nous donner la même hauteur moyenne dans toutes les parties du Lé
man où la pente n’est pas encore sensible. Nous avons vu par l’histoire
des limnimètres du Léman (') combien leur repérage est chose compliquée
et sujette à erreurs. Depuis que les nivellements de précision
ont apporté une exactitude suffisante dans l’établissement de leur zéro,
les différences de hauteur qui nous ont longtemps arrêtés et troublés
disparaissent de plus en plus.
Au point de vue limnimétrique, le lac est de. niveau sur toute son
étendue, jusqu’au banc du Travers de Genève.
VI. Pente et courant du lac.
Théoriquement il doit exister une pente dans la nappe de surface
du lac. Cela résulte du fait que le lac n’est pas autre chose qu’un
fleuve élargi, que l’eau s’écoule de l’embouchure du Rhône valaisan
à la sortie du Rhône genevois.
Quelle est l’importance de cet écoulement ? C’est ce qu’on peut calculer
approximativement.
Considérons d’abord les valeurs moyennes. Nous savons que le débit
moyen du Rhône de Genève est de 2 5 2™ » (* ). C’est donc cette
quantité qui en moyenne passe du Rhône du Valais et des affluents
accessoires du Léman à Genève ; c’est cette quantité d’eau qui s’écoule
dans les diverses sections du lac. Nous pouvons mesurer celles-
ci sur la carte et en tirer la vitesse moyenne du courant. Pour éviter
des fractions trop petites, j’indiquerai cette vitesse par minute.
Section. Aire de la section. Vitesse pa r minute.
Vevey-St Gingolph 1 457 000™2 0.010™
Ouchy-Petite Rive 2 460 000 0.006
St Prex-Drance 1 475 000 0.010
Détroit de Promenthoux 135 000 0.112
Banc du Travers 7 600 1.989
D’après ces chiffres, le courant est très faible, et, sauf sur le banc du
Travers, il doit être absolument imperceptible à l’oeil au milieu des
différents mouvements du lac.
(h T. I, p. 406 sq.
0 T. I, p. 445.
Mais ce courant, prodigieusement faible, doit être exagéré par deux
circonstances : si le débit du Rhône de Genève est au dessus de la
moyenne d’une part, et si le lac est en crue d’autre part.
1° Tant que le lac reste stationnaire, qu’il ne s’élève ni ne s’abaisse,
la quantité d’eau qui passe dans chacune de ces sections est égale à
celle qui s’écoule par l’émissaire. Si donc le débit du Rhône de Genève
est plus fort, le courant du lac en est d autant exagéré.
Admettons que 600™3 sec soit le maximum de débit possible à Genève.
La vitesse moyenne du courant que nous venons de donner
pour les diverses sections devra être multipliée par 2;4 (600: 252), et
nous obtiendrons pour le courant du lac, en l’absence de crue, mais
avec le débit maximal de l’émissaire:
Section de Vevey-St Gingolph 0.024™ par minute.
» d’Ouchy-Petite Rive 0.014
» St Prex-Drance 0.024
Détroit de Promenthoux 0.27
Banc du Travers 4.8
2° Si le lac est en crue, son volume d’eau augmente sur toute son
étendue ; il faut donc qu’il y ait transport de l’eau sur toute la surface
du lac depuis l’embouchure des affluents jusqu’à l’origine de l’émissaire,
transport d’une quantité d’eau égale à la superficie du lac multipliée
par la hauteur de la crue. Sur chaque section du lac, il doit donc
y avoir un passage d’eau dont la valeur est représentée par la superficie
de .la partie du lac aval de la section, multipliée par la hauteur de
la crue. A ce passage d’eau nécessaire pour satisfaire aux conditions
de la crue, il y aura à ajouter la quantité d’eau dépensée par l’émissaire..
Faisons ce calcul pour les diverses sections du lac dans le cas de
la cruela plus forte que nous connaissions, celle du 2 au 3 octobre1888 (r) ;
elle a donné une montée du lac de 238™™ en 24 heures, pendant qu’il
y avait à Genève un débit moyen du Rhône de 100™3 sec. J’arrive aux
valeurs suivantes pour le courant dans les diverses sections du lac. (2)
f) T. I, p. 534.
(2) Dans.ce calcul, j’ai attribué aux affluents, qui se jettent en amont de la section
Vevey-St Gingolph, toute l’eau versée dans le lac pour déterminer la crue ;
celan’apas été le cas le3 octobre, les affluents occidentaux ayant pris leur bonne part
a la hausse du lac. Je me suis cru autorisé à arranger ainsi les données pour simplifier
le calcul ; le courant auquel j’arrive est tellement lent, même dans cette supposition
erronée, qu’il ne vaut pas la peine d’en rechercher la vitesse dans des
circonstances moins.favorables à sa production.