ment par une action analogue à celle de l’établissement des dunes.
Les grains de sable soulevés par les courants de balancement des
vagues ont été portés les uns après les autres jusqu’à la hauteur du
replat du cylindre ; ils sont tombés dans le remous développé derrière
la partie saillante du tuyau, et dans ce lieu de repos, ils ont attendu
que le courant de retour les ramenât de l’autre côté de l’arête. Et
ainsi de suite, les grains se sont accumulés, amoncelés, jusqu’à ce que
la ride ait été formée.
J ai vérifié la justesse de cette interprétation en reproduisant le phénomène
dans une cuve à expériences ; j’ai placé sur le sable un
cylindre de fer de 2 centimètres de diamètre, et j ’ai bientôt vu
s ’établir sur son sommet une ride de sable formée par le procédé que
je viens de décrirè.
Supposons donc sur le sable du fond de l’eau une série de cylindres
parallèles saillants, il s’établira sur chacun d’eux une ride de sable ;
ces rides augmenteront de hauteur jusqu’à former les rides très
aiguës et très élevées que nous connaissons dans la nature. Et, en
réalité, lorsque j’observe les mouvements du sable sur une ride déjà
formée, je le vois se transporter des deux côtés de l’arête en constituant,
comme sur mon tuyau de ferblanc, une dune qui, dans les
mouvements alternatifs de l’eau, se déplace alternativement d’un côté
à l’autre du centre de figure de la ride.
Voilà donc comment les rides se maintiennent et augmentent de
hauteur. Mais comment apparaissent-elles ?
Pour le rechercher, étalons dans une cuve à expériences un
fond de sable parfaitement égal et uni; puis plaçons-y un obstacle
quelconque. J’ai choisi un fil de plomb de 3mra de diamètre, je l’ai posé
sur le sable, transversalement à la longueur du bassin, et j’ai fait
balancer l’eau. L’obstacle a été de suite le point- de départ d’un
système de rides. Le sable, transporté par les courants alternatifs de
l’eau, s’est accumulé sous forme de dune, tantôt devant, tantôt derrière
cette crête immobile, et le fil de plomb a servi d’axe à une première
ride; les matériaux de cette l’ide ont été pris dans le sable immédiatement
avoisinant, et la ride médiane a bientôt été limitée par deux
sillons parallèles, l’un en avant, l’autre en arrière ; bientôt après se
sont développées, de chaque côté, une ride externe à chacun de ces
sillons, puis un nouveau sillon, puis une nouvelle ride, et ainsi de
suite. Tout le système des rides s’est ainsi établi successivement dans
le sable, en partant de l’obstacle artificiellement placé.
Mais n’était-ce pas un fait accidentel ? N’y avait-il pas là simple coïncidence
fortuite? — J’ai détruit les rides ainsi formées, et j’ai déplacé
le fil de plomb en le posant là où, dans l’expérience précédente, il y
avait un sillon ; le système des rides s’est reformé comme précédemment,
la première ride ayant pour axe la tige de plomb, et étant ainsi
située précisément là où. dans le cas précédent, il y avait un sillon.
Tout le système des rides avait donc été déplacé de l’espace d une
demi-largeur de ride.
Une autre vérification du fait que- l’obstacle est bien l’origine et le
point de départ du système des rides, c’est qu’en faisant obliquer la
tige de plomb, je puis faire obliquer dans le même sens et de la même
valeur toutes les rides qui restent parallèles à la première ride et par
conséquent à l’obstacle.
Un obstacle quelconque placé dans le sable est donc 1 origine du
système des rides, dont la direction et la position sont sous la dépendance
immédiate de la position et de la direction de l’obstacle.
Ce n’est pas seulement par un obstacle saillant que l’on détermine ainsi
la position et la direction des rides dans un bassin à expériences ; un
creux tracé dans le sable amène au même résultat. Seulement, dans
ce cas, la base du système des rides n’est pas une ride limitée par
deux sillons, mais un sillon limité par deux rides. Les choses se
passent dans ce cas exactement comme avec l’obstacle saillant de la
tige de plomb. Il n’est pas du reste besoin que le creux soit bien profond
: le sillon tracé par mon doigt, ou même par la pointe d’un
crayon, suffit parfaitement pour déterminer la forme, la direction et la
position du système des rides. L’expérience est très jolie et fort
concluante. . . . >
Cette expérience nous montre la raison d’être de la loi qui relie la
largeur des rides avec l’amplitude du moùvement de balancement de
l’eau. Quand notre fond de sable est bien uni et égal, les grains les
plus superficiels sont tous transportés à la fois, sur toute la surface,
par les courants alternatifs de l’eau. Ce qu’on peut appeler la
couche mobile du sable se déplace, par mouvement d’ensemble,
d’une même longueur que nous désignerons par la lettre l.
Dans un premier temps, elle est portée en avant de cette longueur l,
dans un second temps elle est ramenée en arrière de la même