ces, de 24 à 26 minutes, lorsque-les eaux montent d’un pied. Il ne
connaît les seiches qu’aux deux extrémités du lac, au. Bouveret et à
Villeneuve d’une part, et à Genève, d’autre part, depuis 2 ou 3 milles
en amont de la ville jusqu’au confluent de l’Arve.
Quant à l’explication que Jallabert en donne, après avoir réfuté la
théorie de Fatio en observant qu’elle ne peut s’accorder avec les seiches
qui arrivent en temps de calme, comme on l’a souvent remarqué,
la voici textuellement : « Dans les temps doux la neige fond, le Rhône
(du Valais) s’enfle considérablement et, entrant alors avec impétuosité
dans le lac, il en chasse les eaux à droite et à gauche dans les deux
petits golfes situés près de son embouchure, et au fond desquels sont
Villeneuve et le Bouveret ; ces eaux s’écoulent sur les rives de part et
d’autre, retombant ensuite par leur propre poids, devenu supérieur à
l’action des eaux du Bhône contre elles, et reprennent le niveau du reste i
du lac ; et comme l’impétuosité du Bhône, ainsi enflé, subsiste un certain
temps, il doit résulter de son action sur les eaux du lac et de la
réaction de celles-ci, un flux et reflux qui se succèdent à peu près
comme les allées et venues d’un pendule. » De même à Genève par
l’action d e l’Arve. ( l)
Bertrand, dans une dissertation académique non imprimée (3|, supposait
que des nuées électriques peuvent attirer et soulever les eaux
du lac, et que les eaux, retombant ensuite, produisent des ondulations
dont l’effet est d’autant plus sensible que les bords du lac sont plus resserrés.
H.-B. de Saussure (3), après- avoir admis cette dernière théorie,
ajoute : « Je crois aussi que des variations promptes et locales dans
la pesanteur de l’air peuvent contribuer à ce phénomène et produire
dès-flux et reflux momentanés, en occasionnant desypressions inéga-
le s su r les différentes parties du lac.'»
(1) Si Jallabert n’avait pas fait à AcTdison l'honneur de citer son opinion sur les
seiches, je n’en parlerais p a sici,car ce voyageur anglais n’avait aucune compétence
pour expliquer les faits de la physique du lac. Voici les quelques mots qu’il leur
consacre, dans son récit de voyage, en 1702, c’est la plus ancienne citation .à moi
connue du phénomène observé sur le I/éman : « Le lac présente, en été, une espèce
de flux et de reflux de marée, ce qui provient de la plus grande abondance
des eaux de fusion des neiges qui entrent .dans lé lac au milieu de la journée. »
J. Addison. Miscellaneous Works, IV, 294. London 1745.
(2) Cité par Saussure et Vaucher.
(3) Essai sur l’hist. nat. des environs de Genève. Voyages dans les Alpes. Neu-
châtel, 1779.1 .12.
Saussure a observé lui-même une des- plus fortes seiches connues
sur le lac Léman. Le 3 août 1763, dit-il, dans une des oscillations,
l’eau monta de 4 pieds, 6 pouces, 9 lignes (1.47») en 10 minutes de
temps C). « Ce jour-là, la rivière d’Arve n’avait point éprouvé d’accroissement
sensible,; et réciproquement on voit des changements très
brusques et très grands dans la hauteur de l’Arve, sans qu’il en résulte
des seiches.-» Pour ces raisons, Saussure n’accepte pas la théorie des
seiches proposée par Jallabert.
Une bonne observation de seiches a été donnée en 1788 par H. Bas-
tard, ministre du S. E. (2). Je la reproduis textuellement. « ..... Je fus
témoin, hier 5 juillet au matin, d’une seiche remarquable par sa promptitude
et-par sa hauteur. Le temps fut orageux entre'6 et 7 heures ; il y
'eut quelques tonnerres, beaucoup de vent et une forte pluie, qui continua
jusqu’à 8 ‘/s heures, temps où survint un intervalle de calme
pendant lequel j’observai cette seiche prodigieuse. L’eau monta d’abord
d’environ un pied au-dessus de son niveau, avec une rapidité surprenante,
et telle que dans une carpière (étang) qui a communication
avec le lac par une ouverture assez spacieuse, le courant occasionné
par la seiche était si violent que l’eau bondissait d’environ 5 pou-
?ces, lorsqu’on lui opposait un obstacle. Au bout d’un quart d’heure,
elle descendit avec la même rapidité à un pied au-dessous de la hauteur
ordinaire, ce qui faisait une différence de deux pieds entre le flux
et le reflux. Un bateau, qui était à l’eau, se trouva entièrement à sec.
(Au moment où l’eau reprit son niveau, le vent et la pluie recommencèrent
avec une nouvelle force »
.-De 1802 à 1804,de théologien et naturaliste J.-P.-E. Vaucher voua
! son attention scientifique et son excellente méthode d’observation à
l’étude des seiches. Il publia ses recherches dans un mémoire de
60 pages.('); qui est, dans le passé, ce que nous avons de mieux et de
plus complet sur le phénomène en question.
Après un court exposé historique, Vaucher donne successivement
(avec détails l’observation de lO seiches ou séries de seiches, .étudiées
, par lui du 30 novembre 1802 au 9 janvier 1803. Il se rendait au bord
| ( | Histoire de l’Académie pour l’an 1763. p. 18. Paris.
H "(2) Journal de Genèoe, n°. 28,12 juillet 1788.
(3) Vaucher, Mémoire sut les .seiches du lac de Genève, composé de 1803 à 1804.
Mém. Soe. Phvs. VI, 35: Genève 1833.