satisfaire aux 6 à 7 degrés et plus qui rétabliraient les conditions
nécessaires du mirage classique.
Je vais donner quelques exemples de mes observations de 1889 qui
montreront les conditions du phénomène. Toutes les lectures ont été
faites à midi :
Date.
Tempérât, de l’air Température du lac.
Différence littoral. littorale. pélagique. Etat du lac et du ciel,
24 mars
00
© o.
6.4° . — 1 .6 ° Rebat, grand-beau
4 avril 1 0 .0 6 .6 / — 3.4 id. gris
25 » . 1 1 .5 8.2 — 3 .3 Vauderon, gris-bleu
1 3 mai 19.6 1 2 .6 HÉSrS 7 .0 Calme, grand-beau
31 » 24.5 16.8 fe-^lIpîÎ 7.7 Rebat id.
21 juin 27.2 2 0 .2 7 .0 id. orageux.
9 juillet 28.2 22.2 2 1 .1 6 .0 id. grand-beau
11 >■ 28.5 23.9 2 2 .1 4.6 id. id.
1 7 août 22.5 18.6 18.6 3.9 id. ' id.
24 » 19.0 16.2 17.4 2.8 Sudois faible. Averses
30 » 24.4 19.5 18.8 • 4.9 Calme, grand-beau
24 sept. 17.0 14.2 2.8 Rebat id.
Je conclus de ces faits et de ces chiffres que dans un air plus chaud
que 1 eau sous-jacente, il peut y avoir apparition d’un mirage semblable
ou analogue au mirage d’hiver.
Je ne suis pas le seul qui ait fait ces constatations. J.-L. Soret,
que j’avais consulté sur mes observations de Zoug, dans sa note du
5 juillet 1888, les décrit en ces termes (*) : « Au mois de juin 1888, à
Evian, il a observé le mirage ordinaire lors même que, tout au moins
pour certaines de ces journées, la température de l’air dût être supérieure
à. celle de l’eau... Il est possible que ce fait se rattache à l’état
hygrométrique de l’am » Dans l’été dë!889, MM. Ch. Dufour, à Morges,
et A. Delebecque, à Thonon, avertis par moi de ces anomalies, ont
répété ces observations et les ont entièrement confirmées.
, Jé suis donc autorisé à affirmer que quelque chose de très analogue
au mirage classique des auteurs, au mirage du désert, à ce que j ’appelle
le mirage des réfractions sur eau chaude, peut apparaître sur le lac
lorsque l’air est superposé à une eau plus froide ; que par conséquent
ces m ir a g e s s u r e au fro id e existent bien réellement.
— Etudions maintenant les conditions de ce mirage sur eau froide
et les particularités qu’il présente.
À. Le mirage sur eau froide succède sans interruption au mirage sur
eau chaude. Dans. la matinée des jours d’été où je l’ai observé, les circonstances
du mirage normal étaient parfaitement représentées ; l’air
était plus froid que l’eau et nous avions sur le lac les réfractions normales
sur eau chaude. Bientôt, sous l’action du soleil, l’air se réchauffait,
arrivait à être aussi chaud que l’eau, puis plus chaud. Nous aurions
attendu à ce moment suppression des réfractions d’abord, puis changement
de type et apparition des réfractions sur eau froide. Mais, et
c est ce qu’il y a d’anormal, le mirage persistait, sans modifications
sensibles, les réfractions ne transformaient pas leur type. Ce mirage
sur eau froide n e s t donc pas autre chose que la prolongation ou la
persistance du mirage sur eau chaude après que la température de
l’air s’est jélevée.
B. Nous avons montré, par les observations citées, que le mirage sur
eau chaude peut persister sur l’eau froide alors que la température de
l’air e st de 3°, d e -5 et même de 7° plus élevée que celle de l’eau.
Admettons que par des erreurs d’observation, de correction des thermomètres,
et surtout par les conditions de la localité où se faisaient
les lectures thermométriques, cette différence doive être réduite de
2 ou 3 degrés-dans les régions du lac où s’opéraient les réfractions -h-,
toujours est-il qu’il est incontestable que la persistance du mirage peut
se continuer non seulement dans un air de même 'température que
l’eau sous-jacente, mais même dans un air plus chaud de plusieurs
degrés que l’eau de surface du lac.
C. Si je prolonge l’observation dans l’après-midi, je vois le plus souvent
le type des réfractions changer presque' subitement ; en un quart
d’heure, en quelques minutes, le mirage a disparu et nous nous trouvons
en présence des réfractions sur eau froide que nous décrirons
bientôt. Ce changement est très rapide ; j’ai plusieurs fois été témoin
de cette transformation ; elle a lieu d’abord sur une partie seulement
du lac, puis elle gagne successivement toute l’étendue de l’horizon visible;
c’est ce qu’on appellerait en style de théâtre un changement à
vue. .
D. Le mirage sur eau froide n’a jusqu’à présent été observé que par