F a ta -m o rg a n a et F a ta -b r iim o s a ; les autres sont tellement rares,
que je n’essaierai pas de les définir ; je me bornerai à les décrire ou à
les figurer.
La Fata-morgana.
Le.phénomène le plus fréquent, le plus considérable parmi les apparitions
accidentelles en temps des réfractions sur eau froide, est celui
que l’on désigne sous le nom de F a ta m o rg a n a .
A la jonction de la côte opposée avec la nappe du lac, a, fig, 146, on
voit se développer une bande horizontale, b, aux contours peu nets,
(Fig. 146.) Fata-morgana. 2-5 niai 1880 à f2h 30m ; vue de Morges.
peu éclairée, striée de raies verticales, comme découpée en rectangles
juxtaposés. Au-dessus de cette zone, la côte mieux éclairée, c, avec ses
détails plus ou moins, distincts, est fortement déprimée, et les traits de
son paysage sont altérés; les dimensions verticales y sont réduites
comme dans les réfractions sur eau froide ordinaires.
La bande inférieure, que j’appellerai la zo n e s tr ié e de la Fata--
morgana, est très remarquable et son aspect est caractéristique. Elle
est limitée en bas par le plan du lac qui forme sa ligne inférieure, en
haut par une ligne-plus ou moins bien dessinée, généralement horizontale.
Ces deux lignes sont ordinairement parallèles; parfois elles se
rapprochent ou s’écartent légèrement aux extrémités de la bande.
L’éclairage de la zone striée est, comme l’a indiqué M. Ch. Dufour,
plus sombre que celui du lac sous-jacent ou de la côte superposée. Les
raies alternativement brillantes et sombres, diversement colorées,
tantôt larges, tantôt étroites, irrégulières, sont parfaitement verticales ;
mais leurs contours sont indécis, et elles n’ont pas la netteté des
objets réels visiblés sur la eôte elle-même. L’épaisseur de la zone striée
varie, suivant les cas, de 2 à 5 et même 10 minutes de degré.
Suivant la fantaisie de l’observateur, il la comparera à une falaise
gigantesque qui borderait la rive, ou bien à une ville enchantée. 11
n ’est pas besoin de beaucoup d’imagination pour qu’on se figure voir,
dans ces masses confusémenkéclairées et qui paraissent so rtir de k
brume, les lignes des quais, les massifs de maisons, les monuments
diversement lumineux, et colorés d’une cité gigantesque apparaissant,
de par la baguette magique d’une fée, su r une côte où nous savons que
neD parei1 n ’existe, su r une riv e peut-être inhabitée, comme la
plaine du Rhône entre leB o uveret et Villeneuve. La langue colorée des
Italiens a donné à ces apparitions le nom de p a la is de la F é e
o rg a n e et le terme de F a ta -m o rg a n a est resté dans l ’histoire
scientifique des mirages. ( ])
.L a plus belle des v ille s enchantées de là Fée Morgane dont je me
souvienne, nous est apparue, en mars 1867 si je ne me trompe, à l ’entréé
u Petit-lac (2), comme par une splendide après-midi de printemps
nous arrivion s à la pointe d’Yvoire, su r le yacht le Caprice. Le soleil
était brillant, 1 air chargé de brumesquidessinaient merveilleusement les
divers plans. Tout le fond du Petit-lac, de la pointe d’Hermance ju sq u ’à
Coppet, nous semblait bordé par les quais indéfiniment prolongés d’une
c i e gigantesque, une v ille de Genève qui aurait p ris les dimensions
d u n Pékin ou d’un Londres. L ’illusio n était saisissante, et aucun des
passagers du Caprice n ’échappa à l ’émotion que provoquait ce spectacle
fantastique. •
J ’en ai vu une bien belle aussi, le 22 a v ril 1888, lorsque assis su r la
plage de Carthage, a l ’entrée du golfe de Tunis, je regardais nar
dessus la Méditerranée d’azur, la côte du Dakhelat-eLMaouïn, et spécialement
le village, de Hammam-Kourbès. Cette observation a eu
8— 1,mteret de me H R que-la Fée Morgane n’est pas plus-
fantaisiste dans ces contrées méridionales que su r les eaux du Léman
H B B B B | M B i E n belles chez nous que dans
la patrie classique des mirages.
admis^gTnéralement'enïè^les1'apparitions S a T le rapprochement aujourd’hui
par lesnaturalistes de Messine. Bull. S. V .A k 4 '511 1 leS lmages décrites
Me ia Fée Morgane; <***•
apparitions. Mais les plus belles les d u s nettes d ^ ° rges’ J’en admire plusieurs
nement celles qui se sont déveloônées dp™ t T JG “ e souvienne> «ont certai-
p a n ir du détroit de Pronfenttoux S o n I T ^ Cett0 régi° n du P e ti‘-lac- a
particulièrement favorables ou bien la d ’6+ condl*lons de rmiq u es qui y sont
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