la force centrifuge d’autre part, résultant de la rotation diurne sur
l’axe des pôles. - '
Si la force centrifuge va régulièrement en progressant du pôle à
l’équateur, l’attraction de la masse de la terre n’est pas partout égale
et régulière; la résultante des forces attractives qui agissent sur les
différents points de la surface ne coïncide pas toujours avec la normale
à l’ellipsoïde de révolution de la terre. C’est ce fait que l’on exprime
en disant que le fil à plomb est dévié en certaines localités.
L’attraction variant en raison directe des masses et inverse du carré
des distances, il en résulte que les masses les plus rapprochées d u n
point de la surface auront la plus grande influence sur ce point. Oi
ces masses peuvent varier considérablement et cela de la manière
suivante :
a) La surface de la terre étant supposée égale et aplanie, il peut y
avoir variation dans la densité des couches de la terre; depuis la densité
des filons métalliques jusqu’à celles des lignites et des tourbes, il
y a des différences énormes. A la limite de deux formations différentes,
il est évident que le fil à plomb sera dévié vers la couche la
plus dense.
b) Le cas le plus fréquent où se rencontre normalement'cette différence
dans la densité des masses est celui de la côte d’une mer ou
d’un lac; d’un côté est la terre ferme avec ses roches pesantes, densité
moyenne 2.6 ; de l’autre, l’eau douce ou salée, densité 1.0 ou 1.026.
Il est évident que dans ce cas la déviation du fil à plomb sera d autant
plus considérable que le talus sous-marin ou soias-lacustre sera
plus incliné, et que la profondeur de l’eau sera plus importante.
c) Les inégalités de relief de la terre ferme sont une cause plus
puissante encore de déviation du fil à plomb, la différence de densité,
entré la roche et l’air atmosphérique étant plus grande qu’avec l’eau.
Une montagne qui s’élève au milieu d’une plaine attire le fil à plomb
tout autour de sa base; une vallée qui sillonne un plateau agit en
sens inverse sur les flancs de son ravin.
Il résulte de tout cela que l’océan est loin d’avoir le même niveau
sur toute sa surface; qu’il se relève sur les côtes des continents et
des îles ; qu’il se relève d’autant plus que la côte est plus élevée et
plus montagneuse, que le fond de la mer descend suivant un talus
plus incliné, que la mer enfin est plus profonde.
Quelle est l’importance de cette dénivellation ; vaut-il la peine d’en
tenir compte“? Le D‘' J. Hann, de Vienne, dans un travail excellente1),
a évalué l’importance de ces.inégalités de la figure de la te rre , en
s’appuyant soit sur le calcul direct, soit sur les variations de la pesanteur
mesurées à l’aide du pendule, soit sur la déviation du fil à plomb,
il a trouvé des chiffres qui s’élèvent à plusieurs centaines de mètres
pour la différence entre le niveau de l’océan en pleine mer ou près
des îles pélagiques, comme Ste-Hélëne ou les Açores, et le niveau de
l’océan sur les côtes des grands continents équatoriaux. Cette valeur
.énorme étonnera ceux qui n’ont pas encore réfléchi à cette action,
mais elle n’est peut-être pas exagérée. D’autres -auteurs cependant réduisent
cette-dénivellation à des quantités insignifiantes. L’accord n’est
pas encore établi sur l’importance de la déformation du géoïde, ou sphéroïde
terrestre, par l’action des différences d’attraction du sol, des
montagnes et de la mer.
Ces mêmes circonstances agissent sur les bords de nos lacs, et cela
avec d’autant plus d’intensité que, l’eau douce étant moins dense que
l’eau salée, la différence entre la masse des terres et celle de l’eau est
plus considérable. Nous devons donc admettre que la nappe de nos
lacs forme des surfacès qui sont loin d’être planes.
1° Faisant partie du sphéroïde de révolution de la terre, la surface
d ’un lac est une portion de surface sphéroïdale.
2° Sur les bords, l’eau se relève par suite de l’attraction de la rive.
3° Ce relèvement des bords n’a pas partout la même intensité ; il a
son maximum là où la rive est le plus abrupte, le talus du lac le plus
incliné, le lac le plus profond. Dans le Léman, c’est sur la côte de la
Savoie, de St-Gingolph à Evian, que cette dénivellation est à son maximum,
puis vient la côte suisse d’Ouchy à Villeneuve, puis le reste des
côtes du Grand-lac, puis enfin le Petit-lac.
Il y a déviation de parallélisme entre la nappe du lac et la surface
idéale du sphéroïde terrestre ; certaines régions sont plus relevées que
d’autres, il y a donc dénivellation. Les forces attractives qui déterminent
cette dénivellation sont d’action constante et statique ; nous
avons donc sur notre lac à reconnaître des dénivellations constantes à
causes statiques.
(') Dr J. Hann. Ueber gewisse beträchtliche Unregelmässigkeiten des Meeresniveau.
Mittheil, der k. k. geographischen Gesellschaft in Wien. XVIII, p. 554.
31 déc. 1875. i-é Voir encore S. Günther. Lehrbuch der Geophysik, 1, 191, sq.
Stuttgart, 1884.