août 1890 (p. 190). M. Russell suppose, pour expliquer ce développement
progressif de la hauteur des Oscillations, qu’il y aurait des impulsions
successives qui augmenteraient, par leur action concordante,
l’amplitude des balancements du pendule. L’exemple du 20 août 1890
nous donne une explication plus simple. Quand il y a dicrotisme,
comme ce jour-là, superposition de seiches des deux types, uninodales
et binodales, le maximum de hauteur de la résultante est atteint lorsqu’il
y a conjonction entre les extrêmes de hauteur des deux types,
simultanéité entre les seiches hautes ou les seiches basses de chacune
des deux séries de seiches composantes. Or cette conjonction ne
tombe pas nécessairement sur la première seiche de la série ; elle peut
ne survenir qu’au bout de quelques oscillations, et alors on constate
une amplitude progressive de la hauteur des dénivellations jusqu’à ce
que la conjonction soit effectuée. Je ne crois donc pas nécessaire pour
ce type de^séries de seiches de faire intervenir une cause compliquée,
difficile à comprendre, comme celle que M. Russell propose.
En résumé, nous trouvons dans les variations locales et rapides de
la pression atmosphérique une cause suffisante qui explique les plus
grandes seiches connues. Qui peut le plus peut le moins ; les seiches
de plus faible hauteur, les seiches ordinaires, celles qui s’observent en
tout temps, ne soulèveront point de difficultés ; il y a toujours et constamment
des mouvements atmosphériques qui échappent à l’enregistrement
des barographes actuels, mais qui sont certainement capables
de rendre compte des mouvements légers de la nappe'inconstante des
eaux. Le lac est un vaste baromètre à eau qui réagit avec une sensibilité
exquise aux moindres perturbations de l’atmosphère sus-jaoénte;
un tracé limnographique est le document le plus complet et le plus
sûr qui inscrit l’histoire des variations barométriques de la région.
Pourquoi, dans certains cas, avons-nous des seiches uninodales,
pourquoi des seiches binodales ou plurinodales ? La réponse à cette
question me paraît devoir être cherchée dans deux directions différentes
:
Ou bien, dans la vitesse de l’action perturbatrice, dont les allures
correspondraient au rythme de vagues d’oscillation fixe uninodales,
binodales ou plurinodales. Quand dans mes auges d’expérimentation
je frappais l’eau avec un rythme .deux fois plus rapide, j ’obtenais des
vagues binodales au lieu des uninodales.
Ou bien, dans le lieu où l’action perturbatrice déploie son effet. Un
coup porté à l’extrémité de l’auge détermine des vagues uninodales,
un coup porté sur le milieu du bassin produit des binodales ; le milieu
de la longueur du bassin est, l’on s’en souvient, le ventre médian des
binodales.
Il est difficile d’apporter des faits d’observation à l’appui de l’une ou
de l’autre de ces hypothèses. Cependant la fréquence des seiches
dicrotes, où il y a simultanément des uninodales et des binodales, me
ferait pencher pour la seconde. En effet, une perturbation traversant le
Léman dans le voisinage de Genève causerait des uninodales, une
autre perturbation p a s s â t de Rolle à Thonon causerait des binodales.
Peut-être aussi la même perturbation suivant le lac dans sa longueur,
agissant d’abord sur Genève, puis sur le profil Thonon-Rolle, produirait
elle le même effet, si Ses allures sont convenablement réglées, et
donnerait-elle naissance à des seiches dicrotes.
Quelque riche que soit notre matériel d observation, la question
me semble dépasser les moyens de contrôle dont nous disposons
actuellement.
Avant de terminer cette étude des causes des seiches cherchées
dans les perturbations de l’atmosphère, indiquons encore deux actions
qui peuvent occasionner une mise en balancement de 1 eau des lacs.
Dans certains lacs favorablement situés, l’avalanche de neige peut
être parfois la cause de seiches puissantes. Quiconque a vu, dans les
montagnes, des forêts entières, renversées par « le ; vent de 1 avalanche,
» admettra la puissance de cette effrayante perturbation locale de
l’atmosphère. Je n’ai pas d’exemples à citer de seiches produites par
cette cause.
Je ne parle que pour mémoire de la production des seiches pat
Yéboulement d’une montagne ; c’est un phénomène tellement îare
qu'il ne peut être compté comme cause normale des seiches,
mais il est incontèstable qu’il est au nombre des causes possibles.
L’éboulement de la montagne peut être la cause de mouvements du
lac de deux manières, ou bien par la chute même de la montagne dans
le lac, ou bien par l’ébranlement de l’air, par le coup de vent, analogue
au vent de l’avalanche, causé par un éboulement dans le voisinage du
lac.
La description suivante d’un épisode de 1 éboulement du Rossbeig,