Chaque jour, entre 13 et U \ ils allaient plonger leur thermomètre à 1“
de profondeur sous l’eau, à l km en avant de Morges.
Je donne le tableau des moyennes mensuelles qu’ils ont déduites
de leurs observations.
Température Ecart de la température
pélagique atmosphérique du mois
avec la
m o r g e s normale de Genève.
1851 ' août ' 19-2“ - °-4°
septembre 15.2 9.8
octobre 13-2
novembre 9:1 9.9
décembre 6.5 2-9
1853 janvier 5.6 1"
février 5.5 . -f- 1.2
■ma rs 5.7 ■ 2.2
avril 7.0 - 0 - 9
mai H .6 - 0-2
juin 14.6 - 1.7
juillet 19.8 + °-5
Moyennes 11.9“ 1-0'
Comme ces chiffres ne représentent qu’une seule année, j’ai essayé
de prendre une idée de l’écart de la température de cette année
avec une année normale. Pour cela, j’ai cherché dans les résumés
d’E. Plantamour (*), les écarts de chaque pentade sur la température
atmosphérique normale, et en tirant les moyennes, j’ai obtenu l’écart de
chaque mois à Genève pour l’année considérée. Je donne les chiffres
de cet écart dans la 2e colonne du tableau précédent. On y voit que tous
les mois de cette année, sauf janvier, février et juillet 1852, ont été plus
froids que la normale. Il est évident qu’un écart analogue s’est fait
sentir dans l’atmosphère qui surmontait le Grand-lac ; que par conséquent
les chiffres de la température du lac ont été probablement plus
bas que la normale pendant la plus grande partie de l’année.
Mais une seule année d’observation ne suffit pas à donner la courbe
normale d’une valeur météorologique. Nous n’avons pas de séries assez
longuement prolongées de la température pélagique du Léman, et
cependant c’est un facteur climatique si important pour notre contrée,
que je dois essayer de l’apprécier au moins approximativement. Pour
cela, je devrai suivre une marche un peu compliquée.
Nous possédons une très belle suite d’observations de la température
de l’eau mesurée dans le port de Genève (pont du Mont-Blanc à
lm de profondeur) (’). Commencées en 1853,elles se continuent encore
actuellement (2). Les valeurs moyennes en ont été calculées par
E. Plantamour pour la période 1853 à 1875 (3), soit pendant 23 ans,
ce qui est suffisant pour effacer les écarts des variations accidentelles
et périodiques simples. Nous discuterons plus loin la signification de la
température de l’eau mesurée dans cette station ; mais il est évident
qu’elle est fonction de la température générale du lac et qu’elle nous
fournit une bonne base pour cette étude.
Voici les moyennes mensuelles de la température de leau du port
de Genève, pour les années 1853 à 1875.
Janvier 5.110 Juillet 18.09“
Février 4.96 Août 18.65
Mars 6.12 Septembre 17.07
Avril 8.78 Octobre 13.98
Mai 11.72 Novembre 9.63
Juin 15.34 Décembre 6.61
Partant de là, j’ai comparé individuellement toutes les mesures de
température pélagique superficielle du lac et spécialement du Grand-
lac que j’ai pu. collecter et, en en tirant la/différence avec celles de
Genève, j’ai constaté qu’il y a des variations notables dans ces différences.
Quelques-unes de ces variations sont accidentelles, dues en
particulier à l’action des vents ou de phénomènes thermiques locaux ;
mais, en plus des variations accidentelles, il reste évidemment une
variation systématique, la température pélagique du lac étant tantôt
plus élevée, tantôt moins élevée que celle de Genève, suivant les mois
et les saisons. Cela étant, j’ai cherché à déterminer le sens et la valeur
de ces variations systématiques ; pour cela j’ai réuni les différences en
groupes mensuels, espérant que les variations accidentelles s’annuleraient
entr’elles. Voici les séries d’observations qui ont servi de base à
ce calcul et les résultats que j’ai obtenus :
1» De 1879 à 1886, j’ai mesuré moi-même la température pélagique
du lac toutes les fois que j’avais l’occasion de naviguer sur ses eaux,
(h Ces observations sont facilement abordables, publiées dans les cahiers mensuels
des Archives de Genève.
(*) Tous les jours excepté les dimanches et jours fériés.
(3) Climat de Genève, II, 97.