4° Variations locales de la température par l’effet du trouble des
eaux. Lorsque les eaux de surface sont salies par l’alluvion impalpable
apportée par un affluent débordé, ou soulevée par les vagues à la côte
sous le vent, elles sont opaques, non seulement pour la lumière,
comme nous le verrons plus loin, mais aussi pour la chaleur; elles
sont relativement adiathermanes. Aussi, dans ces taches d’eau louche
qui diaprent le lac après un orage ou une tempête, si le soleil apparaît,
sa chaleur rayonnante est arrêtée à la surface du lac, la réehauffe
extraordinairement, sans pénétrer dans les couches sous-jacentes,
comme elle le fait dans les eaux limpides. J’ai vu souvent la température
s’élever localement de 2 ou 3 degrés plus haut dans les taches
opaques que dans les parties environnantes du lac où l’eau était restée
propre.
Nous pourrions tirer de ce fait, s’il en était besoin, une preuve de
la diathermanéité de l’eau.
5° Variations régionales de la température. Y a-t-il des différences
systématiques au point de vue de la température superficielle entre
les différentès régions du lac ? A cette question je n’hésite pas à
répondre : oui. De même que lâ température atmosphérique est plus
chaude ou plus froide dans certaines stations plus abritées ou plus
ventées, plus ensoleillées ou plus nuageuses, de même pour la température
du lac. Ainsi par exemple, le golfe de Morges est généralement
de 1 à 2 degrés plus froid que le golfe des Pierrettes, ce que j’attribue
au courant d’air du morget, beaucoup plus intense sur le premier.
Ainsi le Haut-lac est très fréquemment plus chaud que la partie occidentale
du Grand-lac; le Grand-lac que le Petit-lac.
Yoici un exemple entre plusieurs, mesuré par M. Provost, capitaine
du bateau à vapeur le Jura.
• 2 i février i880. — Calme. Gris.
Traversée de Rivaz-Cully 5.6»
— Lutry-Oucby 5.4
— Morges-Rolle 4.8
Nyon-Coppet 4.2
— . Yersoix-Genève 4.0
Le surlendemain, je répétai moi-même ces mesures et je constatai
combien la variation était régulière.
23 février Ì880. — Calme. Gris.
12t50miy Devant le Roiron de Morges Grand-lac 5.0»
13 40 De Rolle à Promenthoux — . 4.8
14 00 Devant Prangins Petit-lac 4.6
14 13 Devant le Roiron de Nyon — 4.2
14 20 Devant Céligny — . 4.1
14 30 Près de Coppet 4.0
14 40 à 15h10 de Coppet à Genève (6 mesures) — 3.9à3.8
D’autrefois c’est le Petit-lac qui est plus chaud que le Grand-lac. En
voici un exemple tiré de mes notes personnelles :
2 i mai 4879. — Grand beau. Calme.
9h40min Golfe de Morges Grand-lac 9.4°
9 45 — de Fraidaigues — 9.5
9 55 de St-Prex ’ 9.7
10 45 Devant Prangins Petit-lac 10.5
11 02 Crans — 11.1
11 24 — Myes - — 11.2
11.36 — Genthod ■ '■ '-t-t. ■ 11.9
On le voit, ces variations régionales peuvent être fort accentuées et
elles sont parfois systématiques. Elles mériteraient d’être étudiées
attentivement. Elles diffèrent probablement- suivant les saisons. Mais
leur complication est si grande que je n’ai pas encore pu en démêler
les lois. Je me borne à constater le fait sans oser essayer d’en indiquer
l’ordonnance. Plus loin, quand j’étudierai la formation de la barre thermique
littorale de l’hiver, j ’aurai à montrer une variation systématique
bien caractérisée qui rend le Petit-lac notablement plus froid que le
Grand-lac en hiver.
6. Variation périodique journalière. Il est une question très importante
qui domine toutes les recherches que l’on peut faire sur la variabilité
de la température pélagique : Y a-t-il une variation journalière ?
Quelle en est la valeur? A quelle heure doit-on mesurer la température
de l’eau pour obtenir la moyenne de la journée ? Quelles sont les
limites de l’erreur commise quand on mesure la température à un
moment quelconque de la journée.
Quand les physiciens de Morges ont, en 1851 et 1852, observé la
température du lac, voici dans quels termes ils ont traité cette que»-