rement chargé de vapeurs, et légèrement agité par un vent de nord-
est; le thermomètre à 12 Cj degrés de Réaumur, et le baromètre à
27 pouces 3/16; M. Soret se trouvant chez moi, au deuxième étage
d’une maison située au bord du lac, s’amusait à regarder, avec un
(Kg. 166.) Le soi-disant mirage latéral de.Soret et Jurine. Genève 17 septembre 1818
(réduction à moitié du croquis de Jurme).
grand télescope, une barque chargée de tonneaux, dont les deux
voiles étaient déployées, et qui faisait route pour Genève.
« Au moment où cette barque arriva à la hauteur de la pointe de
Bellerive (cap formé par le rétrécissement, du lac, à une lieue au-dessus
de Genève, et situé su r 'la rive gauche), elle changea un peu sa
direction primitive, W se portant vers la rive gauche. Ce fut dans cet
instant que M. Soret vit paraître au-dessus de l’eau l’image des deux
voiles, laquelle, au lieu de suivre la marche de la barque, s’en sépara
pour en prendre une différente, en cheminant du côté de la rive droite,
dans là direction apparente de l’est à l’ouest, tandis que la barque
marchait du nord au sud.
« Au moment de l’observation, la partie du lac où se trouvait la barque
paraissait calme, et, comme à l’ordinaire, d’une couleur d’aigue
marine, tandis que celle qui était rapprochée de l’observateur était faiblement
agitée, ét d’une teinte grisâtre, due, sans doute, à la réflexion
des images.
« Quand l’image se sépara de la barque, ses dimensions étaient égales
aux deux voiles qu’elle représentait; mais à mesure qu’elle s’en sépara,
elle diminua insensiblement, de manière à se trouver réduite de
moitié lorsque le mirage cessa.
« J’arrivai à temps auprès de M. Soret pour voir ces deux objets à peu
de distance l’un de l’autre; ils s’avançaient toujours sur le même plan,
de manière qu’en faisant mouvoir le télescope horizontalement, ils passaient
l’Tin après l’autre dans le champ de l’instrument. Quand les
rayons solaires qui perçaient de temps en temps au travers des
nuages, se portaient sur l’image, on la distinguait aisément à la vue
simple; observée avec le télescope, elle paraissait d’une blancheur
éclatante : mais ce qui nous frappa le plus, fut de ne pas voir cette
image renversée, comme cela a lieu dans les mirages ordinaires, et de
ne pouvoir distinguer au-dessous d’elle ni le corps du bâtiment, ni les
tonneaux dont il était chargé; les voiles seules étaient reproduites
dans la môme position qu’elles occupaient sur la barque, et également
gonflées.
« Entre le corps palingénésique et la surface plane de l’eau, il semblait
exister un intervalle, au-dessus duquel nous vîmes pendant quelques
instants se réfléchir assez nettement une partie de l’image de ce
corps.; mais dès qu’il eut atteint la surface agitée, cette réflexion cessa
et j’observai sur le bord postérieur de la grande voile une ondulation
qui paraissait coïncider avec celle des petites vagues environnantes.
« Au bout d’un certain temps, une maison voisine m’ayant masqué la
barque, je priai M. Soret de monter au grenier pour continuer l’observation.
Quoique son nouveau poste l’eût placé à unè élévation plus
que double de la mienne, au-dessus de la surface de l’eau, il vit également
bien l’image, qui continuait à s’avancer vers la rive droite, à