objet isolé A, planant en l’air an-dessus de la surface f ' i surface apparente
de l’horizon d’eau.
On pourrait admettre aussi que-ces sommets de vagues qui apparaissent
comme des corps isolés suspendus en l’air seraient des vagues
situées à une plus grande distance et offrant l’effet de mirage que nous
allons décrire. Je ne le pense pas; elles ont la même coloration, le
même éclairage que les vagues qui limitent l’horizon apparent ; elles
ne sont pas situées à une grande distance au-delà de cet horizon.
Du reste, dans le cas spécial des vagues de refoulement des bateaux
à vapeur qui nous offrent souvent ce spectacle d’être comme suspendues
en l’air (fig. 138) (1), nous pouvons très facilement juger de leur
éloignement. En l’appréciant par l’apparence de la coque même du
navire, ou par la position réelle de celui-ci que nous évaluons avec
une grande précision, nous pouvons nous assurer que ces vagues sont
à une distance de très peu supérieure à celle du cercle de l’horizon
apparent.
B. Apparence des objets situés au-delà de l’horizon. Mirage.
Au-dessus de la surface d’eau ainsi déformée par les réfractions sur
eau chaude, on voit les phénomènes suivants :
A une certaine hauteur, quelques minutes de degré au-dessus de
l’eau, on voit une ligne horizontale plus ou moins tranchée que l’on
appelle p la n c a u s tiq u e avec Biot, ou mieux lig n e de p a rta g e
(*) Q’est à un phénomène dé cet ordre qu’il faut rapporter les observations plus
ou moins fantastiques du Grand serpent de mer qui apparaissent périodiquement
dans les journaux.
avec Bravais (fig. 139 NN). Au-dessus de cette ligne se voient sans déformation
notable les objets situés au-delà du cercle d’horizon apparent
(Fig. 139.) Mirage des réfractions sur eau chaude.
(R, fig. 140); au-dessous de cette ligne, les mêmes objets se montrent
réfléchis, renversés, déprimés, en image symétrique avec l’image vraie.
C’est ce dont j’ai essayé de donner une idée par la fig. 139 qui représente
les images d’un bateau à vapeur dont on ne voit que la cheminée,
le mât et les agrès, d’une barque du Léman et d’un cap de la rive
opposée vus par le mirage.
Reprenons en- détail ces divers faits :
Considérons un objet MN (fig. 140), une tour par exemple, situé
au-dela de l’horizon réel pour l’oeil 0 placé à une petite hauteur (quelques
mètres) au-
dessus de la nappe
d ’eau. Une partie
de MN, soit NP,
est cachée par la
r o to n d i t é de la
terre ; appelons-la: H H „ I 14U*) -rames masquées ou en vue, visibles ou invisibles,
p a r t i s m a s q u é e . dans les réfractions sur eau chaude.
Une autre partie MP est en vue, s’il n’y a pas réfraction des rayons
lumineux. Mais s’il y , a les réfractions sur eau chaude, une certaine
hauteur de cette partie en vue n’est pas visible par 0. En effet, un
point Q émet un rayon qui est réfracté suivant une trajectoire à concavité
supérieure ligne Q Q' Q", de telle manière q u ’il passe au-dessus
du plan où est logé l’oeil 0. L’oeil ne voit que les objets situés au-dessus
d’un plan OR qui traverse des couches d’air de densité assez uniforme
pour ne plus causer de réfractions anormales (4). L’oeil ne voit
() Les objets situes au-dessus de la ligne de partage ue sont pas sensiblement
déformes ; je n ai jamais, en particulier, constaté l’allongement en hauteur qui ferait
supposer que les rayons lumineux de l’image réelle sont déformés par réfraction.