magne, et de leurs émules et élèves. L’on a appris à connaître les très
petits champignons aquatiques du groupe des schyzomycètes que l’on
désigne sous le nom général de microbes, et que l’on classe dans les
genres Bactérie, Vibrion, Microcoque, etc. On a constaté que ces êtres
infiniment petits qui fourmillent dans tous les milieux liquides sont
les causes efficientes des phénomènes de fermentation et de putréfaction
; on a démontré, en outre, que pénétrant dans le corps de l’homme
ou des animaux, quelques-uns d’entre eux sont la cause des maladies
infectieuses, fièvre typhoïde, choléra, tuberculose, diphtérie, etc.
Par des procédés fort délicats et très ingénieux de culture, dans des
milieux appropriés, gélatine, bouillon, etc., on a reconnu que les
microbes qui se retrouvent dans toutes les eaux, eaux de sources,
eaux de rivières, d’étangs, de lacs, et cela en quantité énorme, existent
en particulier dans l’eau des lacs. En 1884, MM. Fol et Dunant, de
Genève (*), ont montré que les eaux de surface du lac Léman en renferment
en moyenne le nombre considérable de 36 à 38 par cm3, soit.
36000 à 38000 par litre (2). M. C. Cramer, de Zurich, en étudiant, en 1884
(*) Fol et Dunant. Recherches sur le nombre des germes vivants dans les eaux,
de Genève. Mém. Soc. phys. Genève, XXIX, n» 3, 1884.
(2) En laissant de côté les études faites sur des prises d’eau du port de Genève '
qui pouvaient être souillées pa r des causes accidentelles, je trouve dans Fol et
Dunant les résultats de 10 analyses d’eau de surface de la ra,de de Genève faites
de mars à mai 1894. Les chiffres extrêmes ont été 16 et 90 germes p a r centimètre
cube. Si l’on choisissait les prises, d’eau dans des conditions exceptionnelles de
pollution (paquets d’eau fluviale versée dans le lac par un affluent ou un égout)
ou de pureté (phase de refroidissement automnal qui p a r convection thermique
entraine les eaux de surface dans la profondeur! on arriverait facilement à des
teneurs extrêmes de microbes bien plus divergentes.
— Dans son étude sur les Eaux d’alimentation de Genève [loc. cit. p. 612],'
M. Massol. a compté les microbes de l’eau de surface dans la rade de Genève. Ses
expériences ont porté sur 446 jours différents de 22 mois. Réservant une analyse
plus complète de cet important travail pour notre chapitre de la Biologie du lac,
nous relèverons aujourd’hui les points suivants :
a. Lorsque le lac est calme, le nombre des microbes est-relativement très faible;
il s’élève au contraire à des chiffres considérable sitôt que le lac est agité pa r les
vagues.
b. En temps calme, le nombre des microbes est plus faible dans les mois d’été
que dans les mois d’hiver; en été, il est en général inférieur à 50 et même à 20 p a r
centimètre cube; en hiver, il est supérieur à 50, parfois même à 100.
c. L es chiffres extrêmes observés pa r Massol sont : au minimum 1 dans l cmS
d’eau (25 juillet 1893, sudois faible), au:maximum 4125 dans I e”3 (19 mars 1893,
bise très forte toute la journée)., .,
d. Quant à la nature des microbes, M. Massol n ’y a pas reconnu de microbes
pathogènes inquiétants.
et 1885, les eaux du lac de Zurich, est arrivé par d’autres méthodes
à peu près au même chiffre (*). N’y a-t-il pas là un fait très effrayant
et propre à proscrire l’eau du lac comme eau alimentaire. C’est ce
que nous allons discuter.
Et d’abord toutes les eaux naturelles contiennent des microbes,
même les plus pures et les plus sàines. Tandis que les auteurs que je
viens de nommer comptaient une quarantaine de microbes dans un
centimètre cube de l’eau des lacs de Genève et de Zurich, ils en trouvaient
par les mêmes méthodes un nombre bien plus considérable
dans l’eau des sources réputées les plus pures, offertes aux villes de
Zurich et de Genève en opposition aux eaux des lacs. Voici les chiffres
qu’ils ont donnés :
• Source des Batioleltes, près Thoiry . . . . . . 57 microbes p a r cmS Fol et Dunant.
■Source du village de Thoiry : . . . . . 47 — -— ■
Arve plus de . ................................. 115 — , . ' —
Moyenne de 16 des meilleures sources des environs de Zurich 122 — Cramer.
Moyenne de 7 des plus mauvaises sources de Zurich . . 2730 ’ — , _ „ L —
Au point de vue du nombre des microbes, les auteurs sont d’accord
pour constater que les eaux des lacs sont parmi les plus pures.
En second lieu, et c’est là un point très important, tout microbe
n’est pas nécessairement malsain, bien au contraire ; l’immense majorité
de ces petits êtres sont parfaitement innocents. Les myriades de
bactéries que nous introduisons chaque jour dans notre organisme par
les boissons, par les aliments et par l’air de la respiration, ne produisent
dans notre corps aucun désordre. Il est vrai, d’un autre côté, que
certains microbes sont nuisibles ; qu’un seul microbe du choléra, du
typhus, de la tuberculose, entrant dans notre corps, peut, s ’il n’est pas
dévoré par un des amibes parasites que nous nourrissons dans notre
sang sous lè nom de leucocytes (2), s’il trouve un milieu favorable et s ’il
0 Die Wasserbesorgung der Stadt Zurich, etc. Zurich, 1885.
(*ï Je dois expliquer ce que j ’entends par ces mots. Depuis bien des années déjà,
j ’enseigne dans mes leçons d’anatomie générale que les soi-disant globules blancs
du sang ne sont pas autre chose que des parasites du groupe dès Amoebiens, qui
vivent dans les tissus du corps humain et animal. Comme les autres Amoebiens,
•ce Sont des protozoaires unicellulaires d’oués de mouvements spontanés, et capables
de se déplacer activement par le jeu de leurs pseudopodes. Ils nagent passivement
dans le sang et dans la lymphe,; mais comme tant d’autres parasites animaux, ils
peuvent traverser les parois des vaisseaux, et s’insinuer entre les cellules des tis