Préverenges, contemplés de Morges à 2to de distance, réduite au
huitième ou au dixième de la hauteur de l’image réelle.
Cette réduction de l’image n’est point due à la rotondité de la nappe
réfléchissante, comme dans le cas des images de Charles Dufour; c est
à trop courte distance et sur une longueur trop petite que se fait la
réflexion. Je l’attribue à l’irradiation des parties éclairées qui éteint les
parties sombres. Sur chaque vague, ainsi que nous l’avons dit,
page 494, le mur noir se réfléchit aussi bien que le ciel blanc ou bleu
clair ; si ces diverses masses colorées avaient le même éclat, leurs
relations réciproques resteraient les mêmes dans l’image composée de
réflexion que dans l’image réelle. Mais les parties blanches et fortement
éclairées s’irradient beaucoup plus que les parties sombres;
elles débordent sur celles-ci ; elles les éteignent, elles les effacent. Et
en somme l’image réfléchie du corps noir est beaucoup plus petite,
beaucoup moins nette que
celle d’un corps blanc; un
corps trop petit, un mât, une
corde ne fait pas image sur
■ r»r i>eau dans teiie§ circ°ns‘
tânces.
L e sur un lac Dans la figure 127, le mât
et.les agrès d’un canot ancré
<Fig 128.) Barque marchande réüi
clair, 31 mal 1889.
de l’autre côté de la jetée ne donnaient aucune image sur l’eau du port.
La figure 128 reproduit le dessin d’une barque qui se dessinait
comme un corps sombre sur la côte opposée et sur un lac briUam
inp.nt, éclairés, le 31 mai 1889, à 15'1.
VI. Arc-en-ciel réfléchi sur le lac.
Parmi les phénomènes que l’on peut relier à la réflexion des rayons
lumineux sur le lac, un des plus intéressants et des plus brillants-est
la formation d’un second arc-en-ciel, excentrique au premier.
Le phénomène a été vu plusieurs fois sur le Léman 0 . J’analyserai
la description la plus complète, celle de M. Henri Dufour (*) qui donne
en même temps l’explication très satisfaisante de l’apparition.
Le 10 juin 1889, à 18h!0m, M. G. de Palézieux, de Vevey, en station
à Rivaz (entre Cully et Vevey) vit se former l’arc-en-ciel sur un
nuage de pluie, dans la direction du Valais. L’arc primaire de 41°
aussi bien que l’arc secondaire de 52°' étaient complets.. Le centre de
ces arcs, soit le point antisolaire, était à 15° environ sous l’horizon.
A côté de ces arcs normaux, il s’élevait en l’air des fragments d’arcs
extraordinaires,, venant couper les arcs normaux à peu près au niveau
du lac, mais s’en écartant en dehors et se perdant dans les nuages.
Ces arcs anormaux avaient la même disposition de couleurs que les
arcs normaux, le rouge étant extérieur à l’arc primaire, intérieur à
l’arc secondaire; ils étaient de même rayon que les arcs normaux respectifs,
mais leur centre situé dans le même plan vertical était de 30°
environ plus élevé que le, point antisolaire.
Ces arcs anormaux étaient dus à la réfraction sur les gouttes de pluie
et au renvoi à l’oeil des rayons solaires provenant de la réflexion
de l’astre-sur la nappe du lac. Derrière le spectateur s’étendait en effet
le golfe de Cully, sur lequel le soleil, bas sur l’horizon (il devait être à
15° environ) étaitréfléchi en une masse énorme de lumière. Cette image
du. soleil sur l’eau équivalait à un second soleil, capable de former
arc-en-ciel sur le nuage de pluie ;'de là la formation des arcs anormaux.
(Fig. 129.) Observation de M. G., de Palézieux, 10 juin Î889!
Le spectacle vu par M. de Palézieux était plus complet encore. 11
paraît que le lac était calme pendant son observation. Toujours est-il
(l)-Note sur une forme rare d’arc-en-ciel. Bull. S. V, S.N.XXV, 46. Lausanne, 1890.
Voyez aussi l’intéressant mémoire du même auteur sur la réflexion de l’arc-en-ciel
à la surface d’une eau tranquille, ibid. X X 1 ,191, 1886.