superposition de plusieurs images alternativement redressées et renversées,
le dessin suivant que je retrouve dans mes notes, sans détails
(Fig. 160.) Mirage inférieur
double. Morges 1" août 1854.
explicatifs (flg. 160), du 1er août 1854;
c’était, Si je la reconnais bien, une maison de
Lugrin ou de la Grande-Rive, sur la côte de
Savoie, à l’est d’Evian. C’est le cas le plus
parfait que j’aie d’un mirage avec superposition
de trois images, dont une seule réelle'.
M. Ch. Dufour Q) donne un dessin analogue
d’une barque que je reproduis flg. 161.
C’était vu de Morges le 25 mars 1854, à 16h, température de l’air 9.9°,
du lac 5.6°. Les apparitions de mirage au-dessous
de l’image réelle ne tardèrent pas à se dissoudre
en se découpant en segments superposés.
La flg. 162 montre le château de Chillon, vu de
Morges le 4 juin 1888, à 17h. 11 semble y avoir, comme
dans les cas précédents, superposition de plusieurs
images de mirage. Malheureusement, je ne disposais
à ce moment que d’une jumelle, et je n’ai pas pu
( F i g . 161.) Mirage inférieur
analyser les caractères de ces images, du reste assez
double.
indistinctes, vu l’éloignement considérable, 35koe.
Ma flg. 163 représente une barque marchande, à
voiles latines, singulièrement déformée dans l’image
réelle, et offrant une seconde imagé parallèle, située au-dessous de la
première. Les trois croquis figurent cette barque à trois moments
successifs, à 14h, 14h15 et 15h, le 4 mars 1880, pendant que le mirage
Morges 25 mars 1854 .
(croquis de M. Ch.
Dufour);
se dissipait ou se transformait!
Tandis que tous les cas précédents
donnaient des mirages inférieurs,
l’image qui paraissait réelle étant au-
dessus des images de mirage, dans
( F i g . 162.) Château de Chillon vu de
Morges, avec mirage inférieur. 4 juin 1888.
la flg. 164 j’ai un cas de mirage supérieur. Le 27 juin 1879, à 16h20,
le bateau à vapeur le Bonivard traversait d’Ouchy à Evian, à 10km
environ de Morges. Les tambours, cheminées et tentes du bateau se
reproduisaient au-dessus de l’image réelle en un mirage très élégant.
11 est. du reste, fort difficile de discerner ce qui est image réelle ou
image de mirage, de dire si le mirage est supérieur ou inférieur. Quand
l’apparition est assez nette, on. peut mieux reconnaître si le mirage est
symétrique ou parallèle, si l’image du mirage
est droite ou renversée. Mais ces visions sont,
en général, fort indistinctes et, le -plus souvent,
p h
on ne peut se prononcer avec certitude.
Je donne encore ici, flg. 165, p. 558, les croquis
(Fig. 163.) Barque marchande
avec mirage inférieur parallèle.
3 croquis successifs. Morges
4 mars 1880.
Successifs faits le 15 avril 1894, à l 6 h30 ; le
château de Chillon se déformait devant nos
yeux pendant que nous le dessinions sur les
quais de Morges. On voit combien l’image est
instable et variable.
N’est-ce pas à des cas de ce genre que se
rapporte l’explication que M. A. Delebecque a
donnée en 1892 de la Fata Morgana ? Je repro-
■ duis intégralement cette théorie :
■'(*) « Lorsque l’aif est plus chaud que l’eau,
nous observons en général le mirage connu sous le nom de m ira g e
d e au fro id e (2) ; les objets lointains ont leurs dimensions verticales
réduites; en même temps l’horizon apparent sé relève. Le calcul
explique très bien les effets de ce mirage d’eau froide (voir Bravais,
Notice sur le mirage, 1852). Comment se fait-il que lorsque la différence
de température entre l’air et l’eau devient très forte, nous observions
un agrandissement considérable des objets, contrairement à ce
qui se passe dans le mirage d’eau froide ordinaire? En regardant
attentivement le phénomène avec
une forte lunette, j’ai remarqué que;
en réalité, les - objets ne sont p a s ,
agrandis, mais qu’il se produit plusieurs
(Fig. 164.) Mirage supérieur parallèle.
Morges 27 juin 1879.
images du même objet, superposées
l’une à l’autre, tantôt directes, tantôt renversées. J’en' ai
compté jusqu’à cinq. Ces images étant, en général, très voisines l’une
de l’autre, il est difficile de les séparer à l’oeil nu et l’on a ainsi
(9 Archives de Genève, XXVII, 358,1893.
(s) Ce que j'appelle actuellement m ir a g è s u r e a u f r o id e . J ’ai renoncé au
mot de m ir a g e d’e a u f r o jd e que j’employais d’abord, parce qu’il n ’est nas
assez explicite. F.-A.-F. ■