stratification inclinée, en plans parallèles au talus d’éboulement de la
face d’alluvion. En même temps on y verrait une répartition des matériaux
suivant leurs dimensions, les grains de sable les plus fins restant
au haut de la pente, tandis que les grains les plus grossiers sont
entraînés jusqu’au pied du talus.
Les mômes actions se répétant aux mêmes places, si par le fait du
relief du fond, une dune s’est développée à un point donné, il s’en
formera une seconde au même endroit quand, par suite du déplace-
ment normal de la dune, la première aura descendu le fil du courant.
Il y aura donc formation d’une série de dunes semblables, équidis-
tantes, se succédant de haut en bas du courant (fig. 94), les plus
anciennes étant le plus bas dans le sens du courant.
(Fig. 94.) Coupe schématique d’une série de dunes de ruisseau. La flèche indique le sens du
courant.
Les caractères que nous venons de trouver dans les dunes ne se
constatent pas dans les rides de fond. Celles-ci sont immobiles et leur
forme est fort différente.
Elles sont immobiles,;. csest un fait d’observation. Par une belle journée
de printemps, en 4868, j ’ai observé pendant trois heures de suite
les rides de fond dessinées dans le lac sur un beau sol de sable, vers
la côte de Pré'verenges, près Morges ; de jolies vagues d’un rebat
assez vif, agitaient suffisamment le fond pour soulever le sable à chaque
mouvement de l’eau. J’ai constaté que, pendant toute la durée de
l’observation, malgré l’agitation du sable, il n’y avait pas le moindre
déplacement des rides par rapport à des repères choisis dans le sol
lui-même.
Quant à la forme des rides elle peut s’étudier :
a Par l’observation directe dans le lac quand l’eau est redevenue
calme.
b Sur les grès des couches géologiques du sol, où elles sont souvent
très bien reconnaissables.
c Sur des moulages analogues à ceux que j’ai levés en janvier
1869 sur le sable du lac lui-même. Pour cela j’ai fait un cadre à
charnière en feuilles de ferblanc ; je l’ai descendu dans le lac sous
une profondeur d’un mètre d’eau environ, en un point où les rides.
étaient fort bien dessinées ; puis j’ai versé, à travers l’eau, une crème
de plâtre très dilué, qui s’est pris sous l’eau et m’a donné un moule
négatif. J’en ai tiré entre autres l’épreuve positive que j’ai déposée au
musée de géologie de Lausanne.
On peut, par ces divers procédés, constater que, normalement, les
rides de fond ont une coupe parfaitement symétrique de chaque côté,
les deux talus ayânt exactement la même inclinaison. Cette inclinaison
des talus est d’autant plus forte que les rides sont plus fraîches,
c’est-à-dire qu’il s’est écoulé moins de temps depuis le jour où les
vagues les ont modelées. Avec le temps, en effet, les rides s effacent,
par le travail en particulier des petits animaux qui vivent dans le sable,
les creux se comblent, les arêtes s’aplatissent de plus en plus. La
crête qui unit les deux talus devient mousse ; sur des rides très fraîches
elle est plus vive, et formée par la rencontre de deux plans suivant
un angle obtus (fig. 95).
(Fig. 95.) Coupe d’un moulage des rides de fond, pris dans le lac, sous un mètre d’eau. Demi
* grandeur naturelle.
La profondeur des sillons comparée à la largeur des rides, d’une
crête à l’autre, semble à première vue plus considérable qu’elle n’est
en réalité. Sur le moulage dont je viens de parler, pris en un point
où les rides étaient fort bien marquées, j’ai pu mesurer les dimensions
exactes, et constater que, pour une largeur de 6 centimètres
d’une crête à l’autre, la profondeur du sillon au-dessous des crêtes
n’était que d’un centimètre, (voir fig. 95, demi-grandeur naturelle).
Quant à la distribution des matériaux, l’arête et la partie supérieure
des rides sont formées du sable le plus fin, le sable le plus grossier
descendant au bas des talus et dans les sillons. (')
Le 14 août 1875, les rides formées sur le sable du Rhône à Masson-
gex, près de Bex, présentaient une apparence singulière ; les arêtes,
très aiguës, étaient toutes noires, les talus et les sillons ayant le gris
(fi Si au. lieu de considérer les rides fraîches, ou en voie de formation, on
s’adresse à des rides anciennes dessinées depuis longtemps sur le sol du lac, on
voit le fond des sillons rempli de poussières et de débris organiques, de feuilles,
bois, coquilles, etc. Promenés sur le fond du lac par les courants, ces corps légers
s’arrêtent et s’accumulent dans toutes les dépressions du sol. Ce remplissage du
fond des sillons par les corps légers est évidemment u n phénomène secondaire.