40 heures du matin . . : . 2.615
| * . . . . 2.619
En trois heures de temps, le lac s’était élevé, à Morges, d’une hauteur
de 20rara. Cette crue était-elle générale, était-elle locale? était-ce,
en employant les termes que j’ai définis, une variation de hauteur ou
bien une dénivellation?
Etant donnée la surface du lac de 582.4k»2, une crue de 20»™ répartie
sur l’ensemble du lac représenterait un excès de l’entrée sur la
sortie de 11 millions de mètres cubes; cette crue ayant dure trois
heures, cela signifierait un excès de l’entrée sur la sortie de 1070»3 sec.
D’après la hauteur du la c (’), le débit du Rhône de Genève devait
être, ce jour-là, d’environ 550»3 ■ 11 y aurait donc eu, dans la supposition
d’une variation de hauteur de 20»» en trois heures, un débit des
affluents de 1620™3 sori Or le débit moyen du Rhône du Valais, en été,
étant de 400 à 500»3 sec (2), il Y aurait eu, ce jour-là, un excédent de
•1100»8sec; le Rhône des hautes eaux aurait été plus que doublé.
Y avait-il eu débâcle en Valais expliquant cette crue subite? Sur ma
demande, M. le fÉj Suchard, de Lavey, résuma comme suit l’état du
Rhône ; « Il y avait eu deux fortes crues, le 9 et le 10 juillet; mais,
depuis lors, on remarquait une baisse constante du fleuve. » Quant
aux affluents du lac autres que le Rhône, leur débit n’avait rien d exceptionnel.
.
La crue du lac ne pouvant s’expliquer par un débit extraordinaire
des affluents, pouvait-on en rendre compte par un arrêt de l’émissaire
de Genève? Mais un excès de 1070»3 de l’entrée sur la sortie n’aurait
pu être causé même par l’occlusion complète du Rhône, ce fleuve
ne pouvant, vu la hauteur des eaux, débiter plus de 550»3 s“ .
Il n’y avait donc pas moyen de supposer une crue générale du lac,
une variation de hauteur; la hausse du lac était locale, c’etait une dénivellation.
. . . .
Deux jours après, le 14 juillet, nous avons eu à Morges la dénivellation
en sens inverse : de 1 h. 20 à 3 h. 15 soir, soit en 115 minutes, le
lac a passé de la cote 2.605» à la cote 2.593» ; il v a donc eu une
baisse d a l2 »m. Si cette baisse avait été une décrue générale du lac,
elle aurait représenté un excès de la sortie sur l’entrée de près de
7 millions de mètres cubes et reportée sur 115 minutes, cela correspondrait
à un excès du débit de l’émissaire de 1000»3 S i Or le débit
du Rhône de Genève n’était, ce jour-là, que de 550m* “ ?;<Etant donnée
la hauteur du lac, ce débit ne peut être modifié ni en plus ni en moins ;
même à supposer l’arrêt subit et complet de tous les affluents du lac,
nous ne saurions donc admettre la possibilité d’un excès de 1000»3 sec
dans le débit de l’émissaire. Nous ne pouvons donc admettre que la
baisse du 14 juillet fût une décrue générale du lac ; c’était donc une
baisse locale, une dénivellation.
Nous avons, dans ces deux exemples, affaire à des dénivellations;
: elles sont temporaires, car elles:apparaissent à un moment donné et
disparaissent quand l’action déterminante a- cessé; elles ne sont pas
rythmiques et n’ont aucun rapport avec les seiches.
Si nous étudions les observations limnimétriques faites simultanément
à deux stations différentes du lac, comme Vevey et Genève, ou
Morges et Genève, nous y trouvons un défaut de parallélisme très évident,
qui montre l’existence de dénivellations locales. Ces différences
de marche sont très sensibles si l’on compare les observations de deux
limnimètres à flotteur ; j ai fait d’abord cette étude pour tous les jours
des années 1871 à 1875, de Vevey à Genève, en faisant abstraction de
la pente de la sortie du lac, variable avec, les saisons ; j ’ai trouvé que la
différence de hauteur de l’eau variait avec la direction des vents ; j’ai
; estimé de 12 à 15cm l’amplitude de ces dénivellations.
Je les ai ensuite retrouvées avec plus de certitude en faisant, en
, 18/6, la comparaison de la hauteur du lac mesurée à Morges av e c
mon limnimètre enregistreur, et celle du lac dans le port de Genève,
^mesurée par le limnimètre à flotteur du Jardin anglais. En apportant
la correction de la pente de la sortie du lac, j’ai constaté des différenc
e s de hauteur, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, pouvant atteindre
un maximum de 10e». (*)
Je les ai enfin étudiées .avec la plus grande précision quand j ’ai eu à
ma disposition, grâce à l’obligeance de M. Ph. Plantamour, les tracés du
B io g r a p h e de Sécheron, que j ’ai pu comparer avec ceux de Morges.
Je donnerai un exemple de ces variations dans le tableau suivant
qui indique pour trois mois de l’année 1877, août, septembre et décem
b re , la différence de hauteur entre les deux stations ; le signe +
indique que la pente est dans le sens normal, que l’eau est plus haute