Voici les chiffres ordonnés par ordre des températures de l’eau :
N°* Auteurs TempéOxygène
'Azote, Acide' SOMMES
6 Risler
rature carbonique O-l-N O-j-N-j-CO*
19.6° 6.80 41.87 2.88 18.7 21.6
10 Lossier 10.0 5.62 13.87 12.04 19.3 31.3
8 id. 9.7 9.50 17.35 9.90 26.8 36.7
9 id. 9.5 4.98 13.71 12.52 18.7 31.2
3 Deville 8.7 8.4 18.4 8.0 26.8 34.8
7 Lossier 6.6 10.38 17.6 4.61 27,5 32.1
4 Michaud .? 9.0 15.5- 9.7 24.5 34.2
Les résultats sont trop discordants pour que nous puissions en tirer
grand’chose.
La moyenne de ces diverses analyses des gaz dissous est :
Oxygène 7.8°ms
Azote 154
Acide carbonique 8.7
Somme d’azote et oxygène 23.2
Somme totale de gâz dissous 31.9
L eau de la surface est en rapport tellement intime avec l’air
atmosphérique que nous devons la croire saturée. C’est ce qui semble,
en effet, avoir lieu, pour autant que nous pouvons en juger, au milieu
des divergences des diverses analyses. D’après la formule de Bunsen,
1 eau pure en contact avec l’air atmosphérique, sous une pression de
730,nm de mercure (pression moyenne à la surface du Léman), contiendrait
à saturation, en centimètres cubes de gaz dans un litre :
Oxygène. Azote. Acide carbonique.
a 5° 7.3 13.6 0.6
10 6.5 . 12.2 0.5
20 5.7 io.7 o.3
En comparant ces chiffres avec les résultats moyens des analyses,
je constate que ces dernières indiqueraient un état de saturation et
souvent de sursaturation pour l’oxygène et pour l’azote, et un excès
énorme pour 1 acide carbonique. Nous allons revenir sur cette
question.
VI. E a u d e s p r o f o n d e u r s .
La composition que nous avons reconnue à l’eau de surface se
maintient-elle dans les profondeurs du lac, ou bien varie-t-elle, et de
quelle manière ?
Les mêmes considérations générales que nous avons exposées au
sujet des variations locales des eaux du lac sont ici encore parfaitement
valables. En attendant que des analyses comparées aient jugé la
question, je crois pouvoir l’apprécier comme suit. La grande masse
des eaux du lac, les couches moyennes, doivent être,de composition
relativement uniforme ; elles ne reçoivent directement, en effet,
aucune des eaux pluviales et fluviátiles qui diffèrent notablement des
eaux lacustres ; c’est, par convection mécanique et thermique que les
eaux profondes et les eaux superficielles arrivent dans les couches
moyennes ; les actions de mélange ont donc l’occasion de se manifester
à loisir. Au contraire, les couches supérieures et les couches
inférieures du lac, les eaux de surface et les : eaux de grands fonds
doivent être le plus différentes ; les eaux de surface reçoivent directement
la pluie et les eaux légères, des affluents qui s’y déversent, en
des points différents, disséminés sur le contour des côtes; les eaux des
grands fonds reçoivent directement les eaux lourdes des affluents qui
y viennent converger, et s’y étalent en se stratifiant en ordre de densité.
.Ordinairement, dans ces couches profondes, la diffusion intervient
pour y produire des effets de mélange ; exceptionnellement un
ouragan violent, comme celui du 20 février 1879 (v. p. 282), va remuer
ces grands fonds par le courant de retour du vent ; ou bien un grand
hiver, comme nous l’avons vu (p. 356), amène une circulation d’origine
thermique qui fait descendre les eaux de surface jusque sur le
plafond du lac. Dans les grands fonds, les actions de mélange sont
donc ordinairement très lentes ; les cas où elles deviennent fortes sont
très rares. Il est donc probable que les eaux lourdes des affluents,
notablement différentes des eaux lacustres, y Stationnent longtemps
avant de se confondre dans la masse relativement uniforme des eaux
moyennes du lac.
La seule analyse complète que nous ayons des eaux profondes est
celle de M. Brandenbourg (N° 12), faite sur de l’eau que j’avais
prise moi-même à 250™ de profondeur, c’est-à-dire à 60™ encore