Section. Superficie aval Vitesse du courant
de la section^ par minute.
Vevey-St Gingolph 533kl"2 0.065,n
Ouchy-Petite Rive 373 0.027
St Prex-D rance 247 0.032
Détroit de Promenthoux 79 0.14
Banc du Travers — 0.8
Si nous comparons les résultats obtenus par ces deux actions exa-
gératives du courant, nous voyons que le grand débit de lémissaiie
fait sentir son effet dans la partie occidentale et terminale du lac, —
dans notre exemple sur les sections du banc du Travers et de Pro-
menthoux —- ; que, au contraire, l’effet d’exagération dû à une crue
maximale est considérable dans la partie orientale du lac ; qu il est sur
le Léman sensible jusqu’à la section StPrex-la Drance.
Enfin, même en choisissant les cas où les circonstances sont le plus
favorables, nous voyons que le courant propre .du lac est insensible
dans tout le Grand-lac; un courant de 25, de 50 etmême de 65'“ “par minute,
serait à peine constatable à l’oeil dans un état de calme absolu
du liquide; il échappe certainement à l’observation, au milieu des
mouvements bien plus considérables des vagues.
Mais dans le Petit-lac, il n’en est plus de même. La section diminue
d’étendue; la quantité d’eau qui s’écoule restant la même, le courant
augmente de vitesse ; il atteint, dans nos exemples, au détroit de Pro-
menthoux, 15 et 27“ “ par minute, 2 et 4“m par seconde ; il est d’autant
plus fort, qu’en s’approchant de Genève, la section du lac diminue de
largeur et de profondeur. Peut-être que des observations attentives et
suffisamment subtiles arriveraient à le constater.
Sur le banc du Travers, le courant est parfaitement visible.
Ce courant se traduit-il par une pente de la surface ? Le plan limite
de l’eau est-il incliné du Bouveret à Genève? La question peut se poser.
Pour y répondre, supposons d’abord la masse de l’eau à l’abri de
tous les mouvements intestins qui déplacent les différentes parties
sous l’action des forces extérieures; supposons-la protégée contre les
vents, la chaleur, les variations de la pression atmosphérique ; supposons
le lac dépourvu de vagues, de seiches, de courants. Un lac en
vase clos aurait une pente. En effet, l’eau n’est pas parfaitement fluide,
ses molécules frottent lés unes sur les autres, et frottent contre les
parois du bassin ; quelque faible que soit ce frottement, il les empêche
d’obéir immédiatement aux actions d’attraction. Devant l’embouchure
de chaque affluent, il doit y avoir formation d’un demi cône
convexe, prodigieusement surbaissé, qui rejoint la nappé horizontale
par une pente décroissante jusqu’à zéro ; en âmont de l’origine de l’émissaire,
il doit de même s’établir un demi entonnoir concave, égale-
ment très peu déprimé. Les pentes superficielles de ces deux surfaces
coniques doivent être variables, d’autant plus fortes que les affluents
amènent plus d’eau, que l’émissaire en emmène davantage. Théoriquement,
on pourrait admettre que ces deux surfaces coniques inverses,
ôelle du Rhône du Valais, le seul affluent considérable du lac, et
celle du Rhône de Genève, ~sé joindraient quelque part dans la longueur
du lac, et qu’il y aurait ainsi une pente suivant l’axe longitudinal
du Léman. Mais si nous laissons intervenir les mouvements locaux
de l’eau, si nombreux et si fréquents, nous voyons que cette
pente doit être égalé à zéro. Les vents charrient l’eau tantôt vers une
rive, tantôt vers l’autre, par des courants superficiels ; les seiches surtout
font balancer l’eau des deux côtés de l’axe transversal du lac, et
tendent sans cesse, par leur mouvement pendulaire, à ramener au
plan horizontal la nappe d’eau, si elle avait été déviée de cette horizontalité.
Il paraît impossible que la pente du lac résiste à cette nivel-
lation par les mouvements partiels, locaux ou généraux de l’eau ; 1 on
doit considérer le lac comme une nappe parfaitement horizontale, ou
plus exactement comme une nappe d’eau non déviée de l’horizontalité
par la pente d’écoulement du fleuve qui la traverse.
Ces raisonnements théoriques sont confirmés par l’expérience.
Depuis l’été de 1877, M. Ph. Plantamour a eu l’obligeance de, me
communiquer les tracés de son limnimètre enregistreur de Sèche,
ron, et j’en ai fait une comparaison attentive avec les tracés de mon
appareil dé Morges. Pendant 5 ans, cette comparaison a été poursuivie,
et je ne suis pas arrivé à déterminer de différence de niveau entre les
deux stations. Nos deux appareils ont leur zéro rapporté au repère fédéral
le plus voisin, leur équation est égale à zéro, et comme l’on peut
apprécier à un millimètre près la hauteur relative du lac à l’aide de
ces excellents enregistreurs, il semble très facile d’en déduire la
pente du lac.
Mais je n’y suis pas arrivé. Les dénivellations temporaires que nous
étudierons plus loin ont une très grande importance et font, varier