lacs, si elles sont ce que nous supposons, des vagues d’oscillation fixe
à nombre considérable de noeuds, doivent exister dans la mer ; avec
des marégraphes suffisamment sensibles on les y décélérait.
En réalité, si l’on étudie les tracés marégraphiques, on retrouve,
très fréquemment, des indications plus ou moins nettes d’oscillations
à courte période, qui n’ont rien à faire avec la marée; elles sont surtout
visibles dans les moments où la mer est étale, et où, par conséquent,
l’appareil enregistreur a son maximum de sensibilité. Les oscillations,
je les ai trouvées partout où je les ai cherchées. Sur diverses
collections de tracés marégraphiques, en particulier à Cette et à
Venise, j’ai môme vu le phénomène avec de grandes allures et un beau
développement.
A Cette, grâce à l’obligeance de M. Delestrac, ingénieur du port, j’ai
pu prendre en 1879 des calques de tracés du marégraphe, et j’y
retrouve des oscillations très bien marquées. Elles ont plusieurs types,
entr’autres celui de 5 minutes de durée (1er février 1875, 21 janvier
1876,16 janvier 1878), de 12 minutes (les 8, 16, 21, 29 janvier 1875,
19 janvier 1878), de 15 minutes (les 10 et 11 janvier 1877, le 24 janvier
1878), de 20 minutes (le 3 janvier 1875). Je donne à la figure 91 un
(Fig. 91.) - Vibrations de la mer. Marégraphe de Cette. Grandeur naturelle, par heure.
exemple de quelques-unes de ces oscillations du 16 janvier 1875 ; on y
verra le phénomène parfaitement dessiné.
A Venise, M. le comte Antoine Contin de Castelseprio, ingénieur
hydrographe, a eu l’obligeance de me communiquer, en 1881, les tracés
du marégraphe du Lido, et j’y ai retrouvé de même des oscillations
périodiques plus ou moins régulières, atteignant 10 et 20 centimètres
de hauteur, et de durée variant, suivant les jours, de 10 à 12,
à 40, à 50, à 90 minutes (tracés de 1872 à 1874).
Dans les deux cas, les allures des tracés marégraphiques montrent,
très nettement, que le développement de ces oscillations est en rapport
avec l’état de la me r; comme pour nos vibrations du lac, ou
comme pour les seiches, elles sont plus grandes, mieux marquées,
plus régulières certains jours que d’autres, dans certaines périodes
que dans d’autres. Je n’ai nul doute que, si j’étais aussi bien familiarisé
avec les tracés de ces marégraphes que je le suis avec ceux du lim-
nographe de Morges, je saurais y lire facilement l’état de la mer,
d’après les broderies qui diversifient la courbe de la marée.
Ce n’est pas seulement dans ces stations que les vibrations de la
mer sont évidentes. Chaque fois que j’ai eu l’occasion d’étudier des
tracés marégraphiques, j’en ai constaté au moins des indices. Voici,
en tableau, la durée et la hauteur de celles dont je retrouve des calques
dans mes notes :
Mer. Marégraphe. Dates. Durée moyenne Hauteur de la
d’une vibration. dénivellation.
Méditerranée. Cette (*) 1875-1877 de 5 à 20min —
Marseille (*) 5 août 1885 50 —
Livourne (3) 1882 de 12 à 20 3 à 8cm
Naples (3) 1879 de 12 à 15 3 à 10
Palerme (3) 1888 15 8
Ravenne (3) janvier 1882 de 15 à 20 5 à 10
Venise (*) 1873-1874 de 10 à 60 3 à 20
Malte (s) juin 1872 de 20 à 25 22 à 40
Atlantique Brest (6) 1850 15 '
Le Helder (8) 18 février 4854 60 35
Swansea (5) décembre 1837 15
Océan indien Carwar (7) janvier 1880 15 8
Paumben (7) avril 1880 de 10 à 15 2
Beypore (7) 1880 20 2
(f) Communiqué par M. Delestrac, ingénieur, à Cette.
(2) La Nature, XVIII, 1, 146, Paris, 1890.
(3) Communiqué par M. le commandeur A. Betocchi, à Borne.
(4) Communiqué pa r M. le comte Contin de Castelseprio, Venise.
(5) Communiqué pa r G. Airy, astronome royal, à Londres.
(6) Communiqué par M. J. Janssen de l’Institut de France.
(7) Collection de tracés à l’exposition de Géographie de Venise, 1881.
(8) Hugo Lentz, Fluth und Ebbe, fig. 39, Hamburg, 1879.