du lac Léman en 1879, d’après mes propres recherches (1). Je reprendrai
plus loin ce sujet à propos des faits d’observation du Léman.
En analysant ces schémas, on reconnaîtra que la température des
couches profondes des lacs aura des allures très différentes suivant
les conditions géographiques de la contrée et cela permet une classification
naturelle des lacs, que nous diviserons en :
i° Lacs de type tropical, dont les couches profondes varient à
partir et au-dessus de la température du maximum de densité de
l’eau, 4°.
3° Lacs de type tempéré, dont les couches profondes varient soit
au-dessous soit au-dessus de 4°.
3° Lacs de type polaire, dont les couches profondes varient à partir
et au-dessous de 4°.
Le type thermique exprime donc la nature des variations de température
des couches profondes du lac.
Si nous superposons les tracés de ces trois types du lac, en les
ordonnant de la même manière par rapport aux saisons de l’année,
comme nous l’avons fait dans la planche VII, page 304, nous voyons
que les périodes d’établissement de la stratification thermique, et
celles d’annulation et d’uniformisation de cette stratification ne correspondent
point aux mêmes saisons. L’eau se stratifié thermiquement,
la stratification thermique se perfectionne, ce qui dans nos schémas
s’exprime par la descente des lignes isothermes :
d a n s le s la c s tro p ic a u x depuis la fin de l’hiver, pendant
tout le printemps, jusqu’à la fin de l’été,
d a n s le s la c s tem p é r é s en été et en hiver,
d a n s le s la c s p o la ir e s depuis la fin de l’été, pendant tout
l’automne, jusqu’à la fin de l’hiver.
L’eau s’uniformise, la stratification thermique s’annule, ce qui dans
mes schémas s’exprime par l’ascension verticale des lignes isothermes
:
d a n s le s la c s tro p ic a u x depuis la fin de l’été, pendant tout
l’automne jusqu’à la fin de l’hiver,
d a n s le s la c s tem p é r é s au printemps et en automne,
d a n s le s la c s p o la ir e s depuis la fin de l’hiver, pendant tout
le printemps jusqu’à la fin de l’été.
f (*) F-A. Foret. T empératures lacustres, etc. Arch, de Genève, III, 501 et IV, 89,1880.
Les allures de la stratification thermique sont donc assez différentes
dans ces types pour que je sois parfaitement justifié si je les sépare
dans une classification rationnelle,
Quels sont les facteurs géographiques qui fixent la place de chaque
lac dans l’un ou l’autre de ces types ? Ce sont essentiellement :
A. La position en latitude : l’inclinaison plus ou moins grande des
rayons solaires détermine leur pénétration dans les eaux et règle la
quantité de chaleur que le lac reçoit directement du foyêr calorique
central de notre système cosmique. La latitude a en même temps
une grande influence sur le climat, d’où dépendent les facteurs décisifs
de la température du lac, à savoir, la température de l’air, son
humidité, sa nébulosité, son agitation par les vents, etc.
B. L’altitude de la surface du lac est le second grand facteur du
climat ; elle aura en conséquence une action considérable sur les
échanges de température entre l’eau et l’air. Elle peut avoir un effet
assez puissant pour que certains lacs de haute montagne dans nos
régions tempérées arrivent à présenter le type polaire.
C. La profondeur du lac, d’où dépend la masse de ses eaux, joue un
rôle bien marqué que nous devons analyser. Dans le cadre des trois
types que nous avons établis, c’est elle qui donne à chaque lac son
individualité particulière, qui fait que chaque lac a son caractère thermique
spécial. On sait B et nous justifierons amplement cette affirmation
quand nous étudierons en détail le lac Léman, — que la chaleur
gagnée par le lac ne reste pas cantonnée dans la couche superficielle
et supérieure ; la diathermanéité de l’eau d’une part, les courants de
convection mécanique et hydrostatique d’une autre part font pénétrer
la chaleur dans les couches moyennes et même profondes du lac.
Nous avons déjà vu que les pertes de chaleur se répartissent de même
sur toute l’épaisseur du lac par les courants de convection thermique
dont nous avons indiqué les allures. Il y a donc mélange thermique
de la surface vers le fond et du fond vers la surface, mélange auquel
plus ou moins toute la masse du lac participe. En conséquence, un lac
de grande profondeur peut répartir ses gains et pertes de chaleur sur
une grande masse d’eau ; un lac de faible profondeur ne les répartit
que sur une masse restreinte. Dans le premier cas, les mêmes gains de
chaleur élèveront relativement peu la température de la surface, les
pertes de chaleur abaisseront peu sa température; l’amplitude des
variations thermiques y sera peu considérable. Dans le second cas,