d’une méthode .scientique par le Père A. Secchi, de Rome, qui, en
1865, fit au large de Civita-Vecchia une campagne pour déterminer,
par ce procédé, la transparence des eaux de la Méditerranée. (')
Pour simplifier la description, j’ai introduit la désignation de
Mé th o d e du P è r e S e c c h i pour l’étude de la transparence des
eaux qui cherche la limite de visibilité d’unldisque blanc descendu
dans l’eau. Ce n’est pas à dire que nous n’ayons pas notablement
modifié les dispositions de l’illustre physicien du Collège romain.
J’emploie, ou bien un disque en feuille de zinc, vernie en blanc, de
20™ de diamètre, attachée à une corde graduée, ou bien une assiette
de faïence blanche, de mêmes dimensions. La plaque de métal est
moins fragile ; l’assiette en faïence conserve plus longtemps sa couleur
blanche. Quel que soit le disque blanc, je le fais descendre dans l’eau
et je cherchela profondeur à laquelle il disparaît à l’oeil en descendant,
celle à laquelle il apparaît à 1? oeil en remontant ; la moyenne de ces
deux chiffres me donne la profondeur lim ite de v is ib ilité .
Pour éviter l ’effet d’éblouissement que cause la réflexion sur la surface
de l’eau d’un ciel trop brillant, il est bon de tenir un parapluie noir
ouvert au-dessus de la tête; en son absence, j ’y supplée en penchant
assez mon corps en dehors du bateau pour que le disque apparaisse
au1 milieu de l’image de ma tète, laquelle, mal éclairée, réfléchit très peu
de lumière.
L’état de la surface de l’eau a une importance très grande dans
l’observation. S’il fait des vagues, ou si seulement le lac est ridé par
les petites vaguelettes d’une brise légère, les rayons lumineux sont tellement
brisés, réfractés et réfléchis en divers sens, que l’on ne voit pas
ou l’on ne voit que mal l’objet qu’il faut suivre Sous l’eau. Je cherche donc
à opérer autant que possible par un lac calme ; en temps de brisé, ou
bien j’oriente mon bateau de manière à faire l’observation du côté
tranquille, sous le vent, ou bien j’éteins les vaguelettes à l’aide de quelques
gouttes d’huile versées à la surface ; ou encore, j’utilise la lunette
à eau ou le baquet à fond de vérre de nos pêches lacustres (2) ; la lame
de verre du baquet absorbe une certaine quantité de lumière, et j’évalue
à 30™ environ la différence de profondeur de visibilité suivant que je
me sers ou non de cet instrument.
(x) A. Secchi. Relazione dell’ esperienze fatte a bordo délia pontificia piroeorvetta
l ’Im m a c o l a t a C o n c e z io n 'e per determinare la trasparenza del Mare. In
A. Cialdi. Sul moto ondoso del mare, p. 358, sq. Roma, 1866.
La grandeur du disque a une certaine influence sur la profondeur
limite de visibilité. Dans ses expériehces comparatives, le P. Secchi a
vu la limite, être : -
poiïr un disque de 2.37m de diamètre à 35.5™
0.43™ . 29.5™
Pour les disques de, petit diamètre que j’emploie, cet effet est
moins sensible ; je n’ai, pas vu de différence appréciable entre un disque
de 20cm et un disque de 35e™ de diamètre, et pour plus de commodité,
j ’ai choisi en définitive un disque de 20e™ qui est moins encombrant
en voyage._
Tant que la limite de visibilité n’est pas trop profonde, comme cela
est le cas dans la grande généralité des lacs, la grandeur du disque
peut être négligée. Je ne vois pas de raison pour que l’oeil distingue
mieux une surface large qu’une surface étroite, tant que celle-ci n’est
pas réduite par la distanee à l’état d’un point trop petit. A 20™ de profondeur,
un disque de 20e™ de diamètré sous-tend encore un angle de
34 minutes, ce qui est certainement parfaitement discernable. Pour des
lacs très transparents, dont la limite de visibilité dépasserait 30™, il
serait peut-être prudent d’augmenter la grandeur du disque.
Il est cependant une circonstance qui peut obliger- à l’emploi de
disques de grande surface; c’est si l’on est appelé à faire des observations
en eatssprotonde par un temps de vagues. L’image, brisée par les
réfractions différentes sur les diverses facettes des" vagues, peut
échapper à la vue si elle est trop petite. Mais sur nos lacs, où nous
sommes mieux que sur la mer maîtres de choisir un temps propice,
cet inconvénient peut être évité, et je ne vois aucune nécessité à
prendre un disque plus grand que’ celui que j’ai adopté.
Quel est l’effet de l’éclairage? de la hauteur plus ou moins grande
du soleil sur l’horizon, de sa présence ou de son absence ? Telle est la
question importante que nous devons avant tout discuter.
Selon le jour de l’année et l’heure de la journée, le soleil est haut ou
bas sur l’horizon; à notre latitude de 46“27', le maximum de hauteur
le 22 juin est 67°. Or, suivant l’angle d’incidence des rayons sur la surface
supposée plane, une plus ou moins grande partie de cette lumière
sera réfractée, c’ést-à-dire pénétrera dans le lac, une plus ou moins
grande partie sera réfléchie et n’aura aucun effet sur l’éclairage des
objets logés dans l’eau. Si le soleil était à l’horizon, aucun rayon direct
ne pourrait pénétrer dans la surface à laquelle il serait tangent, et tout