Bergues et au Jardin anglais, toute trace de stratification disparut ; les
différences de un dixièmé ou de un vingtième de degré qui séparent
les diverses lectures sont insignifiantes. — Ajoutons qu’à cette époque
le niveau du lac était fort bas (ZL -(- 1.26m), que toutes les vannes du
barrage de Genève étaient fermées, que le courant était relativement
faible, et que, en toutes autres circonstances, le mélange des eaux
aurait été encore plus parfait.
Dans ses Premières études sur le Climat de Genève, p. 56, E. Plan-
tamour dit que la mesure de la température du port de Genève se fait
à l m de profondeur sous la surface ; il répète cette affirmation dans ses
Nouvelles études (1). Actuellement, c’est à 2m de profondeur que se
fait cette mesure. A l’Observatoire de Genève, on ignore si l’affirmation
de Plantamour repose sur une erreur, ou bien s’il y a eu changement
dans les conditions de l’observation ; s’il y a eu changement, il a eu
lieu avant 1882, et il n’en est pas resté trace dans les archives de
l’observatoire (2). Les expériences de M. Kammermann, que nous venons
de citer, montrent que cette différence dans le lieu de la thermométrie
n ’a aucune importance, et aueun inconvénient.
Quoi qu’il en soit, les mesures thermométriques de Genève ne
s’adressent pas aux eaux de surface ; elles donnent la température
d’un mélange d’eaux de la surface et des couches sous-jacentes, des
eaux pélagiques du Petit-lac, et des eaux littorales de la rade de
Genève. Quand il y a stratification thermique directe, la température
de la surface est plus chaude; quand il y a stratification inverse, la
température de la surface est plus froide que les chiffres indiqués par
les observations de Genève. Nous aurons à revenir sur ces différences.
Les observations sur la température du Rhône, commencées en 1853
sous la direction de E. Plantamour, se continuent encore de nos jours;
elles forment la plus belle série connue de recherches sur la thermométrie
d’un lac. Les premières 23 années ont été dépouillées et discutées
par E. Plantamour en 1875 (3) ; j’extrairai de son étude quelques
faits intéressants. Et d’abord, voici les moyennes mensuelles de la température
avec les différences d’un mois à l’autre.
(fi Climat de Genève, II, p. 97.
0 A. Kammermann. In lilt. 26 janvier 1891.
Janvier
TEMPÉRATURE
MOYENNE
5.1»
Février 5.0
Mars i 6.1 .
Avril .. 8.8-
Mai 11.7
Juin 15.3
Juillet 18.0
Août 18.6
Septembre 17.1
Octobre 14.0
Novembre .9.6
Décembre 6.6
Année 11.3
. DIF FÉ R EN C E
d ’u n MOIS A l ’a u t r e
' — 0.1»
0.9
+ 1.3
+ 2.9
+ 3,6
+ 27
-j.,.0.6
— 1.5
— 2.9
• — 4.4
H r 3’°
— 1.5
J’ai donné, page 315, les différences entre ces températures de
Genève et la température pélagique du Grand-lac ; la température du
Rhône de Genève est plus froide pendant 10 mois de l’année ; ce n’est
qu’en mars et avril qu’elle est plus chaude que celle du lac. Le degré
relativement bas de la température du port de Genève provient en
grande partie du mélange des eaux que nous venons de décrire.
Plantamour a tiré des observations une formule périodique exprimant
la variation annuelle ; grâce à elle nous avons, avec une grande
précision, l’époque moyenne des extrêmes, à savoir :
minimum par 4.8° le 30 janvier
maximum par 18.8° le 11 août
La phase de réchauffement, dans la première moitié de l’année, dure
192 jours ; elle est de 19 jours plus allongée que celle de refroidissement
qui n’est que de 173 jours. Je n’ai aucune objection à étendre à
l’ensemble du lac ces dates tirées des observations locales de Genève.
Les extrêmes de température directement observés à Genève ont
été :
maximum 24.6° 15 juillet 1874
minimum • 0.2° 20 février 1891 (*)
Amplitude extrême des variations 24.4°.
Nous reviendrons sur ces températures du port de Genève quand
nous étudierons la congélation du lac.
fi) Comme nous le dirons plus loin, le lac s’est plusieurs fois congelé dans la
rade de Genève ; on peut donc admettre que la température locale y est descendue
à 0.0».