plus d’éclat que le soleil est plus haut sur l’horizon, et qu’elles disparaissent
absolument (») lorsqu’il est très bas. Du reste, la même loi
s ’appliquant à tous les rayons lumineux, le phénomène de l’ombre
portée sur l’eau transparente est soumis aux mêmes conditions et ne
peut s’observer que lorsque le soleil est à une certaine hauteur.
13° Il est un cas où le phénomène de la gloire n’est pas apparent,
alors même que toutes les conditions favorables à sa production sont
représentées. C’est lorsque l’observateur est placé sur un bateau à
vapeur en marche. Si la vitesse du navire est assez lorte, les lignes
rayonnantes, alternativement éclairées et ombrées de la gloire, se confondent
comme les rayons d’une roue de char blanche qui tourne rapidement
devant l’oeil; ils n’ont pas le temps de faire image sur la rétine.
L’observateur attentif ne peut alors discerner que quelques-uns des
rayons de sa gloire, ceux qui sont parallèles à la ligne de marche du
bateau.
Il en est de même lorsque je rame dans ma péniche, dont la marche
est assez rapide. Pendant le premier temps du mouvement de la rame,
(je rame assis, en regardant l’arrière du bateau), alors que je me
penche en arrière en appuyant sur la rame, et que j’augmente encore
par ce déplacement la vitesse de progression de ma tête, et par suite
la vitesse de la translation de mon ombre sur l’eau, je ne vois plus les
rayons de la gloire autour de l’ombre de ma tête ; je les distingue au
contraire fort bien dans le second temps du mouvement de la rame,
quand mon corps se penchant rapidement pour ramener la rame en
avant, mon ombre reste pour nn instant immobile par rapport à la
surface, de l’eau.
| | j Enfin la contre-épreuve du phénomène de la gloire, ou, si l^on
veut, une gloire négative, est donnée dans le cas suivant: l’ombre d un
arbre portée sur l’eau profonde- paraît composée de rayons sombres
convergeant autour de l’ombre de la tête de l’observateur, lorsque
celui-ci est placé dans le cône d’ombre formé par l’arbre ; ces rayons
se déplacent dans la même direction et de la même manière que progresse
l’ombre de l’observateur.
C’est sur le quai neuf d’Evian, là où les jeunes platanes, à feuillage
(i) Autour de l’ombre de la tête du moins, car l’observateur peut les retrouver
encore au-dessous de lui, ou même entre lui etle;soleil, sous la forme d eg ran d s
rayons presque parallèles et dont le centre, doit s’aller chercher bien loin, la ou
serait l ’ombre de sa tête, si l ’ombre pouvait se produire.
peu serré, portaient sur une eau profonde leur ombre entrecoupée de
parties éclairées, que j ’ai observé pour la première fois, en juin 1874,
cette ombre singulière, dont l’explication est analogue à celle que j ’ai
donnée de la gloire lumineuse décrite plus haut.
— Ces divers détails du phénomène coïncidant avec la théorie, et la
théorie rendant parfaitement compte des faits, nous croyons avoir
ainsi donné 1 explication de l’apparition qui nous occupe et nous don-
clurons :
a. La gloire que nous voyons autour de l’ombre de notre tête,
lorsque cette ombre est portée sur l’eau profonde d’un lac, est due aux
différences d illumination des couches d’eau. Les couches d’eau sont
différemment illuminées suivant qu’elles correspondent aux surfaces
convexes (convergentes) ou concaves (divergentes) des vagues.
b. La production de cette gloire est une démonstration de la faculté
d illumination de 1 eau en raison des poussières qu’elle renferme. De
l’eau physiquement pure ne fournirait ni ombre ni gloire ', un liquide
absolument opaque, de l’encre ou du mercure, offrirait une ombre
portée à sa surface, mais point de gloire.
III. Spectre de dispersion chromatique dans l’eau.
Nous avons vu dans le paragraphe précédent que les surfaces
courbes des vagues produisent par réfraction sur les rayons solaires
des déviations qui tantôt rapprochent ces rayons, tantôt les séparent;
la surface convexe du dos de la vague agit comme une lentille convergente
et accumule là lumière dans une couche plus illuminée; la
surface concave du creux de la vague forme lentille divergente, et la
couche d’eau qui en dépend est moins éclairée ou plus sombre.
Les vagues ont des surfaces cylindroïdes allongées ; le foyer de ces
lentilles, convergentes est donc une ligne qui se' dessine en un trait
brillant sur tout écran opaque étendu dans l’eau à une profondeur
convenable. La profondeur convenable variera du reste avec la forme
de la vague et la hauteur du soleil; plus la vague sera mousse et
aplatie, plus la distance focale sera grande; plus le soleil sera haut sur
horizon, plus la profondeur du foyer s ’éloignera de la surface de l’eau.
C’est ce que nous voyons fort bien sur la terrasse littorale immergée de