches où la stratification thermique est très serrée, où le taux de la
variation s’élève à 0.4 et 0.5° par mètre, un écart dans la mesure de la
profondeur peut amener des erreurs de température arrivant à un ou
plusieurs degrés.
Mais, la part légitime étant faite à ces accidents de l’observation, il
n’en reste pas moins un fait évident, à savoir l’irrégularité de la courbe
thermique dans la verticale; la propagation de. la chaleur se fait irrégulièrement
dans les couches moyennes et profondes du lac. Quelle
est la cause de cette irrégularité ?
La plupart des actions qui réchauffent directement le lac ont un
effet maximal à la surface et un effet progressivement décroissant dans
la profondeur. La conduction thermique qui propage de molécule à
molécule la chaleur livrée à l’eau par contact avec un air atmosphérique
plus chaud, la Conduction diathermique qui fait pénétrer à travers
les couches diathermanes de l’eau la chaleur du soleil rayonnée directement
par l’astre ou réfléchie par les corps réchauffés par lui, tous les
phénomènes de conduction qui président au réchauffement du lac
devraient, semble-t-il, s’ils étaient seuls actifs et régulièrement actifs,
donner une courbe thermique verticale régulière.
11 Ÿ a deux causes aux irrégularités constatées :
a. Les intermittences de réchauffement et de refroidissement-qui
font alterner des phases de stratification et des phases d’uniformisation
thermique. Tantôt c’est un retour de froid qui, au milieu du printemps,
refroidit la surface du lac surchauffée auparavant par un beau
temps précoce ; tantôt, et c’est un fait normal qui se reproduit chaque
jour, le froid nocturne de la période journalière amène l’uniformisation
des couches supérieures Stratifiées par l’action solaire dans la phase
diurne.
Nous aurons à traiter longuement cette dernière question quand
nous arriverons à l’étude de la variation périodique journalière dans la
thermique du lac, et nous expliquerons à cette occasion la curieuse
anomalie de la stratification thermique dans les eaux de surface jusqu’à
20 mètres de profondeur.
b. Les actions de convection font descendre accidentellement
dans les couches moyennes et profondes des masses d’eau de
surface qui, par le fait de leur température plus élevée, vont anormalement
réchauffer les couches où elles pénètrent ; d’une part la convection
hydrostatique dans laquelle l’eau littorale est alourdie par les
poussières de la vase soulevée par les vagues, dans laquelle l’eau d’un
affluent est alourdie par l’alluvion en suspension qu’elle charrie ; d’une
autre part la convection mécanique dans laquelle l’eau, de surface,
accumulée par un grand courant d’air dans le littoral sous le vent, est
obligée de chercher une voie pour son courant de retour dans les couches
moyennes ou profondes, est ainsi chassée dans des couches inférieures
à celles que sa densité lui commanderait. Les actions de convection
sont essentiellement accidentelles; elles amènent dans les couches
moyennes des réchauffements anormaux qui détruisent la régularité
de la courbe thermique. C’est à elles que j ’attribue les inflexions de la
courbe que nous constatons'dans les profondeurs de 20 à 80m.
J’ai eu l’occasion de constater l’effet puissant sur la thermique du
lac des courants de convection mécanique dans les conditions suivantes
('). Le 16 mars 1887, j’avais mesuré la température du Léman
et reconnu qu’elle s’était uniformisée pendant l’hiver, étant descendue
à 5.3° dans toute l’épaisseur du lac et même à 5.2» dans la couche très
profonde. Or le printemps avait été fort venteux; les 9 et 10 avril, il a
soufflé de fortes bises; les bises des 2 et 6 mai o nt.é té d’intensité
extrême. Immédiatement après, le 10 mai, j’ai opéré un sondage thermométrique
qui m’a montré une propagation de la chaleur jusqu’à des
profondeurs étonnantes pour la saison. Voici quelques chiffres comparatifs
de ces deux sondages :
ROFONDEUR 16 MARS . 10 MAI D IF F É R EN C E
N° 3 8 n » 3 9
0m 0.1° : 8.9» + 2.8°
20 5.3 8,0 - + 2.7
40 5.3 7.7 + 2.4
80 5.3 5.7 + 0.4
100 5,3 5.7 , r f 0.4
140 — 5.5 . -j 0.2
180 — 5.3 * :+ 0.1
300 5.2 — :■
température de la surface, qui à la fin d’avril s’était élevée jus-
0) C. R. Aead. Sc. Paris, CHI, 47.1886.