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 dérables  en  été,  et surtout à la fin  de  cette  saison.  Les  plus  grandes  
 qui  aient  été  observées  ont  toujours  eu  lieu  dans  les mois  de  juillet  
 et d’août  ou  au  commencement  de septembre. 
 »  7°  Le minimum  des  seiches  n’a  pas  de  terme,  mais  leui  maximum  
 ne va pas  au-delà de  cinq  pieds. 
 »  8°  Enfin,  q u o i q u e   l a   durée  de  la seiche soit très variable, ses limites  
 en plus ne  sont  guère  au-delà de 20  à  25  minutes  et  restent  foit  
 souvent  en  deçà, tandis que  ses limites  en moins  sont  zéro.  ». 
 Dans  la  seconde partie  de son mémoire,  Vaucher  recherche  quelle  
 est  la  cause  des  seiches,  et,  après  avoir  critiqué  les  théories  de  ses  
 prédécesseurs,  il  expose l’explication qui, jusqu’à nos jours,  est restée  
 généralement admise.  1  cherche la cause  des  seiches  dans  les  variations  
 de la pression  atmosphérique;  après  avoir  reconnu  que  les  seiches  
 coïncident généralement  avec  de grands mouvements barométriques, 
   il considère deux  régions  distinctes  du  lac.  11  suppose  que  dans  
 l’une la pression barométrique  diminue,  dans  .l’autre  elle  reste  constante  
 ou  elle  s’élève ;  ces  deux  régions  sont  alors  inégalement  chargées  
 par l’atmosphère,  et le niveau  de l’eau  doit tendre à s’élever dans  
 la région  où la pression barométrique  a baissé,  doit s’abaisser  dans  la 
 région  où  la pression  est la plus forte. 
 «  11  faut considérer,  »  dit-il,  «  les  eaux des lacs  comme formant  un  
 syphon  à une  infinité de branches,  dont  l’une  quelconque  communique  
 à toutes  les  autres;  que  cette  branche  centrale,correspondant  à  
 toutes  les  autres  soit,  pour  le  moment,  chargée  de  la  colonne  d’air  
 dont le poids doit varier,  si  cette colonne  admet une  augmentation  de  
 poids  ou  de tension  qui  corresponde  à  une  ligné  de  mercure  et  par-  
 conséquent  à U   lignes  d’eau,  l’eau  subjacente  tendra  à  baisser  de  
 -14  lignes,  et  cette  quantité  dont  elle  s’abaissera  dans  la  branche  
 correspondante du  syphon, sera la même  dont  elle  s’élèvera  dans  les  
 autres branches,  qui n’auront-pas  changé  de  poids  puisqu’il  faut  que 
 l’équilibre subsiste.  »  0 - 
 C’est du  reste  ce que  Saussure  avait  déjà  admirablement  formule 
 dans les trois  lignes  que nous  avons  citées plus haut. 
 En 1838,  a paru,  à Lausanne, un mémoire  anonyme  en  anglais sans  
 aucune valeur scientifique,  où l’auteur  sa ,p e rd   dans  des  divagations  
 sur  les bulles  de  gaz  de  marais  qu’il  voit  sortir  du  lac.  Je  ne  le  cite  
 ici que pour  donner un  exemple des hypothèses  saugrenues  que  sus( 
 1)  Vaucher, loo.  cit., p. 82. 
 citait le phénomène incompris  des  seiches  qui  préoccupait  vivement  
 l’imagination  des naturalistes. (*) 
 Une très belle  observation  de seiche est celle qui a été faite à Genève,  
 en  octobre  1841.  Vu  l’importance  de  cette  observation  (ce  sont  les  
 plus fortes seiches connues sur le Léman), je reproduis presqueen entier  
 la  lettre  où  ont  été .transcrites  les  notes-  de M. Veinié,  directeur de  la  
 machine  hydraulique  de Genève.  (2) 
 «  La journée de  samedi  2  octobre  1841,  après  avoir  été  couverte,  
 s’est terminée par un  orage  violent;  vers  7 l/a  h,  les  éclairs  se  succédaient  
 sans  laisser  aucun  moment  d’intervalle ;  une  pluie  accompagnée  
 de  beaucoup  de  grêlons  de  petite  dimension  tombait  avec  
 abondance.  Pendant le peu  de  temps  que dura  cet orage  (trois  quarts  
 d’heure  environ),  le  lac  éprouvait  des  variations  de  niveau  fort  rapides  
 et fort  considérables;  aucune observation  exacte n’a  pu  être  faite  
 au  limnimètre  du Grand-Quai qui  accuse  la  hauteur  du  lac,  ni à celui  
 de la machine hydraulique qui  détermine  celle  du  Rhône,  parce  que  
 ces variations  étaient  si grandes  qu’elles  dépassaient  l’échelle  de  ces  
 instruments. 
 »  Dimanche,  3  octobre,  à  4 11  du  matin,  un  nouvel  orage  a  éclaté,  
 moins violent que  celui  de la veille ;  cet orage  a,  comme  le  précédent,  
 été accompagné  de variations  dans  le niveau  de  la hauteur  du  lac;  on  
 a observé le limnimètre, mais on  n’a pas pu tenir compte des variations  
 qui  ne  pouvaient  être  accusées  par  la  raison  ci-dessus  mentionnée  :  
 ce n’est que  depuis 5  h  qu’on  a pu  faire les observations  exactes  dont  
 je Vais donner les résultats. 
 (!)  On the phenomenon  called  Ihe  Seiche,  observed  on  the  lake  of Geneva.  L au sanne  
 1888. — Après avoir résumé  assez  bien,  d’après Vaucher, les allures des seiches, 
  notre anonyme continue, je  traduis :  «  Ge qu’elles  ont de  plus  remarquable,  
 c’est la rapidité avec laquelle elles montent et descendent, la facilité avec  laquelle  
 elles  changent la direction-de  leur  mouvement.  G’est  là  un  caractère  qui  n ’appartient  
 qu’au règne animal  il y a là,  volonté  et intention  Le  phénomène  est 
 vraiment terrifiant. On  dirait qu’un  vaste gouffre,  ou mieux  encore,  une  gigantesque  
 gueule ait entrebâillé  ses mâchoires  formidables  au  fond  du  lac.  L ’eau,  toute  
 .la. masse du lac baisse, en  quelques instants,  de plusieurs pieds au-dessous de son  
 niveau,  puis elle s’arrête dans  sa  chute.  Pourquoi ?  Qui  sau rait  le  deviner?  Un  
 peu plus, et tout le lac allait être englouti, absorbé,  cela  est  certain,  pa r  dessous  
 des racines des montagnes, jusque dans  quelque .océan  éloigné.  Mais  n’est-ce  pas  
 épouvantable ? Si un lac peut ainsi disparaître subitement devant nos  yeux,  sous  
 nos  pieds, sommes-nous  encore  assurés  de  la  solidité  des  montagnes?  Y  a-t-il  
 vraiment encore quelque pa rt quelque  chose.de  stable ?  » 
 (2)  Lettre de M. Oltramare  à M. Arago  su r  une  seiche  du lac  de Genève.  Comptes  
 rendus  de l’Acad.  dès Sc.  de Paris, XIII, 829.18 octobre  1841.