vagues de sudois dans l’ensemble du golfe de Morges (carte de
février 1878), vagues de vaudaire sous le débarcadère des bateaux à
vapeur (observations de 1877); leur direction est parallèle à la'crête
des vagues de l’eau. Une fois établies, ces rides persistent jusqu’à ce
que des vagues d’intensité suffisante viennent de nouveau bouleverser
le sol. Les vagues plus faibles, qui soulèvent parfois assez la vase
pour salir l’eau, peuvent bien remuer un peu le sable et rafraîchir
l’acuité des crêtes des rides ; mais elles n’ont pas assez de puissance
pour modifier sensiblement l’orientation des rides..
On pourrait tirer une conclusion pratique de ce dernier fait : si
dans une couche géologique on peut déterminer l’orientation des rides
de: fond, on en déduira la direction probable des plus fortes vagues
qui agitaient le littoral au moment où ces rides ont été formées.
Le long du mur d’un quai, les rides de fond sont en général parallèles
à ce mur. Cependant, le 7 février 1879, j’ai vu immédiatement
•contre le quai de Beau-Rivage, à Ouchy, des rides perpendiculaires à
ce mur, sur un espace de 50™ de largeur, les rides parallèles reprenant
plus en avant.
Un obstacle saillant au milieu d’une plaine de sable, un pilotis, un
bloc de pierre, modifient localement la direction des rides. Je me bornerai
à donner comme exemple le croquis, fig. 98, dessiné le 25 janvier
1879, des rides qui entouraient un groupe de blocs erratiques
situés à côté du débarcadère d’Ouchy, l’ancien débarcadère de Beau-
Rivage, sous 1.5m d’eau. Dans ce croquis, les rides dessinées en traits
pleins ont été fidèlement copiées d’après nature; la partie pointillée
donne seulement la direction générale des rides, une brise s’étant
levée pendant que j’exécutais mon dessin, et m’ayant empêché de
suivre avec soin le détail de chaque ride. D’après ce croquis, la direction
des rides était en général perpendiculaire aux faces des pierres ;
cela explique, par analogie, mon observation du 7 février 1879, devant
le quai de Beau-Rivage d’Ouchy.
Rides anormales. Dans les rides normales l’arête est simple, et
elle est limitée de chaque côté par un sillon unique, qui est commun
aux deux rides voisines.
Quelquefois la forme se complique par l’apparition d’une ride secondaire,
peu saillante au milieu du sillon, de telle manière qu’une ride
de grande taille et bien marquée alterne avec une petite ride peu
élevée (fig. 99). J’ai observé ce fait le 11 février 1878, au milieu de la
beine de Morges, par 4 mètres
de fond, près du bord du
(Fig. 99.) Bides anormales, avec alternance d’une mont ; depuis lors j’ai VU de
petite ride intermédiaire. nouveau plusieurs fois ce type
et en examinant le moulage du 5 janvier 1869 dont j ’ai parlé plus
haut, j’y trouve des traces de cette anomalie (fig. 95, a).
Dans mes bassins à expériences, j ’ai surpris la formation de ce
type anormal. Lorsque j’ai déterminé, dans du sable de grosseur peu
uniforme, de larges rides par un balancement énergique de l’eau, si je
modère le balancement, le sable le plus fin peut se disposer en rides
dont la largeur est moitié moindre que celles du sable plus grossier ;
au milieu du sillon des grosses rides, il s’établit une petite ride moins
élevée, et formée de matériaux plus fins et plus légers que les grosses
rides qui le bordent.
Le 7 avril 1875, j’ai observé sous le pont du Rhône de Riddes en
Valais, des rides de fond à arête double, dessinées sur le sable perpen-
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